Je ne sais pas très bien à quoi je m’attendais en acceptant ce rendez-vous et en m’y rendant mais le moins que je puisse dire, c’est que je passe une bonne soirée et que je n’ai aucun regret. Seo Jin et moi sommes très différents l’un de l’autre et pourtant le courant passe bien, au point qu’on veuille se revoir mais aussi de plaisanter sur le fait qu’il veuille peut-être me caser avec son frère. Une chose est sûre, nous ne sommes pas faits l’un pour l’autre. Pas amoureusement parlant. Il n’y a pas non plus de tensions sexuelles entre nous. En revanche, c’est une belle amitié qui est en train de naitre. C’est comme ça que je le sens parce que je me sens bien avec lui. Peut-être que l’étrangeté de ce restaurant y est pour quelque chose. Ça nous a rapidement rapproché.

Nous nous sommes rapprochés mais pas au point que je me décide à me confier sur mes tourments sentimentaux, en particulier sur le fait que je sois perdu vis-à-vis de celui qui est sensé être mon meilleur ami. C’est encore trop tôt pour moi d’évoquer Cheng mais peut-être que je le ferais lors de notre prochain rendez-vous. Surtout si le courant continuer de passer aussi bien entre nous.

De son côté, il répond sans détour à mes questions, bien qu’elles soient indiscrètes et délicates. Il me parle de ses relations tendues avec ses parents qui l’ont mis à la porte de chez eux. En l’entendant, j’ai de la peine pour lui. On fait tous des erreurs et nos proches, surtout nos parents devraient être ceux qui nous soutienne quoi qu’il arrive. Je dis ça et j’y crois même si je ne sais pas encore comment réagiraient mes parents en apprenant pour Cheng et moi…

J’écoute son histoire alors que mille et une questions se pressent dans mon esprit. En l’espace de deux heures, sa vie a complètement été chamboulée. Je ne connais pas encore tous les détails mais je sais une chose, il est face à moi et il me fait l’effet de quelqu’un de terriblement courageux.
« Mais comment tu t’en es sorti ? Ton frère t’a hébergé ? Ou alors ce sont des amis ? Et maintenant ? Tu as ton propre appartement ? »
Je le presse de questions, curieux et inquiet parce que le temps d’un repas, je me suis attaché à lui.

Ce serait mentir que de dire que la situation dans laquelle tu t’étais retrouvé ne t’avait pas totalement chamboulé. Combien de nuits t’étais-tu retrouvé à douter ? Combien de nuits encore allaient venir, dans ce même accabi ? « Mais comment tu t’en es sorti ? Ton frère t’a hébergé ? Ou alors ce sont des amis ? Et maintenant ? Tu as ton propre appartement ? » Les questions de Tao sont légitimes. Un sourire légèrement triste s’accroche à tes lèvres, alors que tu réfléchis rapidement à ta réponse. « Mmh .. Oui, c’est Myung Soo, mon frère, qui m’a hébergé … Et qui m’héberge encore. » expliques-tu, calmement. « Au début … Je voulais pas l’embêter avec Haena. J’avais .. honte, quelque part ? Pas d’elle, mais de moi. Je savais pas quoi faire, je voyais pas comment gérer la situation. Je suis allé voir quelques potes, mais en voyant la petiote … Ils m’ont tous claqués la porte au nez ? » Sans doute que tu ne savais pas toujours convenablement t’entourer. « Puis … C’est vrai qu’il y avait d’autres gens que je n’avais pas envie d’embarasser avec ça non plus. » souffles-tu. Sun en était l’exemple parfait. « Mais bon .. Je sais qu’il faudrait que je me trouve un appart mais … Faut que je mette un peu d’argent de côté, quand même et que .. Je m’adapte à tout ça ? » Tu finirais bien par y parvenir, non ? (Peut-être que tu serais, malgré tout, un peu plus lent que d’autres.)

« Ça te dit qu’on aille régler et qu’on sorte un peu dehors ? » finis-tu par demander, après avoir terminé ton dessert. Ça te ferait sans doute un peu de bien de bouger - et peut-être qu’il allait falloir, malgré tout, que tu songes à retourner à ta vie. (Est-ce que l’instant suspendu que vous aviez partagé ne commençait pas à tirer à sa fin ?)
Quoi qu’il en soit, tu te lèves, pour aller payer ta part. Tu laisses l’acteur régler de son côté, pousses une dernière fois la chansonnette, amusé, avant de quitter l’établissement. « Ahalala, c’était un sacré resto quand même ! » t’exclames-tu, une fois dehors. « Je ne sais pas comment les autres ont trouvé ça mais … C’était une bonne expérience ? »