I don't know what to do...
ft @Beom Min Chul

The terror takes you. The cage is locked and the curtain drawn. Fingers dance along as blades, carving memories into your flesh that will leave scars long past being healed.

TW : détresse psychologique, gaslighting, abus psychologique & sexuel

OOTD || L’agence et son manager n’en avaient rien à faire de ses blessures qui s’ouvraient toutes, les unes après les autres, lui coupant le souffle, la rendant tremblante, lui embrouillant la vue… Depuis la fameuse nouvelle de ce projet de collaboration (tout droit sorti de son enfer personnel), ils trouvaient plutôt le moyen de lui reprocher ses caprices d’enfant gâtée. Elle n’avait pas porté plainte à l’époque (qui avait-elle écouté, croyez-vous ?), alors, ce devait être que la version des garçons était vraie, non ? Qui allait-on croire ? Une Chinoise (âgée de 17 ans, à l’époque) ou le petit groupe de trainees Coréens qu’elle accusait ? Les filles (surtout les étrangères) sont bonnes pour tout dramatiser, pour dire oui, puis changer d’avis et crier au loup… Pourquoi avait-elle eu honte de son choix ? Ils étaient loin d’être laids ! Les gens beaux n’ont pas besoin de passer par ce genre de moyens pour coucher avec une fille, c’est bien connu. Son manager avait vu l’état lamentable dans lequel ils l’avaient laissé… Il avait vu les marques, les ecchymoses, les couleurs qui balafraient son corps frêle. Plusieurs personnes l’avaient vu brisée… In Ho, le premier… mais heureusement pour lui, il n’était pas un idole de cette agence méprisable. Ses bandmates l’avaient vu et avaient fondu en larmes, s’excusant de ne pas l’avoir protégée, de ne pas avoir vu le mal s’approcher de leur maknae. Les rumeurs avaient rapidement circulées, les regards s’étaient posés sur elle… N’avait-ce pas été le scandale secret de l’agence, cette année-là ? Les avis avaient été divisés, certaines la croyant, d’autres prenant le parti des garçons. Xiao Mei avait mis sa carrière sur pause, afin de tenter de s’en remettre. Le retour à cette agence lui avait été impossible, ne supportant pas l’idée de pouvoir les croiser dans l’immeuble (puisqu’ils n’avaient jamais été punis et que personne dans le public ne connaissait cette histoire). On avait accepté de transférer son contrat à une agence soeur… toujours dans la même famille, mais au moins, elle ne devrait pas les rencontrer au détour d’un corridor.

L’idole avait frôlé la dépression lorsqu’elle avait appris que ceux qui avaient détruit sa vie… allaient finalement débuter. Leurs sourires arrogants la narguaient chaque fois qu’elle les voyait sur des affiches. Leurs voix la déchiraient chaque fois que leurs chansons jouaient à la radio. Les regrets de ne pas les avoir dénoncés… Les doutes à savoir si… au fond, elle ne l’avait pas cherché ? Puis, le retour violent à la réalité que non, elle ne l’avait pas cherché. On ne lui avait même pas demandé son avis. Pourquoi avaient-ils fait ça ? Était-ce parce qu’ils l’avaient vu dans les bras de Suji, sa petite amie secrète à l’époque ? Était-ce parce qu’ils étaient jaloux de voir une jeune étrangère trouver le succès alors qu’eux, ils étaient encore de simples trainees ? La violence des agressions avaient été traumatisante, la laissant dans la crainte des hommes pendant de longues années. Aujourd’hui encore, elle n’est pas toujours à l’aise avec ces derniers. Avec certains, tout va bien, mais il est vrai qu’il peut lui prendre quelques minutes avant de se détendre avec d’autres… Tandis qu’avec une poignée, jamais elle ne restera seule dans une pièce. Son manager le savait bien, il faisait parti de ces élus. Était-ce sa manière de se venger ? Que de lui imposer cette atroce idée, sous le couvert de ne faire que son travail ? On n’avait pas encore forcé Xiao Mei à être avec les garçons, mais ce n’était qu’une question de temps. Elle le savait. Après tout, on lui avait appris la chose que quelques petits jours auparavant. Cinq jours, pour être plus précise.

La Chinoise n’avait presque pas mangé, bu ou dormi… depuis cinq jours.
Ses journées passaient sans qu’elle ne les voit correctement, ses larmes brouillant sa vue en quasi permanence.
Son manager lui répétait de cesser son jeu d’actrice, elle était saoulante. Puis, elle devait penser aux fans qui se réjouiraient de cette collaboration entre leur chanteuse préférée et le groupe qui les faisaient toutes mouiller ! Xiao Mei avait envie de vomir - ou de le tuer - lorsqu’il disait des choses du genre.

La demoiselle était assise à l’arrière-boutique du Macaron glacé. Elle n’avait pas eu le coeur de rentrer chez elle et pleurer toute seule, en caressant son chat, pour changer. Son téléphone était mort, donc elle n’avait pas pu texter sa unnie pour la prévenir. Cette dernière n’était d’ailleurs pas là, lorsqu’elle était arrivée. C’était Min Chul qui l’avait accueilli (le pauvre). Sachant qu’elle était une amie proche de sa patronne (et qu’elle connaissait peut-être les lieux autant qu’eux deux), il l’avait laissé s’installer loin des regards curieux. Xiao Mei touillait son thé depuis une bonne dizaine de minutes, le fixant d’un regard vide comme s’il finirait par lui murmurer comment se tirer de cette vie de merde. Elle essuya ses larmes avec la manche de son haut et renifla bruyamment, après avoir entendu la porte s’ouvrir.

Oh… ce n’était que Min Chul… Ce n’est pas grave, elle l’aimait bien et ne se sentait pas en danger avec lui. Venait-il de fermer la boutique et allait-il lui dire de partir ? Quelle heure était-il ? Elle avait branché son téléphone, mais ne l’avait pas allumé encore. Ça lui avait complètement sorti de la tête.

-« Ah… Je n’ai pas encore texté unnie… pardon… » admit-elle, forçant un sourire qui n’était pas convaincant. « Je… Désolée… vaudrait peut-être mieux que je parte… » ajouta-t-elle en baissant les yeux, sa voix craquant un peu malgré ses efforts.

Elle pencha la tête, laissant ses cheveux cacher ces larmes rebelles qui osaient encore couler !

-« Je… eh… Tu peux me laisser quelques minutes encore ? S’il-te-plaît ? » tenta-t-elle, lui indiquant que son téléphone chargeait toujours.

L’idole n’attendrait pas que la batterie soit à 100%, mais qu’elle soit suffisamment chargée pour une conversation avec… n’importe qui qui pourrait la calmer serait idéal.

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OOTD || Était-elle ingrate ? Était-elle trop dramatique ? Le problème venait-il vraiment d’elle ? Après tout, de nombreuses années s’étaient écoulées… Elle n’avait plus 17 ans… Avaient-ils raison à son sujet ? Finalement, ne l’avait-elle pas cherché (ne serait-ce qu’un peu) ? Xiao Mei était généralement convaincue d’être la victime de son histoire, de ne pas être celle en tort, mais bien celle dont on avait joué. Que ce soit eux en premier… ou son agence et son manager, par la suite, la Chinoise avait le sentiment d’être prise pour une poupée. Ces derniers ne cessaient de faire comme si son histoire n’avait été qu’une invention, une excuse afin de prendre une pause de son groupe et se lancer dans une carrière solo. Ses “caprices” avaient été exaucés parce qu’elle était très populaire et que l’argent “perdu” pendant sa pause serait vite refait avec son retour. Il était toutefois temps de cesser de faire sa diva et de faire plaisir à ses fans ! (Pour ne pas dire “aux comptes bancaires de l’agence”) Ses rares proches connaissant son histoire affirmaient d’ailleurs qu’elle avait raison : elle était la victime. Alors, pourquoi ses pensées se tournaient-elles contre elle, dernièrement ? Peut-être était-ce parce qu’elle ne leur avait pas beaucoup parlé, depuis ces cinq derniers jours. Avait-elle discuté de cette histoire avec une autre personne qu’In Ho ? L’idole ne le pensait pas… Elle n’utilisait qu’à peine son téléphone, y recevant trop d’appels et de messages de son manager au sujet de cette terrible histoire.

Le concept lui donnait envie de vomir.
Les paroles de la chanson la faisaient presque défaillir.
L’idée de devoir enregistrer (et pire, performer) cette chanson avec eux … … … mourir ?

Pourtant, Xiao Mei n’avait pas envie d’en arriver là ? Quelque chose de stupide en elle continuait de se battre et lui donner envie de vivre. Les idées noires l’écrasaient pourtant. Une foule de plans plus morbides les uns que les autres lui traversaient pourtant l’esprit, la poussant à avoir peur d’elle-même. Comment pouvait-elle être sûre qu’elle ne craquerait pas ? Au final, peut-être en doutait-elle elle-même… et c’est pour ça qu’elle était assise à l’arrière-boutique du Macaron glacé. Le pauvre Min Chul n’était-il pas embêté par sa présence déprimante ? Il lui rappelait d’ailleurs qu’elle avait dit qu’elle enverrait un message à Seul Bi, non ?

-« Ce n’est pas grave, t’inquiète pas. »

En était-il sûr ? La demoiselle ne l’était pas, pour sa part. Elle trouva tout de même le courage de lui demander s’il pourrait lui laisser un peu plus de temps. Son téléphone aurait une charge plus correcte pour appeler… (à l’aide ?) elle ne savait pas qui encore… à moins que son manager n’apparaisse encore sur son écran, lui retirant toutes forces de tenter.

-« Tu peux rester, j’ai le temps. Ne t’inquiète pas pour ça. »

La Chinoise hoche doucement la tête, le simple mot « merci » n’arrivant pas à traverser sa gorge si nouée qu’elle lui est presque douloureuse. Ses doigts tremblent. Elle s’empresse de les cacher sous la table, les coinçant entre ses cuisses. Min Chul l’a-t-il remarqué ? Xiao Mei n’est pas sûre, mais un paquet de mouchoirs apparaît sous ses yeux.

-« Tiens. »

Elle n’ose pas relever son regard du fameux paquet. La demoiselle sait aussi qu’elle devrait le remercier (encore une fois), mais le mot se refuse encore de coopérer. L’idole se mordille les lèvres et hoche encore la tête, doucement, pour répondre.

-« Je vais juste nettoyer un peu la salle, je reviens. »

-« Okay… » réussit-elle à murmurer faiblement.

Une main timide remonte sur la table et se glisse sur le paquet de mouchoirs. La chanteuse hésite quelques secondes, puis l’ouvre finalement pour en prendre un. Le temps passe sans qu’elle ne le calcule, ni qu’elle ne regarde son téléphone. Ses pensées continuent de la torturer, de la faire tergiverser entre doutes et souvenirs douloureux. Dans combien de temps devra-t-elle leur faire face ? Elle ne sait plus… Y sera-t-elle prête ? Sûrement pas. Honnêtement, depuis cette fameuse nouvelle… Xiao Mei a maintes fois pensé à … des choses qu’elle ne devrait pas et à quitter son agence (si pas complètement arrêter sa carrière). L’idole se sent perdue et complètement désemparée. Elle ne veut pas décevoir ses fans. Elle n’a pas envie d’abandonner son rêve… mais… ce dernier s’est transformé en cauchemar et elle ne sait pas si elle arrivera à y survivre. Les larmes coulent à flots à nouveau et avant de s’en rendre compte, elle a vidé le paquet de Min Chul. La demoiselle s’en veut. Il devait s’attendre à ce qu’elle n’en prenne qu’un ou deux !


-« Il reste quelques pâtisseries … Si tu veux en profiter pour goûter le temps que ça sèche ? »

-« Non merci… » réussit-elle à souffler tristement, hochant la tête de droite à gauche.

Elle n’a même pas regardé les pâtisseries, ni lui d’ailleurs. La jeune femme s’est plutôt retournée pour tenter d’essuyer ses dernières vilaines larmes, surprise en flagrant délit de craquer sous sa situation (encore). Elle prend une grande inspiration, cherchant à retrouver un semblant de calme, l’ombre d’un contrôle sur ses émotions en tumultes.

-« Je vais juste me chercher un café, si tu veux une autre boisson. »

-« C’est gentil, mais… je n’ai même pas… touché mon… thé, encore… » admit-elle avec embarras, avant de soupirer, découragée de ne pas avoir fait ce minimum.

Pourquoi n’y avait-elle pas goûté ? Il devait être très bon ! Pourtant, quelque chose lui disait que le goût ne danserait même pas sur sa langue… boire de l’eau reviendrait au même (si seulement elle arrivait à convaincre sa gorge de se dénouer). Alors que Min Chul se fait une boisson, Xiao Mei se lève finalement pour aller jeter tous ses mouchoirs. L’idée d’en faire la collection ne lui tente pas plus que ça, non. Elle préfère ne pas lever les yeux vers rien qui pourrait lui renvoyer son reflet. Aucun maquillage n’a pu couler, elle n’en a pas mis aujourd’hui. Ses yeux sont sûrement rouges et bouffis, elle ne doit pas être très jolie. La demoiselle retourne s’asseoir et hésite à prendre son téléphone. Serait-il assez chargé ? Devrait-elle finalement écrire à sa chère unnie ? Mais, elle a peur que son manager lui ait envoyé de nouveaux messages…

-« Tu … Tu n’es pas obligée de tout raconter si le cœur ne t’en dit pas, mais si tu veux parler ou .. ou quoi que ce soit d’autre .. »

De retour sur sa chaise, elle baisse la tête pour lui cacher son expression concernée. Peut-elle vraiment lui en parler ? L’idole fait confiance à son ami, même s’ils ne sont pas proches comme des inséparables, ils partagent de nombreuses personnes importantes… et ont appris à se connaître, petit à petit aussi. Le problème n’est donc pas là… ni dans le fait qu’elle considérait comme de proches amis les personnes qui lui ont fait le plus de mal.

-« Je… je ne sais pas si ce serait approprié, Min Chul… » admit-elle tristement, essayant de ne pas se remettre à pleurer. « Si j’ai tort… et que mon manager a raison… que je me plains pour rien… que je suis juste capricieuse et trop dramatique… ce serait cruel de ma part… » expliqua-t-elle, les larmes coulant en répétant ce qu’on lui disait encore et encore.

C’est sûr qu’en la mettant dans cette situation avec le jeune homme, elle se sentait terriblement ingrate. Elle… elle avait toujours une carrière et du succès. Elle était prête à tout abandonner, à cause d’une stupide collaboration… Alors que lui, n’aurait-il pas tout donné pour avoir ce qu’elle avait ?

-« Je… je ne sais pas quoi faire… J’ai encouragé Min Ho à faire son album solo… malgré le désaccord de notre manager… Je l’ai supporté quand il a voulu parler de sa santé mentale et de sa tentative de suicide… que notre agence avait pourtant caché… J’ai compris quand il m’a dit vouloir partir pour se concentrer sur… lui-même et son bien-être… » énuméra-t-elle, se rappelant les difficiles étapes qui l’avaient menée jusqu’à aujourd’hui.

Xiao Mei se rappelait la peur, l’angoisse, l’anxiété, l’abandon, la trahison… Min Ho avait été comme un frère pour elle. Elle avait donc été terrifiée à l’idée de devoir continuer à faire face à leur manager sans lui, mais elle avait préféré faire ce sacrifice plutôt que de complètement le perdre.

-« Ils ont devancé mon comeback… après l’annonce du départ de Min Ho… justement… pour… faire diversion… et qu’on cesse de parler de tout ce qu’il avait dévoilé dans son solo… pour qu’on cesse de leur écrire de prendre meilleurs soins de leurs artistes… » admit-elle, en grinçant des dents.

La demoiselle s’en voulait encore d’avoir été forcée à faire ce comeback qui ne lui avait pas plu (que ce soit par sa chanson ou les raisons). Elle avait l’impression d’avoir été utilisée afin de trahir Min Ho.

-« J’étais contre, mais… avais-je le choix ? » demanda-t-elle, haussant les épaules avec découragement. « Et maintenant… maintenant… ils veulent que… » commença-t-elle, mais elle n’arriva même pas à terminer sa phrase.

Ses mains tremblaient à nouveau, alors elle les remit entre ses cuisses, près de ses genoux.

-« Je suis désolée, désolée, désolée, désolée… » répéta-t-elle en boucle, pleurant à nouveau.

À qui s’excusait-elle ? À Min Chul de se plaindre ainsi ? À Min Ho d’avoir fait son comeback dans ces horribles circonstances ? Aux autres potentielles victimes de ses agresseurs qui auraient profité de son silence pour réitérer leur violence ? À elle-même… ?

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OOTD || Sans s’en rendre compte, la demoiselle avait vidé le paquet de mouchoirs de son ami. Elle se sentit coupable en le constatant et espérait qu’il n’avait pas prévu en avoir besoin dans l’immédiat… Autrement, il était bien fichu. À moins qu’il en ait une collection dans son casier (mais elle en doutait quand-même un peu !).

-« Désolée. C’est un peu moins doux mais .. »

Son regard se posa sur les serviettes. L’idole répondit par un petit hochement de tête qui pouvait se traduire en un signe de gratitude. Même si c’était moins doux, elle appréciait l’intention. Puis, Satan lui disait bien assez qu’elle était capricieuse comme ça, alors Xiao Mei n’allait pas commencer à l’être dans sa vie personnelle aussi ! Son manager lui aurait sûrement reproché de ne pas avoir touché son thé qu’elle avait pourtant demandé. Il aurait sûrement dit quelque chose comme C’était bien son genre de demander quelque chose, puis de le rejeter pour faire comme si ça n’avait pas été le cas. L’homme n’en ratait pas une pour tourner le couteau dans la plaie, encore plus depuis le départ de Min Ho. Après tout, il n’avait personne d’autre sur qui décharger sa colère maintenant et ses revenus s’en étaient retrouvés un peu coupés. C’était de la faute de l’écervelée ! La Chinoise sentait bien que son agence lui en voulait pour tous les problèmes qu’elle causait. Si elle n’avait pas été aussi populaire (lucrative), on l’aurait jetée comme une vieille chaussette souillée !

-« Ce n’est pas un souci. »

L’idole passait beaucoup trop de temps entre les murs de l’agence et en avait presque oublié ce que la compassion pouvait être (lorsqu’elle lui était accordée, du moins). Elle n’avait jamais été du genre à vraiment se plaindre, considérant avoir beaucoup de chances. Puis, dans ce cas, n’était-ce pas encore plus délicat ? Certes, Min Chul connaissait le milieu… mais n’aurait-il pas préféré y rester, s’il avait eu le choix ? Alors, lui partager ses soucis avec son agence… était-ce vraiment…

-« Approprié ? »

Le jeune homme ne sembla pas comprendre pourquoi elle avait choisi ce mot. Chose compréhensible puisqu’il ne pouvait pas lire dans ses pensées. (Puis même s’il le pouvait, elles étaient tellement en fouillis…) Xiao Mei tenta donc de s’expliquer, sans oser entrer dans les détails les plus douloureux pour autant.

-« Ça n’a pas vraiment l’air de ressembler à un caprice. »

L’artiste avait du mal à différencier ce qui était normal de ce qui ne l’était pas. Elle passait la majorité de son temps à l’agence, depuis un moment. Ses sorties étaient rares et presque minutées. On avait de nombreux projets pour elle, souhaitant profiter de sa popularité pour en tirer un maximum d’argent (et toujours plus faire oublier ce que Min Ho avait tenté d’exposer). On lui reprochait même les fois où elle faisait un malaise et qu’on devait l’amener à l’hôpital, lui rappelant que ce temps perdu dans ce lit était du temps qu’une autre idole utilisait à se perfectionner et devenir meilleure qu’elle. Xiao Mei n’était plus humaine, mais bien un produit, une jolie marionnette, qui devait chanter, danser, sourire et dire ce qu’on lui soufflait à l’oreille. Elle qui avait toujours eu des rêves de grandeur, qui avait voulu être un bon modèle, une amie aimante… que devenait-elle ? Elle avait brisé son silence, mais n’avait pas exposer ses agresseurs pour autant. Elle avait encouragé son frère de coeur à se libérer, mais s’était davantage enfoncée dans leur prison commune. N’était-elle pas qu’une fraude, au final ?

-« Hey … »

-« Quand FEATHERS .. Quand Haeun est parti pour le survival, déjà, j’ai cru que .. J’ai cru que l’aventure s’arrêtait là. Que tout ce pour quoi on s’était acharné encore et encore n’avait servi .. à rien. Maintenant … je me dis qu’il a sans doute eu raison. De tenter sa chance ailleurs. »

L’idole l’écoutait, faisant au mieux pour retenir ses larmes qui tentaient de l’envahir avec véhémence. Tenter sa chance ailleurs. Mais où ? The Agency ruinerait certainement sa réputation… ou le tenterait, au minimum. Puis, même s’ils n’y arrivaient pas, saurait-elle vraiment faire confiance à une nouvelle agence ?

-« J’ai pas … Je n’étais clairement pas .. heureux quand ils nous ont annoncé la séparation. Parce que … Sans la musique .. Mais maintenant … J’en arrive à me demander combien de temps est-ce que j’aurais pu supporter le rythme .. imposé. Combien de temps est-ce que j’aurais pu encore m’escrimer à tenter de leur proposer quelque chose, à essayer de composer des morceaux pour que le groupe se prenne, encore et encore, des refus. Parce que ce n’était pas assez bien. Parce que selon eux, ça n’aurait aucun succès, et que ça ne rapporterait rien. Ça aurait été nous ou des autres … ça n’aurait rien changé. C’était surtout l’argent qui les intéressait et … on n’était pas assez rentable. »

Ses mots résonnent profondément en elle. Xiao Mei ne se rappelle plus la dernière fois qu’elle s’est sentie légère… peut-être était-ce avec Min Woo… mais elle n’a pas pu le revoir depuis si longtemps et ne sait pas si elle pourra le revoir non plus. Honnêtement, les pensées noires sont devenues plus habituelles que l’espoir. Combien de manières ingénieuses a-t-elle imaginé pour discrètement tirer sa révérence ? Elle a arrêté de les compter… elle n’ose s’imaginer comment The Agency tournerait la chose à leur avantage, encore.

-« T’es pas juste … leur chose ? Quelque chose qui rapporte de l’argent, lorsque et comme ils l’ont décidé ? Tu restes humaine, avec des forces .. et des faiblesses. »

L’est-elle encore vraiment ? N’a-t-elle pas vendu son humanité quand elle a préféré ne pas exposer ses monstres personnels, les laissant continuer de vivre normalement… de s’épanouir et de vendre un mensonge éhonté à leurs fans ? A-t-elle vraiment été leur seule victime ? N’ont-ils pas continué de faire du mal autour d’eux, achetant le silence des autres possibles victimes ? Cette pensée n’a jamais cessé de la hanter, mais maintenant que des retrouvailles l’attendent au tournant, la peur de revivre encore son cauchemar l’étouffe.

-« Je n’ai pas l’impression que tu sois quelqu’un d’égoïste ou de capricieuse. Encore moins cruelle. Au contraire, même. Mais tu ne peux pas .. Enfin, tu as le droit en pas pouvoir ou vouloir te damner toute entière pour quelque chose que tu n’as pas envie de faire. »

Elle se mord fort les lèvres. Les lèvres qui les franchiront lui feront toujours plus mal, peu importe… Les larmes recommencent à rouler sur ses joues, rien qu’à y penser.

-« Tu… tu te rappelles pourquoi… j’ai pris une pause des Midnight Romance… ? » demanda-t-elle dans un souffle coupé d’émotions. « Je suis revenue… j’ai changé d’agence… Enfin, je suis allée dans une autre agence… plus petite… de mon ancienne agence… parce que je les ai cru… encore... » expliqua-t-elle, honteuse d’avoir été aussi stupide à un si jeune âge.

Xiao Mei n’osait pas le regarder, toujours aussi honteuse de son histoire malgré le temps passé.

-« J’ai dit ce qui s’était passé… mais je n’ai pas dit qui... Je ne sais pas pourquoi… Et si je le fais aujourd’hui… qui me croira ? Je me prendrai tellement de haine… de leurs fans... mais en même temps, je regrette… tu ne sais pas combien… je regrette d’avoir écouté mon agence et de ne pas en avoir plus dit. De ne pas avoir tout dit. » admit-elle, serrant les poings sur ses cuisses, alors que son petit corps se tendait sous les émotions.

La rage, la douleur, le sentiment d’avoir été incomprise, malmenée, utilisée… tant d’émotions puissantes et étouffantes.

-« Parce que j’ai suivi leurs conseils... que je les ai laissé me manipuler… ils disent que j’ai menti… que j’ai fait d’immenses dommages… … … … … … » continua-t-elle, oscillant entre la colère et la détresse. « … et ils voudraient… que je collabore avec… eux... pour un nouveau single. Je ne les ai pas revu depuis cette fameuse nuit, Min Chul… Enfin, j’ai vu les affiches partout… j’entends leurs horribles voix à la radio… mais j’ai toujours tout fait pour les éviter… en personne… Mon manager et l’agence disent que ce devrait être facile ! D’arrêter mon cirque et de ne pas revenir sur mes choix, si jamais… » termina-t-elle en s’étouffant sur un sanglot.

Elle tremblait rien qu’à l’idée de les revoir, alors possiblement revivre un épisode similaire… Non, elle n’y survivrait pas.