((ootd)) Depuis leur dernière vraie conversation, depuis la révélation concernant Suho, les choses avaient été assez…étranges entre Sang Min et lui. Il s’était à tout moment attendu à se faire mettre à la porte, littéralement et figurativement. Certes, Sang Min avait dit qu’il ne voulait pas qu’il parte, mais il pouvait toujours changer d’avis après y avoir réfléchi davantage, non ? Alors oui, pendant quelques temps, Suho avait vécu avec cette crainte. Il avait aussi constamment eu peur que le jeune homme lui en veuille, mais qu’il ne le lui montre pas, ne le lui dise pas. Cependant, il ne pouvait nier le fait que, oui, les choses ne semblaient plus comme au début…et que Sang Min semblait plus distant. Il était constamment occupé, comme s’il ne voulait pas qu’ils aient de temps pour réellement discuter. Mais Suho ne disait jamais rien, après tout, il culpabilisait encore de lui avoir menti et de l’avoir fait douter concernant ses intentions. Peut-être s’était-il même montré égoïste en insistant qu’il n’irait nulle part, qu’il resterait à ses côtés. Et si sa présence faisait mal à l’artiste ? Si elle lui rappelait constamment ce passé oublié, mais douloureux à la fois ? Il se posait vraiment trop de questions, mais c’était plus fort que lui.

Il ne savait d’ailleurs pas où Sang Min était parti. Il ne lui avait rien dit. Et comme à chaque fois que le jeune homme allait quelque part sans le prévenir ou sans lui dire exactement où il allait, Suho s’inquiétait. S’il le pouvait, il l’accompagnerait probablement partout, mais il était conscient que ce serait pas mal étouffant. Ils étaient déjà ensemble presque tout le temps, un peu d’éloignement, même pendant quelques heures, leur faisait sans doute du bien à tous les deux, parfois. Dans tous les cas, il venait de revenir à l’appartement, après avoir fait quelques courses car le frigo était désespérément vide et il fallait bien nourrir l’artiste. Il poussa un léger soupir en constatant que Sang Min n’était pas rentré, puis se mit à ranger les courses. Il y avait certainement de quoi faire un bon repas. A peine terminé, il entendit la porte d’entrée. « Sang Min ? » C’était un peu idiot. Qui ce serait d’autre ? « Evidemment que c’est moi ! Tu voudrais que ce soit qui ? » Pourquoi semblait-il si surpris ? Suho sortit donc de la cuisine pour rejoindre Sang Min qui venait de lui proposer un thé. C’était la première fois depuis longtemps qu’il lui proposait ça. Il s’apprêta à répondre lorsqu’il aperçut le jeune homme. Qu’est-ce que… ? Il se figea. Sang Min avait changé. « Tu aurais pu me dire que tu allais chez le coiffeur. Pourquoi ces cachoteries ? » Quel idiot. Ça sonnait presque comme un reproche. « Ça te va bien. » Il était sincère. Même si c’était inhabituel sur le moment. Pourtant, il avait déjà vu son ami avec une couleur similaire…avant. En fait, il ressemblait même plus à ce fantôme du passé comme ça. A moins que ce soit son imagination.

Il refusait de penser à ça et chassa bien vite ces pensées parasites de son esprit. Ce n’était pas le moment. « Je veux bien pour le thé. » Pour une fois qu’il semblait avoir le temps. Pour une fois qu’il semblait enclin à passer un petit moment hors boulot avec lui…il n’allait certainement pas refuser. « Et pour une fois, c’est toi qui va le préparer. » Il tenta une petite taquinerie, mais il ne savait pas si Sang Min le comprendrait comme tel, surtout avec son expression totalement neutre. Il devrait vraiment réapprendre à sourire un peu plus souvent. Puis, le retour des doutes. Et si Sang Min lui demandait de boire un thé avec lui pour tenter de le détendre avant de lui annoncer que tout était terminé ? C'était idiot. S'il avait voulu mettre fin à leur collaboration, il l'aurait déjà fait. Non ?

((ootd)) Suho secoua doucement la tête. « Ça ne fait pas bizarre du tout. C’est un peu inhabituel, mais je m’y ferai rapidement. Je te dis que ça te va bien, accepte le compliment. » Il avait dit ça sur un ton légèrement agacé, plus qu’il ne l’aurait voulu. Mais c’était du Suho tout craché. Et puis, ça l’agaçait quand Sang Min se dévalorisait en permanence ou doutait de tout. Certes, il ne pouvait pas réellement lui en vouloir de douter de ses paroles, parfois… vu qu’il lui avait menti sur leur véritable relation pendant longtemps. Mais ce n’était pas la même chose, pas du tout. Mais il n’était pas question des cheveux de Sang Min. Suho se sentait clairement un peu stressé car il ne savait pas à quoi s’attendre. Il ne savait plus trop comment se comporter depuis le jour où Sang Min avait tout découvert. Dans tous les cas, il était sûr d’une chose : si l’artiste lui balançait qu’il ne voulait plus qu’il travaille pour lui, qu’il ne voulait même plus le voir, Suho se battrait pour le faire changer d’avis. Même si ce serait probablement assez égoïste, au fond. Il réprima un soupir. Cette situation était beaucoup trop compliquée. Lorsque Sang Min lui proposa un thé, Suho répondit en le taquinait un peu, mais manifestement, le jeune homme n’avait pas compris. Décidément, l’assistant n’était pas doué pour ces choses-là… « Je n’ai jamais dit ça. C’était une plaisanterie. Mais je suppose que je suis totalement nul et que j’ai perdu le coup de main depuis longtemps… » Cette fois, il fit sortir un soupir, ne cherchant pas à le retenir. Il avait soudain l’impression qu’ils ne se comprenaient plus. En réalité… s’étaient-ils déjà vraiment compris depuis que Suho travaillait pour lui ?

« Thé vert, s’il te plaît. » Il n’ajouta rien et laissa Sang Min faire, tandis qu’il donnait quelques caresses au chat. Il ne savait pas du tout à quoi s’attendre ni quelle issue aurait cette… rencontre ? Il haussa d’ailleurs les sourcils en le voyant monter à l’étage, mais ne dit rien. Autant dire qu’il ne s’était pas attendu à ce qui allait suivre. Quand l’artiste revint et déclara vouloir s’excuser, Suho le regarda un instant avec de gros yeux. « Quoi ? » Se reprenant, il cligna des yeux, puis secoua la tête. « T’excuser de quoi, au juste ? » S’il y avait une personne qui devait s’excuser, c’était lui, non ? « Je pense que c’est plutôt à moi de le faire. » Bien qu’il l’ait déjà fait plusieurs fois, il avait le sentiment que ce n’était pas suffisant. « Et tout à l’heure…quand j’ai dit que tu devrais faire le thé, ce n’était pas un reproche ou une plainte masquée concernant mon travail. Je voulais juste… te taquiner. » Il détourna le regard, hésitant. Il avait tant de choses sur le cœur, tant de choses qu’il voulait dire, mais les formuler et les prononcer à voix haute était clairement une autre paire de manches. Surtout que, d’ordinaire, il ne parlait que très peu et juste pour dire le nécessaire. Sauf que ce n’était pas vraiment lui. Il s’était forgé une certaine carapace, était devenu beaucoup plus introverti qu’il ne l’était en réalité. Avant. Avant toutes les tragédies qui avaient mis sa vie sens dessus-dessous. A présent, il retrouvait peu à peu celui qu’il avait été, celui que son interlocuteur avait vu sur ces anciennes photos… « Tu ne t’es jamais dit que si j’étais ici si souvent, ce n’était pas juste pour le travail ? » Il se mordit la lèvre inférieure, se sentant soudain gêné. « J’aime être avec toi. Même dans les moments moins agréables. Je veux être là pour toi. » Et pas parce qu’il s’y sentait obligé à cause du travail.