(( ootd )) Encore quelques jours, et tu serais en congés. Autant dire que tu tentais de t’accrocher à l’idée de toutes tes forces. Pourtant, quelque part, tu appréhendais. Tu appréhendais le fait de te retrouver en congés. De ne pas pouvoir vraiment en profiter comme tu l’aurais espéré.
Tu préférais ne pas y songer. Était-ce pour ça que tu avais accepté quelques livraisons supplémentaires ? Était-ce pour ça que tu continuais un peu de bosser, alors qu’habituellement, tu prenais tes congés plus tôt ? (Peut-être.)
Peut-être que c’était plus simple que d’accepter que rien n’allait.

Les bras chargés d’une lourde boite en polystyrène, tu t’étais aventuré dans l’ascenseur. Tu avais joué avec ton coude pour l’appeler, avais ensuite galéré pour appuyer sur celui de l’étage où tu étais supposé livrer les quelques plateaux de fruits de mer qu’on t’avait commandé.
Un brun se glisse dans l’habitacle juste avant que les portes ne se referment, t’arrachant un léger haussement de sourcil. En voilà des manières. Est-ce qu’il était pressé ? Est-ce que tu ne l’avais pas vu se précipiter ? Aucunement, pour le coup. (Est-ce que tu n’aurais pas dû te sentir désolé ?)

« Ga Eul… » Rien que la voix suffit à te faire lever les yeux au ciel – ou en direction du plafond de l’ascenseur, dans votre cas. Est-ce qu’intérieurement, c’était pour ça que tu n’avais encore rien dit ? Qu’est-ce que tu avais fait pour mériter de te retrouver avec cet abruti ? « Ho Jun. » répliques-tu, presque sèchement. Qu’est-ce que tu pouvais lui dire de plus ? Tout ce qu’il te restait, c’était de sérieusement prier pour que l’ascenseur se décide à un peu accélérer. Pas à ralentir pour finalement s’arrêter. « Génial … » ne peux-tu t’empêcher de souffler, alors que la machine ne semble avoir envie repartir. « Non, allez ! » t’énerves-tu presque, alors que ton coude appuie vainement sur le bouton de l’étage. Tu soupires, avant d’appuyer sur la cloche d’appel. Aucune réponse. « Dis-moi que c’est pas vrai … » gémis-tu encore, avant de finalement prudemment te baisser pour déposer ta boite. « J’imagine qu’on va être bloqué là un bon moment ? » Avec lui. Avec cet ex qui t’avait ghosté, trompé, abandonné. « Sauf si t’as une super bonne solution pour nous sortir de là ? » Après tout, tu étais certain qu’il ne manquait pas d’idées..

(( ootd )) Tu vas craquer. Tu vas hurler, non ? Si vous restiez emprisonnés dans cette cage d’ascenseur, ça ne pouvait que mal se passer. Tu n’es pourtant pas si violent, mais rien qu’à voir Ho Jun, ton corps frétille sous l’envie de meurtre.

Sa super solution ? Te décharger un peu. Tu t’entends soupirer plus fort que tu ne devrais. « Ça ira, merci. » ronchonnes-tu, en te baissant pour déposer ton colis de crustacés. Qu’est-ce que tu pouvais être stupide, quand tu t’y mettais.

A croire que le destin avait voulu que vous vous retrouviez coincés ici. « Qu’est-ce que faut pas entendre. » Toi, rancunier ? A peine. Pourtant, pendant un instant, tu pourrais presque répondre à son sourire. Presque. Il ne te faut guère longtemps pour le revoir en pleine conversation avec quelqu’un d’autre après t’avoir ghosté pendant des semaines. C’est à cette idée que tu te raccroches et voilà que tu reprends instantanément ton air bougon. (Hors de question que tu lui cèdes tout de suite.)

« Pourquoi le destin t’a amené là, alors ? T’es plus dans la boutique de ta grand-mère ? » finis-tu quand même par lâcher, après avoir laissé s’installer, pendant quelques instants, un silence pesant. Un soupir s’échappe d’entre tes lèvres, avant que ton dos ne vienne s’appuyer contre la paroi de la cabine et que tu te laisses finalement glisser au sol. « J’ai pas envie de rester enfermé là-dedans .. » marmonnes-tu encore. « En plus, ça va tourner, à un moment .. » souffles-tu, en désignant du menton la boîte en polystyrène. Est-ce qu’il ne s’en doutait pas déjà ? Tu avais beau avoir mis de la glace avec, ce n’était pas non plus fait pour rester à l’air libre toute la journée. « Puis j’suis garé sur la place de livraison … A tous les coups, je vais avoir des emmerdes avec ça … » Surtout si tu y restais plus longtemps que supposé, n’est-ce pas ? (A moins que quelqu’un ne s’inquiète de savoir où est-ce que tu étais passé ?)

(( ootd )) Pourquoi est-ce qu’il te dévisage autant. Est-ce que tu as une mèche mal arrangée ? Un reste de dentifrice aux coins des lèvres ? Une tâche sur tes vêtements ? Tu prends ton mal en patience, préfères ne pas relever tout de suite, pour plutôt lui demander ce qu’il fichait ici. Il était toujours dans la boutique de sa grand-mère, et effectuait une livraison pour elle. Tu plisses les paupières devant son sourire d’antan. Celui qui t’avait fait craquer plus d’une fois. Celui duquel tu t’étais amouraché, il y a bien longtemps déjà. (Avant de que tu ne mettes à sérieusement le détester.)

Pourtant, tu essaies de rester calme. Tu essaies de rester cordial. « Espérons qu’on nous libère avant qu’on ne soit asphyxié par ta marchandise. » Est-ce que le regard que tu lui jettes est assassin ? Un peu. Est-ce que ton ancien amant a le goût du risque ? Sans doute. « T’auras qu’à pas ouvrir la boîte. » ronchonnes-tu, dans un soupir agacé.

Est-ce que vous ne feriez pas mieux de faire une trêve, le temps d’être bloqué ici ? « Une trêve ? » relèves-tu, en jetant un regard sur sa main tendue dans ta direction. « Avec toi ? » insistes-tu, comme pour souligner qu’il avait sans doute perdu la tête. « C’était une trêve aussi, quand tu m’as ghosté pour aller draguer quelqu’un d’autre ? » demandes-tu, alors que tu entends déjà ta voix partir dans les aigus. « T’es en train de te moquer de moi, j’espère ? » (Est-ce que tu ne devrais pas essayer de te calmer ? Est-ce que tu ne devrais pas essayer de respirer un peu, de ne peut-être pas t’engueuler avec lui, alors que vous étiez, tous les deux, coincés ici ?