Il y a une éternité...

Je ne travaille pas à l’atelier aujourd’hui et je sors tout juste d’un shooting particulièrement long et éprouvant. Le genre qui vous vide de votre énergie. Quoiqu’on faisait, le photographe n’était pas satisfait et c’est dans ce genre de moment que je suis content de ne pas faire ce job à plein temps. D’ailleurs j’ai besoin d’un café pour me détendre et profiter du reste de ma journée qui est déjà bien entamée.

Sans faire le difficile, je pousse la porte du premier établissement sur lequel je tombe et des cafés, ce ne sont clairement pas ce qui manquent dans cette rue. Il y a un peu de queue mais attendre ne me dérange pas. Au contraire, ça va m’aider à faire redescendre la tension que cette séance photo a provoqué chez moi. Je ressens encore un peu d’énervement et de frustration mais d’ici une petite heure, j’aurais retrouvé ma bonne humeur et si ce n’est pas le cas, je rentrerais jouer un peu de guitare pour me changer les idées.

La porte s’ouvre derrière moi et sur le moment, je ne prête pas attention au client qui se glisse dans la foule. Je suis plutôt occupé à extirper mon téléphone de la poche de mon jeans. En le faisant, je fais tomber un peu de monnaie sur le sol. Une pièce roule derrière moi et m’oblige à me retourner pour la ramasser. Lorsque je me relève, mon regard croise celui d’un homme dont le visage me parait familier. Je le dévisage longuement avant de lui demander :
« On se connait, non ? »
Un prénom me vient en tête mais si c’est lui, alors ça fait une éternité qu’on ne sait pas vu. D’ailleurs par anticipation, un sourire se dessine sur mes lèvres alors que je cherche dans les traits de son visage, ce garçon avec qui j’étais autrefois ami malgré nos différences.