A-t-il réellement muri ? Certains jours, il dirait que oui. Après tout, après l'accident avec Ha Jin et son départ, cela a créé un déclic chez Sung Hwan et depuis, il a évolué sur certains aspects de sa personnalité. Premièrement, il considère un peu plus l'avis et les opinions des autres. Il n'irait pas jusqu'à dire qu'il est devenu empathique, mais simplement qu'il est un peu moins égocentré sur sa personne et un peu plus attentif aux personnes qui l'entoure et qu'il apprécie. Il ressent énormément de culpabilité par rapport à sa petite sœur certes, mas il n’en reste pas moins gamin sur beaucoup d’aspect de sa vie. Il a beau être un adulte depuis pas mal de temps, être entré dans la vie professionnelle ne l’empêche malheureusement pas de se montrer encore un peu trop souvent au goût de son entourage, puéril. Agissant tel l’enfant gâté pourri qu’il a toujours été. Ce n’est pas pour rien qu’il a très longtemps marché dans le sens de ses parents, ce n’était évidemment pas sans rien avoir en retour. Très jeune il a vite compris que s’il ne s’opposait pas à eux, il avait ce qu’il voulait, sans réellement rien à avoir à fournir comme effort en contre parti, que d’être celui qu’ils attendaient de lui. Et au fond, ça lui convenait bien, il avait même fini par se convaincre que c’était ce que lui-même voulait. Jusqu’à ce qu’il commette l’irréparable avec sa cadette. Le changement ne s’est pas fait du jour au lendemain, mais aujourd’hui il la comprend, aujourd’hui, Sung Hwan n’est plus certain que le journalisme est ce qui est fait pour lui. Il avait simplement suivi les traces du paternel, travaillant comme rédacteur en chef pour le journal de ce dernier. Depuis quelques temps, l’homme qu’il est devenu se cherche, ne sachant pas réellement vers quoi se tourner dans l’optique d’une reconversion professionnelle. Il souhaite simplement s’éloigner le plus possible du schéma parental qu’il suivait aveuglément jusque-là.
S’éloigner de ses parents, couper le cordon comme on dit, voir même carrément couper les ponts -enfin pas encore totalement- ça implique aussi, de ne plus bénéficier de certains privilèges qu’il avait jusque-là, comme le personnel de papa et maman pour faire les tâches du quotidien à sa place. Oui, c’est à plus de trente ans que le rédacteur en chef d’un grand journal national, doit apprendre à se prendre en main.
Faire les courses est sans doute une des choses les plus simple et pourtant, il n’aime pas particulièrement ça. Le shopping, oui, les courses, non. Surtout parce que cela implique devoir se faire à manger lui-même et autant dire qu’il n’est pas très bon cuisinier. La plupart du temps, il n’a aucune idée de quoi faire, sans compter qu’avec son travail, il n’a pas réellement le temps non plus, alors il opte régulièrement pour des choses très simple et rapide, quand il ne décide carrément pas d’aller simplement manger au restaurant. Rien de tel que de se faire servir, et en plus, ça évite de devoir faire la vaisselle après. Clairement, il a encore un long chemin à faire pour devenir totalement indépendant et plus encore, descendre de son piédestal. Quoi qu’il en soit, il est tard, il vient tout juste de rentrer des bureaux du journal et il a très faim, n’ayant pas eu le temps de se restaurer dans la soirée. Le frigo est vide, et de toute façon, il a clairement la flemme de se cuisiner quoi que ce soit à cette heure. Heureusement qu’il y a toujours des petits supermarchés d’ouvert la nuit, pour les fringales nocturnes. Sunghwan renfile ses chaussures et se met en route, traversant le parc près de chez lui pour se rendre au 7 Eleven de l’autre côté de ce fameux parc. Main dans les poches, le regard perdu vers le ciel, observant les étoiles en cette douce nuit, il est perdu dans ses pensées, lorsqu’il percute quelqu’un, qu’il n’avait pas vu arriver dans sa direction.
– Pardon excusez-moi, je ne vous ai pas fait mal? La demoiselle aurait pu faire attention aussi, mais se sachant en parti fautif, il se montre une fois n’est pas coutume, plutôt poli. Lorsqu’il pose son regard sur la jeune femme en question, il la reconnait, sans pour autant la connaitre. Ce n’est pas la première fois que leurs chemins se croisent. Un sourire se dessine sur ses lèvres.
– On se croise à nouveau, je vais finir par croire que vous me suivez. Dit-il en plaisantant.