L’audace n’est pas une qualité, c’est une façon de vivre. Les meilleurs en connaissent le fonctionnement, et puis, il y a les autres qui essayent de rester accrochés. C’est compliqué de suivre le rythme des personnes qui ont ce don inné. Celles-ci sont souvent méprisées ou plutôt enviées. Kang Eunhyeok adore ce sentiment. Alors, il accepte toujours la part de risque, quitte à se brûler les ailes de temps en temps. De toute façon, ce n’est pas dans sa personnalité d’être passif. Il ne veut pas être spectateur de la vie des autres, il veut être acteur de la sienne. Et tant pis, s’il considère ses prochains comme des petites marionnettes… Au fond, même lui a conscience d’être le pantin de quelqu’un. Dans ce cas, autant choisir celles qui sont jolies et maniables ?

Toujours vêtu de son éternel costume, ses cheveux sont plaqués vers l’arrière, laissant juste quelques mèches couvrir son magnifique front, il s’arrête devant une boutique de fleurs. En cette saison de l’année, il ne voit pas forcément comment il pourrait trouver un beau bouquet. Mais ne serait-ce pas une délicate attention pour cette dame qui n’est plus de première jeunesse ? Eunhyeok n’a jamais été intéressé par les cougars. Disons simplement que c’est plutôt l’inverse. Finalement, jouer le jeu lui a permis de gagner un avantage considérable dans sa vie professionnelle. D’une certaine façon, il lui est redevable et il a tout intérêt à préserver ce lien qui le rattache à cette personne influente, aux détriments d’une mannequin. Enfin, ça, c’est ouvert à l’interprétation de chacun. Mais aujourd’hui, il ne la laissera pas tranquille bien que faire les jolis cœurs à sa mère doit certainement créer une frustration chez elle. A vrai dire, le producteur n’en sait trop rien.

Un coup de fil plus tard, il tape machinalement sur l’écran de son smartphone un fabuleux “ Je n’ai pas toute la journée. “ Puis, il fait un signe de la main à la vendeuse d’un air hautain. “ Préparez vos plus belles compositions. Imaginez que vous devez offrir un bouquet à Miranda Priestly. “ Ça voudrait dire qu’il est un de ses sbires ? Il grimace, priant secrètement que la fleuriste n’ait pas la référence. Il se balade dans le petit magasin, ne sachant pas trop où mettre ses grandes jambes. Qu’est-ce qu’il se sent serré là-dedans ? Il aurait dû songer à s’arrêter ailleurs. Est-ce que ces fleurs sentent le luxe au moins ? Par chance, son odorat surdéveloppé l’invite à se retourner vers la plus belle flore du pays. Que dis-je du monde ! Un sourire accueille l’arrivée de celle qu’on ne sait comment qualifier. “ Ce nouveau parfum te va à ravir. “ Il se dirige vers elle. “ Je me suis dit qu’il était temps de préparer notre mariage, jagi. “

Goût de blase en fond de ce café rendu trop amer.
Goût un poil trop marqué en chemin, elle termine pourtant son gobelet.
Ce que “le mec de sa mère” a encore trouvé comme fabuleuse idée, elle n’en sait rien. Et pourtant, le manque de connaissance la met néanmoins en chemin vers un fleuriste.
Elle se trouvait dans le quartier, ce sera ça son excuse. Non parce que de dire qu’elle mourait d’envie qu’il la mette de mauvaise humeur… c’est un peu spécial comme motivation et ça vous fait irrémédiablement passer pour une personne étrange.
Ne l’est-elle pas déjà ?
C’est ce qu’elle pourrait se demander aujourd’hui encore mais ce qu’elle aurait pu se demander hier quand elle a accepté de dîner avec sa mère en visite sur Gwangju. Une volonté de souffrance… alors qu’elle aurait tout aussi bien pu prendre son passeport, trouver le premier avion et partir vers une destination mystère pour mener une nouvelle vie remplie d’imprévus. Qu’importe le futur quand on peut s’épargner un dîner de plus à supporter les réflexions de sa mère. Terminer éleveuse de lamas ou professionnelle de l’étude des grenouilles en milieu tropical… ça n’avait aucune espèce d’importance…
Ouais… faut rendre à Cesar ce qui appartient à Cesar, c’est plus les visites de sa mère qui ont le don de la mettre de mauvaise humeur.

Et pourtant… aujourd’hui faut qu’elle se retrouve devant le ô combien charmant Kang Eun Hyeok … et ses mots toujours si…
… si…
L’homme a clairement un don… elle le pense, sincèrement. Elle pourtant “si patiente” sent déjà l'amertume du café lui revenir en bouche.
Elle force pourtant un sourire quand elle répond « Je crois que je préfère la version du scénario où je t’appelle beau-papa. » c’est qu’ils sont marrants tous les deux, toujours le mot pour rire ! Une vraie dynamique de duo de clown.
Possible reconversion dont ils ne discuteront pas aujourd’hui au milieu de ces fleurs.

« J’aime moins coiffé comme ça. » … il n’était pas déjà coiffé comme ça la dernière fois ?
Si.
Et elle ne trouvait pas au contraire que ça lui allait bien ?
Peut-être bien.
« T’as pensé à raser ? » ce serait affreux non ? « Je suis sûre que ma mère adorerait. » c’est faux. Elle le trouvait si beau Eun Hyeok comme ça. Elle le savait, elle le lisait dans ses yeux, elle regrettait par moment que sa fille soit déjà fiancée. Une partie d’elle aurait adoré l’avoir comme beau fils, quand l’autre aurait été bien trop jalouse pour ça.
« J’en déduis qu’on mange ensemble ce soir ? » elle le savait. Hier, quand elle avait dîné avec sa mère. La “Castafiore” ne pouvait pas être en représentations dans le coin et se passer d’un dîner avec sa fille et son Kang préféré. Encore moins quand elle soufflait une bougie. Parmi ses cadeaux, elle voulait les flatteries du producteur.

Quand on est aussi charismatique que Kang Eun Hyeok, deux possibilités s’offrent à vous : soit vous vous mettez à genoux et priez qu’il accepte votre demande en mariage, soit vous avez envie de vomir ce gnocchi au goût périmé. Dans tous les cas, l’indifférence n’est pas une option. Eunhyeok est assez patient ou suffisamment chiant pour accepter et s’adapter aux deux réactions. Parfois, il est même plus amusé de faire subir sa présence aux autres que d’être noyé sous les compliments. C’est ce qui arrive quand vous avez été touché par la grâce divine depuis votre plus jeune âge. Il n’a pas conscience de la chance qu’il peut avoir et au lieu d’être un saint, voilà qu’il devient un parfait petit démon. Aujourd’hui, il se balade sous sa forme humaine - ou celle d’un dieu grec en réalité -. Pas de yeux rouges, ni de yeux jaunes pour ceux qui ont la référence… Toutefois, pour un homme de son prestige, il s’aventure tout de même dans une boutique, qui n’est pas à la hauteur de son niveau. Il aurait pu envoyer un sous fifre mais la réalité, c’est que le jeune homme a tout de même bien été éduqué. Un cadeau ne peut pas être choisi n’importe qui, même s’il compte sur l’expertise de la fleuriste pour atteindre son objectif. Eunhyeok ne peut pas tout connaître et c’est notamment le cas des bouquets. Il espère juste avoir le droit à des fleurs de saison, pas celles qui proviennent d’une serre dans il ne sait quel pays du monde. Il veut que ça sente bon et que ça flatte l’égo d’une femme. Peut-être aurait-il dû mentionner l’âge de la personne, même si évoquer Miranda Presley est un indice suffisant.  Mais il n’est pas sûr de suivre la bonne voie. Quel âge a-t-elle au juste ? Ses sourcils se froncent pendant quelques secondes avant de saluer l’invitée vip de cette sortie shopping. Il sourit naturellement. “ Pour une fois que le beau ne serait pas dénué de sens. “ Dans une telle boutique, c’est normal de s’envoyer des fleurs. Il continue de regarder dans les rayons, voulant se faire une idée des tendances actuelles. Cependant, il est un peu surpris par la proposition de Miran. Se raser le crâne ? Est-il tombé malade et il n’est pas au courant ? Oh ciel, ses cheveux étaient parfaits. Pas autant qu’un certain Monsieur mais, presque. “ Ah et depuis quand tu as les mêmes goûts que ta mère ? C’est rare de vous voir sur la même longueur d’onde. “ C’est bien gentil mais son idée a déjà été propulsée loin via l'icône - corbeille -, puis - vider la corbeille -.  Elle s’en remettra. Une mine faussement peinée prend possession du visage du producteur. “ Je sais… Ça fait encore loin pour toi. On ne s’est pas vu depuis un petit bout de temps. “ Chiant et rechiant ? Evidemment. “ J’essayerais de me montrer plus présent pour toi, petite Miran. Mais ôte-moi d’un doute. Tu as prévu d’être accompagnée ce soir ? Par ton Simplet là ? Il a appris à prononcer un mot ou il n’a toujours pas retrouvé sa langue ? “ Puis, il s’arrête. “ T’en penses quoi de celui-ci ? “ De son index, il indique un bouquet un peu moche… Pour être honnête.

Il est amusant Eun-Hyeok, il a un sens de l’humour qui lui fait souffler un « Wow. » allez quoi, c’est classique, mais efficace.
Elle ne doit son manque de réceptivité qu’à sa mauvaise humeur.
Peut-être que c’est une cause, elle ne va pas le nier. Mais pour sa défense, le Kang sait être aussi insupportable.
Il a le don de savoir comment la titiller, avouons que c’est un talent rare qui parvient à la faire soupirer à présent alors qu’elle ne se trouve pas en sa compagnie depuis cinq minutes.
« Tout arrive. » … faut croire. Mais non. ça attaque les points faibles, évidemment qu’elle veut tout sauf ressembler à sa mère de quel que manière que ce soit.
Faut ceci dit l’admettre, on aurait dû mal à le trouver moche le chouchou de maman.
Encore que rasé, peut-être… ça ferait un truc un peu moche.

« Oh tu sais, je sais à quel point tu es un homme débordé, je m’en voudrais d’accaparer tout ton temps. » douce ironie « Le simplet a en fait un cerveau fonctionnel qui fait deux fois la taille moyenne d’un cerveau masculin. Mais ok. » et du coup ? « Mais non, j’ai décidé de lui épargner ce repas à mourir d’ennuis. » telle une Reine, elle comptait souffrir seule et mourir dignement, qu’on lui apporte le panier d’aspics. Yu Dan avait bien mieux à faire de son côté que de devoir s’infliger la vue de sa belle-maman qui ne cesserait de flatter un homme dont elle pourrait être la mère. Et puis, ça avait quelque chose de traumatisant d’entendre son rire de dinde, elle en avait bien conscience « Prends le. Il est immonde. » pas cool, on parle quand même d’un cadeau pour sa chère et tendre mère « Rajoute une ou deux tulipes dedans, ma mère adore la Hollande. » et elle déteste les tulipes non ?
Oui, parce qu’elles ne font pas assez nobles à son goût. Elle les associe à des fleurs du pauvre.
La Choi n’a rien contre mais son regard s’égare sur d’autres étalages, vers des plantes un peu plus exotiques qui ne seront pas du goût de sa mère. Elle songe qu’elle devrait lui offrir quelque chose, mais la flemme et le manque d’envie ne la concentrent pas à sa tâche. De toute façon, si Eun Hyeok prend des fleurs, elle doit se diversifier. Elle doit avoir une parure ou un truc comme ça qui traîne à la maison, l’avantage de recevoir des cadeaux dans son métier « Pourquoi tu t’embêtes ? Elle sera forcément contente que tu ne viennes pas les mains vides. » aucune jalousie là-dedans, même si son cadeau serait critiqué et celui de Eun Hyeok encensé. Oui, même s’il venait à lui ramener un bouquet immonde. Ce type était parfait aux yeux de sa mère, c’était un fait.