La nuit était tombée, il était déjà assez tard lorsque Myung Soo rentra du travail. En ce moment, il accumulait les affaires et la pile de dossiers sur son bureau ne semblait pas devenir plus petite, au contraire. Voilà pourquoi le jeune homme rentrait souvent tard, ces jours-ci et, parfois, il lui arrivait même de continuer à travailler chez lui, ne s’octroyant alors que quelques petites heures de sommeil. Il savait que ce n’était pas sain et qu’il ne pourrait pas tenir ce rythme éternellement, même avec tous les cafés du monde, mais pour l’heure, ça allait. Evidemment, il veillait quand même à prendre au moins une soirée par semaine pour vraiment se reposer et pour se déconnecter du boulot une fois rentré. Même s’il n’avait guère droit au calme pour autant puisqu’il hébergeait toujours Seo Jin et son bébé. Et un bébé, ça pleurait parfois très fort et longtemps. Peut-être était-ce aussi l’une des raisons pour lesquelles il préférait rester au bureau plus longtemps. Au moins, il pouvait s’y concentrer. Quoiqu’il en soit, lorsqu’il entra dans l’immeuble qui abritait son appartement, il se surprit à se demander s’il croiserait le mignon agent d’entretien, celui qui travaillait souvent jusqu’à tard aussi, celui qu’il croisait souvent à son étage, voire devant sa porte. Oui, il était mignon et il faisait bien son travail, il semblait consciencieux. La plupart des gens avaient probablement tendance à l’ignorer ou à le dénigrer, le dévaloriser parce qu’il faisait un tel travail ingrat. Mais pas Myung Soo. A ses yeux, aucun travail n’était dévalorisant tant qu’il était fait dans la légalité et tant qu’il permettait aux personnes concernées de gagner leur vie honnêtement.

Il s’était souvent demandé comment quelqu’un comme ce jeune homme s’était retrouvé là. Un jour, peut-être, il lui poserait la question, bien qu’elle soit totalement indiscrète. Et ce soir-là, il pleuvait pas mal. En pleine saison des pluies, c’était normal. Mais ça voulait dire que ce pauvre agent d’entretien aurait encore plus de travail. L’avocat prit l’ascenseur jusqu’à son étage et lorsqu’il en sortit, il aperçut la personne à laquelle il pensait. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres, alors qu’il approchait de lui. « Bonsoir ! » Il le saluait toujours, c’était la moindre des choses. Et parfois, un simple bonjour ou bonsoir, couplé d’un sourire, pouvait égayer la journée de quelqu’un. Il lui adressa donc un sourire avant de rentrer chez lui et de se déchausser. Il faut accueilli par ses chats, mais Seo Jin ne semblait pas là. Aurait-il droit à une soirée calme ? Ça en avait tout l’air. Aussitôt, Myung Soo se dirigea vers la cuisine pour commencer à préparer à manger. Il avait une petite idée derrière la tête, idée qui le fit bêtement sourire sans qu’il ne sache véritablement pourquoi. Il opta pour quelque chose d’assez simple et rapide, mais délicieux. Des nouilles sautées avec des légumes, ainsi que de la viande grillée sur le côté. Ça sentait très bon et donnait l’eau à la bouche de Myung Soo qui était affamé après cette longue journée.

Mais avant…il se dirigea vers la porte pour l’ouvrir, tombant presque nez-à-nez avec l’agent d’entretien. Ce qui le fit légèrement rougir. « Oh, désolé ! Je ne pensais pas que vous étiez si proche… » Il se sentait un peu con, mais il n’allait pas en mourir. « Dites… il pleut beaucoup dehors, il commence à se faire tard et…je suppose que vous n’avez pas encore mangé ? Je sais que vous avez bientôt terminé, alors…est-ce que ça vous dirait de venir manger chez moi ? J’ai sans doute cuisiné pour une armée, ce serait dommage de gâcher tout ça ! » Mais bien sûr. Il savait exactement ce qu’il faisait quand il s’était mis aux fourneaux. Il espérait que le jeune homme accepterait.

(( ootd )) Courbé, tu t’acharnes. Tu t’appliques à nettoyer le sol sous tes pieds. Tout au fond, par-dessus le bruit de l’aspirateur, tu entends la pluie. Elle semblait s’abattre avec violence.
Est-ce que tu devais attendre un peu ? Est-ce que tu devrais continuer de toute astiquer jusqu’à ce que la pluie cesse ? Est-ce que tu devais rentrer sous la drache battante ? Peut-être que tu finirais par ne plus avoir le choix (de toute manière, tu n’allais pas dormir dans les couloirs).

Un bonsoir joyeux te tire de tes rêveries. Un sourire s’accroche doucement à tes lèvres, tandis que tu salues le jeune homme. « Bonsoir. » souffles-tu, amusé. Il avait quelque chose qui réchauffait l’âme. Le brun, dont tu ne connaissais le nom, se glisse à l’intérieur de son appartement, tandis que tu retournes à tes occupations. Tu l’aimais bien, quelque part. Tu l’appréciais, parce qu’il était différent des autres. Il n’était pas le seul en son genre, heureusement. (Ou du moins, pas totalement.) Il semblait faire parti de ceux qui ne te prenaient pas pour un moins que rien. Pas que tu aies l’impression d’avoir une quelconque réelle valeur non plus, mais il ne semblait pas totalement dégoûté par ta présence dans les communs de son immeuble. Loin de là, même.

Encore quelques mètres de nettoyage et … voici que la porte qui s’était fermée quelques instants plus tôt s’ouvre à nouveau. « Désolé, je n’avais pas entendu la porte non plus. » articules-tu, alors que tu t’écartes un peu de son paillasson.
Quelque part, tu pensais que ça allait en rester là. Qu’il allait sortir ou tu ne sais quoi, continuer sa vie. Pourtant, les paroles qui sortent d’entre ses lèvres te surprennent. Est-ce que tu n’avais pas encore mangé ? Oui. Est-ce que tu avais bientôt terminé ? Il le savait. Est-ce que tu voulais venir manger chez lui ? Manger chez lui. « Vous m’espionnez ? » demandes-tu, espiègle. Est-ce qu’il surveillait tes horaires ? Avec d’autres, tu aurais pu te méfier, mais quelque chose au fond de toi te soufflait qu’il ne le faisait pas pour de mauvaises raisons. « Mais c’est vrai que j’ai bientôt fini et non, je n’ai pas encore mangé. » confirmes-tu, tout en glissant une main dans tes cheveux, pour vainement les rabattre en arrière. « Vous êtes sûr ? » vérifies-tu tout de même. Est-ce qu’il ne t’avait pas confondu avec quelqu’un d’autre ? Est-ce qu’il ne t’avait pas pris pour un voisin perdu ? (Tu n’étais que l’employé de ménage, après tout.) « Mais je peux hum … Terminer le couloir, ranger, et revenir ? » A quoi tu jouais ? Est-ce que c’était une bonne idée ? Est-ce que ça lui laissait le temps de réfléchir un peu à ce qu’il te proposait, et fermer sa porte à triple tours ? Tu ne lui en voudrais pas, tu comprendrais.
Alors, pourquoi est-ce que tu te sentais toute chose alors que tu terminais ton travail ? Pourquoi est-ce que tu étais presque content de ranger le matériel ? (Peut-être parce que ça brisait la monotonie.)

Pourquoi diable est-ce que tu ne t’étais pas enfui ? Une saucée était peut-être préférable à la situation dans laquelle tu semblais enclin à te mettre actuellement. Ton poing vient doucement toquer à la porte. Tu te déchausses dans l’entrée de l’appartement, sembles presque hésiter, soudainement. Un peu plus, lorsque tes prunelles se déposent sur des jouets d’enfant. Parce qu’il était vrai qu’il y avait l’autre. Le blond que tu avais déjà croisé quelques fois. Pas vraiment plus désagréable, juste un peu différent. L’air un peu dépassé, ou apte à une catastrophe non maîtrisée. Pas vraiment méchant, plutôt poli, lui aussi.
Allons donc. Pourquoi est-ce que le brun t’avait invité ? Tu ne l’imaginais pas vraiment comme ça. Et toi, surtout, tu réalisais soudain que tu n’étais sans doute pas à ta place. « Vous formez une jolie famille avec votre … partenaire ? » Et leur fille. Est-ce que le brun s’ennuyait ? Est-ce que la vie de famille ne lui contenait plus ? Est-ce que son couple le lassait ?
Était-ce pour ça qu’il t’invitait ?
Tu n’étais pas non plus totalement fou.
Peut-être que tu ferais bien de revenir à la réalité. Tu n’étais que l’homme de ménage.
(Tu en étais blessé, sans doute, un peu.) Lassé d’être, une fois de plus, considéré comme quelque chose sur laquelle se défouler.

Il était vrai qu’une telle invitation pouvait sembler étrange, surtout venant de quelqu’un avec qui on n’avait échangé que de simples politesses jusqu’à présent. Mais cela faisait un moment que Myung Soo avait envie d’en savoir plus sur ce jeune homme qu’il croisait quasiment tous les jours, ce jeune homme qui travaillait dur pour que l’immeuble soit toujours propre, alors que la plupart des résidents ne lui prêtaient pas la moindre attention. C’était un peu triste, en vrai. Myung Soo, en tout cas, appréciait son travail et il espérait toujours pouvoir un peu égayer ses journées, si ce n’est qu’avec un simple bonjour et un sourire sincère. Finalement, l’avocat avait donc décidé de franchir le pas et d’inviter le jeune homme à manger chez lui. Il était seul, ce soir, autant en profiter. Il ne s’était cependant pas attendu à cette question et il se sentit aussitôt gêné, peut-être même que ses joues se tintèrent légèrement de rouge. « Je…Non ! C’est juste que vous êtes souvent là quand je rentre, alors… » Le voilà qui tentait bêtement de se justifier. Il avait l’air idiot, là, non ? Il s’attendait déjà presque à prendre un refus, mais son interlocuteur semblait intéressé malgré tout. Il lui demanda même s’il était sûr. Myung Soo hocha la tête, un petit sourire aux lèvres. « Evidemment que je suis sûr ! Et bien entendu, vous pouvez finir avant. Je ne voudrais pas vous empêcher de faire votre travail correctement. Alors… à tout à l’heure ! » Après un nouveau petit sourire, il referma donc la porte et commença à tout préparer en attendant.

Le temps semblait long, tout à coup. Et pourquoi Myung Soo se sentait aussi nerveux ? C’était idiot. Ou pas ? Parce que ce jeune homme lui plaisait, en réalité. Il ne savait pas expliquer pourquoi, mais quelque chose lui donnait envie d’apprendre à le connaître et il lui avait clairement tapé dans l’œil. C’était totalement inhabituel pour l’avocat qui, après une grosse déception, avait pourtant juré de ne plus se laisser avoir. Mais chacun était différent et ça ne coûtait rien de passer une soirée en compagnie de quelqu’un qui l’intéressait potentiellement. Cela lui permettrait de confirmer ou d’infirmer ses impressions. Finalement, c’était tout bénéf ! Son cœur loupa un battement lorsqu’il entendit toquer à la porte. Il était là ! Il se dépêcha donc d’ouvrir et d’inviter le jeune homme à entrer. « Bienvenue chez moi ! » Ses chats firent les curieux en venant voir qui osait s’introduire chez eux avant de partir se cacher en voyant qu’il s’agissait d’un inconnu. Myung Soo lâcha un petit rire. « Ils finiront par sortir plus tard, ne vous en faites pas. Enfin… vous n’êtes pas allergique aux chats, au moins ? » Quel idiot. Il n’avait même pas demandé avant. Et puis, son invité prit la parole et autant dire que Myung Soo crut qu’il allait s’étouffer avec sa propre salive. Quoi ? Une jolie famille avec son partenaire ? Evidemment, il n’avait pas du tout songé au fait que vu de l’extérieur, Seo Jin et lui pouvaient très bien avoir l’air d’un couple. Oh mon dieu. Quelle horreur !

Myung Soo finit par éclater de rire, sans doute aussi pour évacuer la gêne du moment. « C’est gentil, mais ce n’est pas mon partenaire. C’est mon frère. » Il se remit à rire avant de continuer sur les explications. « Il n’avait nulle part où aller avec sa fille, alors j’ai proposé de les héberger le temps qu’ils trouvent autre chose. » Au moins, les choses étaient claires maintenant, non ? « Ils ne sont pas là, ce soir. On va pouvoir dîner tranquillement. » Et dans le calme. Mine de rien, ça ferait du bien. « Kang Myung Soo, enchanté. » Il tendit la main à son interlocuteur, un sourire timide aux lèvres. Après tout, ils n’avaient pas encore eu l’occasion de se présenter avant.

(( ootd )) Est-ce que tu devrais te méfier ? Est-ce que tu devrais t’inquiéter de ton éventuelle destinée ? Est-ce qu’il t’épiait ? Est-ce qu’il surveillait tes allées et venues ? Tu étais souvent là lorsqu’il rentrait. Un sourire léger éclaire tes lippes. « C’est vrai .. » concèdes-tu. Tu préviens tout de même que tu allais terminer ton travail avant de t’inviter chez lui, avant de prendre, pour quelques minutes, congé. Période pendant laquelle tu ne peux t’empêcher de te demander si tu n’allais pas tout bonnement te faire trucider.

Est-ce qu’il n’allait pas regretter ?
Pourtant, tu finis par toquer à sa porte. Tu finis par voir cette porte s’ouvrir une nouvelle fois. Le brun ne te chasse pas tel un matou de gouttière : au contraire, il te laisse même entrer. Deux autres minous – bien réels, cette fois-ci – pointent également le bout de leur nez, avant de s’enfuir en réalisant que tu étais un inconnu - ou bien le fou furieux à l’aspirateur (tu ne connaissais leur point de vue). « Non, je n’y suis pas allergique. » Sauf si tu n’étais pas au courant, mais ce n’était, normalement pas le cas. « J’imagine que le fait d’être toujours le gars bruyant derrière la porte ne doit pas non plus jouer en ma faveur .. » énonces-tu avec un léger sourire. Tu n'y pouvais pas grand-chose, cependant. Tu préfères te faire, d’une certaine manière, curieux. Avant que les chats ne t’apprécient, tu voulais savoir dans quelle situation est-ce que tu mettais les pieds. Est-ce que le garçon était fatigué de son actuelle relation ? Est-ce qu’il était à la recherche d’un nouveau passe-temps, de quelque chose de plus amusant que des couches et des jouets d’enfant ?
Le rire qui s’échappe d’entre ses lèvres t’intrigue, un instant. C’était son frère. « Ah ! » Tes épaules se détendent, pendant que le jeune homme continue ses explications : le plus jeune n’avait nulle part où aller avec son enfant, alors, il les avait hébergés. « Oh ? Je comprends. » réponds-tu, sans forcément oser creuser le sujet – pour le moment. En tout cas, tu n’aurais pas l’occasion de confirmer les faits avec les deux autres : ils s’étaient absentés pour la soirée. Tu hoches doucement la tête, sans savoir s’il s’agissait-là d’un heureux hasard ou d’un véritable coup monté. (Il fallait que tu t’apaises : tu avais sans doute vu trop de cinglés avec ton ancien métier, et voilà que ça risquait de déteindre sur la soirée.)

« Shim Sehyeon ! » répliques-tu, lorsqu’il t’énonce son nom. Tu réponds à la poignée de mains, sans trop hésiter. « Enchanté également. » souris-tu, tout en t’inclinant un instant. « Est-ce qu’on peut se tutoyer ? » demandes-tu, espérant sincèrement que sa réponse serait positive. L’inverse ne rendrait la situation que plus étrange encore, et sans doute que tu finirais par prétexter un coup de fil urgent pour décamper. « En tout cas … Merci beaucoup pour l’invitation ? J’avoue que c’était plutôt … inattendu. » oses-tu. (Est-ce qu’il t’avait invité juste à cause de la météo, ou est-ce qu’il nourrissait d’autres desseins que celui-ci ?) Tu espérais tout de même que la pluie finisse par se calmer, mais ça ne te déplaisait pas non plus d’être ici. « Tu veux que je t’aide à quelque chose ? » demandes-tu, alors que tes prunelles essaient de capter ce qu’il pouvait éventuellement manquer à la scène qu’il avait ainsi installé. « Tu travailles dans quoi ? Si je peux me permettre ? » Doucement. Il allait finir par se croire au beau milieu d’un interrogatoire. Est-ce que tu te faisais bavard ? Ce n’était pas non plus comme s’il t’avait demandé d’être totalement silencieux jusqu’à la fin de la soirée.

Myung Soo émit un léger soupir de soulagement en apprenant que le jeune homme n’était pas allergique aux chats. Cela aurait été vraiment fâcheux. « Mais non ! Ils ont certes peur de l’aspirateur, mais ce n’est pas contre vous. Ils sont comme ça avec toutes les personnes qu’ils ne connaissent pas. » Il sourit doucement, certain que ses boules de poils finiraient par sortir de leur cachette et peut-être même par adopter le jeune homme d’ici la fin de la soirée. On n’était jamais au bout de ses surprises avec ceux-là. Et puis, petit moment de malaise, de gêne, même si Myung Soo rit lorsque son interlocuteur crut que Seo Jin et lui étaient un couple. Il comprenait évidemment pourquoi il aurait pu penser ça, mais c’était clairement gênant quand même. « Et ça ne vous aurait pas dérangé si j’étais…en couple avec un homme ? » Pardon ? C’était quoi, cette question ? Est-ce qu’on posait réellement ce genre de questions quand on venait de rencontrer quelqu’un ? Probablement pas. Myung Soo se sentit légèrement rougir. En réalité, il n’avait pas vraiment réfléchi, il voulait juste savoir si ce mignon jeune homme pouvait potentiellement être intéressé. Bon sang. Ce n'était pourtant pas du tout le genre de l’avocat de vouloir faire du charme à quelqu’un. S’il le faisait, c’était généralement de façon totalement inconsciente. Mais là…il était clair qu’il était intéressé. Quel idiot. Mais d’un autre côté, n’était-ce pas positif ? Cela voulait dire qu’il était enfin prêt à passer à autre chose, à rencontrer quelqu’un d’autre et à ne plus se laisser bouffer par son ancienne peine de cœur.

Vint le moment des présentations et il fut content d’enfin pouvoir mettre un nom sur ce doux visage. « Bien sûr qu’on peut se tutoyer ! Ce sera plus simple, plus convivial. » Ils semblaient avoir à peu près le même âge, de toute façon. Non ? Myung Soo fronça légèrement les sourcils et fixa peut-être un peu trop Sehyeon en tentant de déterminer son âge – le tout sans s’en rendre compte. « Et euh…je peux te demander ton âge ? » Et puis, en Corée du Sud, l’âge était quelque chose d’important en termes de hiérarchie, même si le jeune homme avait toujours trouvé ça assez ridicule. Il était évident qu’il fallait respecter les personnes beaucoup plus âgées que soi, mais quelqu’un d’à peine plus âgé ? De plus, il devait y faire très attention dans le cadre de son travail et c’était parfois clairement chiant. Mais c’était comme ça. « Pas besoin de me remercier, ça me fait plaisir ! » Il sourit de façon sincère avant de secouer doucement la tête. « C’est gentil, mais tout est déjà prêt. Viens, installe-toi ! » Il le guida jusqu’à la salle à manger et la table qu’il avait pris le temps de dresser en attendant que Sehyeon finisse le travail. « Je suis avocat. » Il était fier de ce qu’il faisait, fier de son parcours, même si ça n’avait pas été facile tous les jours et que ça ne l’était toujours pas, même s’il travaillait parfois jusqu’à tard. « Donc si jamais tu as besoin d’un avocat un jour, n’hésite pas ! Bien sûr, j’espère que ce ne sera jamais le cas… » Il rougit légèrement et préféra aller chercher les plats pour masquer son embarras. Il se sentait con d’avoir dit ça, même s’il ne savait pas trop pourquoi.

Il posa le plat de nouilles et de viande au milieu de la table, afin que chacun puisse se servir à son aide. Il apporta aussi du kimchi car un repas sans kimchi, ce n’était pas possible. « Tu veux boire quoi ? J’ai du soju, du vin, je dois aussi avoir de la bière qui traîne par là, du jus de pommes ou simplement de l’eau si tu préfères. » Après tout, tout le monde n’aimait pas boire d’alcool en mangeant ou tout court. Myung Soo buvait un petit verre de temps en temps, mais ça s’arrêtait là.

(( ootd )) Les chats avaient peur de l’aspirateur que tu passais à chaque fois, certes. Mais ce n’était pas contre toi. Le garçon ajoute qu’ils étaient ainsi avec tous ceux qu’ils ne connaissaient pas. « Je ne le prends pas trop personnellement alors .. » souffles-tu, avec un léger sourire.
Pour autant, il y avait, à tes yeux, plus important. Est-ce que l’homme face à toi était en couple ? (Avec un gamin, en plus de ça ?) Est-ce qu’il s’ennuyait tant qu’il avait décidé de s’amuser un peu avec toi ? Après un léger moment de malaise, le brun finit par te rassurer : c’était simplement son frère, qui vivait ici avec sa fille, le temps de trouver où aller. Voilà que tu étais, quelque part, rassuré. (Certes, ça n’arrangeait pas forcément ton cas, mais tu n’avais nullement envie de te retrouver au milieu d’un adultère compliqué.)

« Et ça ne vous aurait pas dérangé si j’étais…en couple avec un homme ? » Mmh. « Ça dépend. » réponds-tu, légèrement joueur sur l’instant. Tes lippes s’étirent un peu plus en constatant qu’il rougissait à ses propres paroles. (Est-ce que c’était vraiment le moment ?) « Les gens aiment bien qui ils veulent, du moment que les parties prenantes sont consentantes. » C’était là ton plus simple avis. « Mais si vous aviez été en couple, là, tout de suite … Modulo vos intentions en m’invitant manger … Peut-être que ça m’aurait dérangé. » Parce que tu n’étais pas tellement certain de vouloir jouer sur ce tableau. « Pourquoi ? » oses-tu malgré tout, en penchant la tête sur le côté, légèrement taquin. Loin de toi l’envie de le mettre mal à l’aise : tu voulais juste l’embêter un petit peu.

Tu proposes alors au garçon de le tutoyer, chose qu’il ne tarde à accepter. « Vingt-six ans … Jusqu’au 5 août. Après, il parait que je prends un balai de plus. » réponds-tu, lorsqu’il te demande ton âge. « Et toi ? » Il te semblait un poil plus âgé, mais tu préférais tout de même vérifier.

Toutefois, est-ce que tu allais simplement mettre les pieds sous la table ? Est-ce que tu ne pouvais pas l’aider un peu, au moins à mettre deux assiettes ou quelque chose comme ça ? Tout était déjà prêt. Aish. Est-ce que tu avais mis tant de temps à finir ton boulot, ou est-ce qu’il avait déjà planifié son coup ? Néanmoins, tu ne dis rien, et te contentes de le suivre jusqu’à la table qu’il avait préparé.
Incertain de vouloir laisser s’installer le silence, tu te montres curieux quant à son occupation. Avocat. Tu hoches la tête, doucement. « Classe ! » souris-tu, avant de rire lorsqu’il t’énonce que, si tu avais besoin d’un avocat, tu pouvais faire à lui … Bien qu’il espérait que ce ne soit jamais le cas. Et à nouveau, ses joues se teintent d’un adorable rose. « Tu espères que je n’aies jamais besoin d’un avocat, ou jamais besoin de toi ? » Est-ce que tu ne devrais pas apprendre à te taire, cinq minutes ? Pourquoi est-ce que ça te semblait important de pointer ce genre de détails, hein ? D’ailleurs, le brun s’échappe en direction de la cuisine. (Peut-être que tu ferais bien de ne pas trop essayer de le pousser.) Et s’il s’en agaçait ? Sur l’instant, tu réalises qu’il était parfaitement en position de te faire virer, comme bon lui semblait.

Un plat de nouille arrive, très vite suivi de viande et de kimchi. « T’es sûr que tu ne veux pas d’aide ? » demandes-tu quand même. Le brun semblait parfaitement capable de se débrouiller comme un grand, mais tu étais embêté de te laisser autant porter.
Myung Soo te demande ce que tu voulais boire. « Mmh … La même chose que toi, pour le premier verre ! Après .. Je pense que je m’accommoderais très bien de l’eau pour la suite. » proposes-tu, après quelques secondes de réflexion. « Faudrait quand même que je tienne sur mon vélo … Et que j’évite de me faire arrêter bourré .. » Ça ferait tâche, sinon. Le gars face à toi ne semblait pas du genre à se mettre des cuites pharamineuses, cela dit, mais pour l’instant, tu préférais ne pas trop te fier aux apparences.

« Je te sers ? » proposes-tu finalement, après que vous vous soyez installés autour de la table. Est-ce que tu ne marchais pas là sur quelques conventions ? Sans doute. Ce ne serait pas la première fois que tu faisais les choses de travers – et certainement pas la dernière. Quoi qu’il en soit, après que chacun soit servi, tu souhaites un bon appétit, avant de commencer à savourer ce que Myung Soo avait préparé. « C’est super bon ! » t’exclames-tu finalement, sincère. « Tu as tout cuisiné toi-même ? » t’enquiers-tu. Est-ce que tu avais face à toi un fin cuisinier, ou un fin sélectionneur de plats préparés ? « Et alors … Tu es avocat, tu vis avec ton frère et sa fille, .. Tu fais partie des gens les plus polis et aimables que je croise au boulot .. Mmh .. Qu’est-ce que je devrais savoir d’autre sur toi ? »

Myung Soo n’aurait certainement pas cru avoir une telle conversation avec un presque inconnu et pourtant. Il avait envie d’en savoir plus sur lui, lui qui avait un visage et une silhouette si familiers qu’il voyait presque tous les jours, mais qu’il ne connaissait pas pour autant. Mais ce soir, il comptait bien y remédier ! Il haussa les épaules. « Je veux juste savoir à quel genre de personne j’ai affaire. On n’aime pas l’intolérance par ici. » Il sourit doucement, rassuré par les paroles de son interlocuteur. Myung Soo avait réellement envie d’en savoir plus sur lui et, si cette soirée se passait bien, de le revoir ailleurs que sur son palier. L’une des premières choses qu’il apprit donc au sujet du jeune homme fut son âge et la certitude qu’il était plus jeune. « Je suppose que tu peux m’appeler hyung alors… J’ai 30 ans. » Il rougit légèrement à ses propres paroles sans trop savoir pourquoi. Il n’était pas anormal d’appeler quelqu’un de plus vieux ainsi, mais peut-être que c’était un peu trop familier pour le moment ? « Evidemment, je ne t’oblige à rien ! »

Sehyeon semblait être quelqu’un d’assez taquin, ou alors… était-il en train de flirter avec Myung Soo ? Ce dernier n’aurait su le dire, il n’était tellement pas doué pour ces trucs-là et il n’avait pratiquement aucune expérience dans le domaine, malgré son âge. Mieux valait ne rien dire à ce sujet pour le moment, cependant. Et puis, si ça se trouvait le jeune homme n’était pas du tout intéressé par Myung Soo, du moins, pas comme Myung Soo était intéressé par lui. « Si tu as besoin de moi, tu peux m’appeler à n’importe quelle heure…même si ça n’a aucun lien avec mon travail. » Il sourit timidement avant d’attraper quelque chose un peu plus loin pour le glisser vers Sehyeon. Sa carte de visite. « Toutes les informations sont là ! » Mais il était temps de manger et Myung Soo s’occupa évidemment de tout, bien que ça semblait déranger son invité de ne rien faire. « Tu es mon invité, alors laisse-moi m’occuper de toi. » Dit comme ça, ça pouvait vouloir dire plein de choses, mais Myung Soo était bien trop innocent pour en saisir l’éventuel sens caché. Dans tous les cas, une fois que tout fut sur la table, il s’installa enfin et ils pouvaient commencer à manger. Mais non sans un petit quelque chose à boire. Myung Soo décida d’ouvrir une bouteille de vin et de les servir tous les deux. C’était une occasion spéciale, après tout ! « Ne t’en fais pas, si tu bois trop, mon canapé sera ravi de t’accueillir. » Seo Jin occupait la chambre d’amis, il n’y aurait donc pas d’autre choix. Sauf le lit de Myung Soo…Bon sang ! A quoi pensait-il, tout à coup ? Rougissant fortement, il tourna un instant la tête pour tenter de se reprendre. Il n’avait pourtant pas encore bu une seule gorgée de vin. « Sinon, je pourrais très bien te ramener en voiture ou te commander un taxi. Il y a une solution pour tout, ne t’inquiète pas et profite de la soirée ! »

Il sourit doucement, sourire qui s’agrandit aux compliments de Sehyeon quant à sa cuisine. « Oui, c’est moi qui ai tout préparé. Ravi que ça te plaise ! » Et le voilà qui rougissait à nouveau aux compliments de l’autre. « C’est vrai… ? Eh bien, merci. Tu es plutôt aimable aussi, tu sais. » Sérieusement ? Quel nul, vraiment ! Il aurait pu se facepalmer si ça ne le ferait pas passer totalement pour un fou. « Tu n’as pas envie de le découvrir petit-à-petit ? » Sérieusement ? Qu’est-ce qui ne tournait pas rond chez lui ? Il avait clairement envie de se cacher au fond d’un trou. « Je… joue un peu de piano. Je peux te faire une démonstration tout à l’heure, si tu veux. A ton tour. Dis-moi quelque chose à ton sujet. »

(( ootd )) Myung Soo n’aimait pas l’intolérance. Un sourire doux se glisse sur tes lippes, devant une telle innocence. « Moi non plus … » murmures-tu, avant de retenir la suite de tes paroles. Toi non plus, tu n’aimais pas l'intolérance, mais parfois, vous n’aviez pas le choix. Parfois, il fallait accepter le monde tel qu’il était : fermé.
Allons, tu allais attendre un peu avant de le faire déprimer.
Tu préfères lui énoncer ton âge, et voilà que le garçon te propose de l’appeler hyung, avant de te donner son âge. Un sourire éclaire tes lèvres, alors que tu remarques qu’à nouveau, le rouge s’était glissé sur ses joues. « Hyung ? » relèves-tu, d’un air doucement taquin. « Ça me va. » réponds-tu, après qu’il ait ajouté qu’évidemment, il ne t’obligeait à rien.


« Si tu as besoin de moi, tu peux m’appeler à n’importe quelle heure…même si ça n’a aucun lien avec mon travail. » A n’importe quelle heure. Même si ça n’avait aucun rapport avec le travail. Est-ce qu’il était en train de flirter avec toi ? « Tu ne diras peut-être pas la même chose quand je t’appellerais à quatre heures du matin avec un cadavre à aller enterrer au fond d’un bois ! » plaisantes-tu. Est-ce que la blague était de mauvais goût ? Peut-être un peu. « Mais merci. » souffles-tu tout de même, en attrapant sa carte de visite entre tes doigts. « Promis, je ferais en sorte de ne pas t’appeler à n’importe quelle heure de la nuit. » Tu ne voyais pas très bien pourquoi tu aurais besoin de le faire - ou plutôt, tu espérais ne jamais avoir à te retrouver dans cette situation. « Tu veux mon numéro aussi ? Au cas-où que tu ais besoin que quelqu’un vienne passer l’aspirateur ? » (Finalement, peut-être que c’était lui qui allait t’appeler avec un corps à rouler dans un tapis.)
Il avait l’air doux, quand même.
Suffisamment pour ne pas t’appeler pour ce genre de conneries.


Le trentenaire s’affaire alors à préparer le repas. Est-ce que tu pouvais l’aider ? « Tu es mon invité, alors laisse-moi m’occuper de toi. » « Oh, okay ! » Est-ce qu’il réalisait seulement les sens que pouvaient avoir ses paroles ? Est-ce qu’il le faisait consciemment ? Tu avais du mal à envisager la seconde option, mais décides finalement de ne pas trop l’embêter.
Tu t’accordes avec lui sur la boisson : une bouteille de vin, que le garçon venait de déboucher. Est-ce que tu envisageais de l’aider à vider la bouteille : pas tellement, tu devais encore rentrer chez toi. Pourtant, son canapé serait ravi de t’accueillir. « Mmh. » marmonnes-tu, affichant malgré tout un petit sourire.
Ce n’était pas contre lui.
C’était même pour lui, mais tu tenais à rester seul lorsque tu dormais. Parce que tu connaissais tes démons. Parce que tu savais les cauchemars qui t’habitaient. Parce que tu ne voulais pas l’effrayer à te réveiller en hurlant, en sueur, tremblant, incapable de t’adonner à nouveau aux bras de Morphée. « Si on boit tous les deux, ce sera sans doute mieux que je prenne un taxi, non ? » Quand bien même ça ne réglerait pas le problème de ton vélo qui serait toujours ici. « Ce serait bête que tu perdes ton permis ou qu’il t’arrive quelque chose. » (Et tu secoues un instant la tête, avant que ne viennent t’assaillir de mauvaises pensées.)


Tu préfères te délecter des mets qu’il avait préparés. C’était délicieux. Est-ce qu’il avait tout préparé ? Le garçon te répond par l’affirmative, tandis que ses joues se parent d’un adorable rouge, à nouveau. Tu étais plutôt aimable aussi. Tu étais plutôt aimable, mais est-ce que tu n’avais pas envie de le découvrir, lui, petit à petit ? Ta tête se penche sur le côté, alors que tu commences à t’interroger sur ses véritables intensions en t’invitant ici. « On pourrait~ » énonces-tu. Est-ce que ça te dérangeait ? Pas le moins du monde. Est-ce que tu savais à quoi tu jouais ? (Peut-être que tu ferais mieux de prendre la fuite, avant que sa touchante innocence ne soit amochée.)


Il jouait un peu de piano. « Vraiment ? » demandes-tu. « Je serais ravi d’avoir une démonstration, oui ! Mais … Je ne vais pas te mentir, je n’y connais pas non plus grand chose. » Tu ne serais sans doute pas capable d’argumenter pendant des heures avec lui sur le sujet, mais tu restais curieux. « Mais j’ai tout de même envie d’écouter ? » Peut-être que ça t’apaiserait.


Qu’est-ce que tu pouvais lui dire à ton sujet ? « Mmh … C’est un peu moins classe que le piano mais … Je fais de la moto ? » énonces-tu. Pourquoi est-ce que tu lui sortais ça ? Depuis l’accident, tu n’avais jamais proposé à quelqu’un de venir faire un tour avec toi, que ce soit sur ton deux roues ou en auto. (Tu n’avais d’ailleurs jamais repris le volant de la moindre voiture, bien incapable de t’y glisser sans faire une crise d’angoisse.) « M’enfin, sinon, je suis quand même souvent à vélo. La moto … c’est mieux quand il fait beau. » Et pas lorsqu’il pleut des cordes comme en ce moment.


« Allez, à toi. » proposes-tu finalement, pour ne pas trop plomber le sujet. Tu viens reprendre une gorgée de vin, avant de l’interroger. « Pourquoi est-ce que tu as voulu devenir avocat ? Tu es spécialisé dans un domaine en particulier, d’ailleurs ? » demandes-tu. « Et hum … Tu rougis toujours un peu, lorsque tu invites des gens ici ? » oses-tu encore demander, conscient que ton petit interrogatoire franchissait peut-être quelques limites que la société vous avait un jour fixées.