Je commence à avoir mal partout et surtout au dos. Mes anciens vêtements ne me font pas, alors je porte des vêtements de maternité. Sept mois. Bientôt à terme. Je suis contente qu’on voie enfin la fin puisque notre bébé commence à être lourd. Je me sens comme une baleine échouée lorsque je suis dans le lit et je marche quasiment comme un Manchot. Hélas, pour mon amoureux, il va devoir me supporter encore quelques mois. Quelques mois à devoir se lever en plein milieu de la nuit pour aller chercher du gimbap ou encore, subir mes pulsions en ébullition. Dans un sens, il n’a pas à se plaindre énormément. Bon, mes sauts d’humeur ne sont pas des cadeaux non plus. Pleurer toutes mes larmes de mon corps quand je regarde un drama ou bien être morte de rire pour une bêtise totalement à la con. C’est ça que ça me fait être enceinte. Je suis souvent dans l’extrême. D'ailleurs, ce matin, on doit tous les deux se lever pour un rendez-vous important. Un rendez-vous pour savoir si le bébé se porte bien, si je me porte bien, si je n’ai pas pris trop de poids, etc. Toutefois, je suis trop bien dans mon lit. Je suis fatiguée. Je voudrais me blottir contre lui encore et encore. Je passe une main sur son torse et je lui bisoute la nuque afin de lui donner tout plein d’amour, mais je sais comment ça va se finir si je continue comme ça - en plus de ma main qui commence à être baladeuse – mais nous n’avons pas le temps. « Il va falloir qu’on se lève avant que je te croque... » Soufflais-je en rigolant avant de lui donner un énième baiser dans le cou. Oui, il va falloir s’éloigner et c’est avec peine et de misère. Ouf ! J’ai réussi à m’asseoir sur le lit avant de me lever en me tenant mon gros ventre bien rond.

Je me prépare. Je mets des vêtements avant de filer dans la cuisine où je m’installe sur une chaise en respirant un bon coup. Ouf ! Il va falloir que je me mette au sport après mon accouchement afin d’être en forme. « Si tu pouvais moindrement soulever mon ventre pour me permettre de me libérer du poids de ton fils pendant un instant, ça m’aiderait. » Fis-je en rigolant avant de boire un bon jus frais et de prendre un bon petit-déjeuner. Oui, je commence cette fameuse histoire entre parents. Ce n’est pas mon fils, mais le tien. Quand il fait des bêtises, c’est le sien et quand c’est un amour, c’est le mien. Cependant, on sait très bien que je taquine et je fais des blagues. Notre bébé. Le fruit de notre amour, nous allons bientôt le rencontrer. C’est désormais une question de temps puisque le troisième trimestre commence. Justement, l’heure tourne et il va falloir se dépêcher afin de ne pas être en retard de notre rendez-vous.

Dans la voiture, je m’installe confortablement tout en caressant amoureusement mon ventre. Je regarde les alentours, le sourire aux lèvres. Le trafic qui se forme ou bien des personnes folles qui roulent trop vite. C’est la vie urbaine. Lors d’un feu rouge, je sens des coups dans mon ventre. Au départ, c’était des coups qui ne me faisaient pas mal, mais plus que le bébé grandit à l’intérieur de moi, plus ses coups commencent à être fort. Je sais qui commence un peu à manquer de place. Le petit bagarreur. Je prends doucement la main de Dae pour le déposer sur les coups en question : « Le bagarreur est réveillé. » Mes deux hommes de ma vie. Je suis décidément une femme comblée. Je ne voudrais pas changer ma vie pour rien au monde. Le feu vire au vert, Dae commence à rouler, lorsque je dépose mes yeux sur ma fenêtre. Mais ? Cette voiture va plutôt vite ! Trop vite ! « Attention ! » Criais-je avant de sentir l’impact.
J’ouvre difficilement mes yeux. La lumière est aveuglante. Je referme aussitôt, avant d’entendre les nombreuses machines autour de moi. Je souhaite secouer la tête, mais j’ai un collet cervical. Hein ? Je bouge mes doigts tranquillement et avec difficulté. Il se passe quoi ? Il s’est passé quoi ? Pourquoi je me retrouve dans un hôpital et pourquoi je suis couchée ? Ne me dites pas que... Je glisse ma main douloureusement vers mon ventre. Je m’attends à sentir un ventre bien rond, mais je ne ressens rien. Mon rythme cardiaque accélère un peu trop vite au point d’activer les alarmes pour les infirmières et les médecins. « Cutie ? » Demandais-je en sanglotant. Mes larmes commencent à couler à flots. « Dae ! » Fis-je un peu plus fort avant d’entendre des pas. Je pleure en serrant mon ventre. Je commence à vouloir me redresser, me fichant de mes blessures graves ou égratignures. Je veux voir mon homme, je veux voir mon bébé. « Où est mon bébé ?! Je veux voir mon bébé ! Mon bébé ! » Criais-je de plus belle avant de pouvoir retirer tout ce qui est intraveineuse. Je veux voir mon bébé et mon mari. Est-ce qu’ils se portent bien ?

Tout était si parfait depuis plusieurs mois, Dae Sung était tellement heureux et il l’était encore plus en imaginant déjà accueillir son enfant dans ce monde et pouvoir le choyer comme bon lui semblait. Il rêvait de cette petite famille avec Hana et il attendait la venue de leur bébé avec impatience. En attendant, il prenait soin de sa petite femme, veillait à ce qu’elle ne manque jamais de rien et à ce qu’elle ne se blesse pas. Il était aux petits soins, parfois peut-être même un peu trop. Mais c’était plus fort que lui et puis, il valait mieux ça qu’un mari qui s’en fichait, non ? Aujourd’hui, ils avaient rendez-vous pour une examen de routine concernant la grossesse de Hana, histoire de s’assurer que tout allait bien. Il ne restait plus beaucoup de temps, mais il ne fallait pas baisser la garde pour autant. Après avoir donc pris un bon petit-déjeuner, les jeunes mariés se mirent en route. Comme à son habitude, Dae Sung se mit au volant, ignorant encore le drame qui allait bientôt se produire. Il sourit tendrement en sentant les coups de leur enfant. « Je vois que tu es pressé de sortir. Mais encore un peu de patience et tu pourras bientôt rencontrer les meilleurs parents du monde. » Il rit doucement, puis se concentra sur la route. Il ne voulait prendre aucun risque et conduisait sans doute même un peu trop lentement. Peu importe. Du moment qu’ils arrivaient à bon port…

Hélas, ça n’arriverait jamais. Alors qu’il démarrait tout juste après un feu rouge, Hana cria. Dae Sung n’eut pas le temps de réagir. L’impact fut immédiat, le bruit de la tôle froissée lui vrilla les tympans. Sa tête heurta assez violemment le volant, l’airbag se déclencha, mais Dae Sung perdit connaissance. Il ne sut donc pas ce qui se passa ensuite. Il n’ouvrit les yeux qu’une fois à l’hôpital. Il ne comprit d’abord pas ce qui se passait ni où il était ni même pourquoi il avait tellement mal au crâne et pourquoi son corps entier semblait endolori. Et puis, ça lui revint. Le feu. Le cri de Hana. L’impact. Le jeune homme se redressa un peu trop vite et grimaça à cause de sa tête entourée d’un gros bandage. Mais hormis des égratignures et des bleus un peu partout, il ne semblait pas grièvement blessé. Une infirmière s’approcha de lui pour lui dire qu’il avait eu beaucoup de chance, mais qu’il devrait faire attention car il avait une commotion cérébrale. Il se fichait de ça. « Hana…Où est ma femme ? » L’expression de l’infirmière s’assombrit tout à coup et Dae Sung comprit que quelque chose n’allait pas. Sans même écouter ce qu’elle lui disait, il se leva, non sans tituber un peu au début. « OÙ EST MA FEMME ? » Quelque peu effrayée, l’infirmière lui indiqua le numéro de chambre de Hana et Dae Sung s’y précipita aussi vite que possible.

Arrivé devant la porte, il entendit la voix de Hana crier. Comment ça… où était son bébé ? Au fond de lui, il connaissait sans doute déjà la réponse, mais il refusait de l’admettre. Alors qu’il s’apprêtait à entrer dans la chambre, un médecin le retint, l’air grave. Il lui expliqua ce qui s’était passé. Il lui expliqua que Hana allait bien, qu’elle se remettrait. Du moins, physiquement. Car même si Dae Sung ressentit un soulagement l’espace de deux secondes, la suite le figea sur place. Son bébé…leur bébé…n’était plus là ? « VOUS MENTEZ ! » Il sentit les larmes lui monter aux yeux, puis couler le long de ses joues, incontrôlables. Non. C’était un cauchemar. Il allait se réveiller. Il allait se réveiller et Hana serait allongée à côté de lui, tenant son ventre rond. Mais si c’était un cauchemar, pourquoi ça faisait si mal ? Les joues toujours baignées de larmes, il décida d’ouvrir cette porte. Il ne pouvait pas laisser Hana toute seule. « Hana… » Il avança vers elle avant de la serrer dans ses bras, tout en veillant à ne pas y aller trop fort pour éviter de lui faire mal. Son ventre…n’était plus rond comme ce matin. La réalité revint le frapper de plein fouet et il se mit à pleurer à chaudes larmes dans les bras de sa femme. « Je suis désolé. Je suis tellement désolé. » Bien sûr qu’il s’en voulait. Après tout, c’était lui qui était au volant de cette voiture.

Rencontrer les meilleurs parents du monde, malheureusement, il ne les verra jamais. À peine ce petit moment cocasse dans la voiture, il a eu un impact. J’ai bien vu la voiture se diriger directement vers nous. Je l’ai bien vu brûler son feu pour aller vers notre direction. Pourquoi ? Je n’ai pas pu me poser cette question ni n’importe quelle autre. L’impact était tellement fort que je me suis cogné la tête. Mon cou n’a pas apprécié ce choc. Mon front était ouvert. Les mouvements dans mon ventre n’existaient plus et je saignais énormément. Est-ce que j’ai entendu des personnes m’interpeller ? Des sirènes et plus encore ? Est-ce que j’ai été consciente pour voir l’état de mon mari également inconscient ? Non. Je n’ai pas pu me réveiller une seule fois puisque le coup était important au point de nous faire perdre tous les deux ; consciences. En plus, j’avais un rendez-vous à l’hôpital afin d’aller voir les échographies et examens pour savoir si tout était parfait. Je n’ai plus de troisième trimestre et je n’ai plus de bébé. Tout ça n’était qu’un souvenir. La vie de parent dont je souhaitais tant, n’était plus possible.

Entendre les appareils cardiaques, solutés et autre autour de moi, ne me disaient rien de bon. Sans oublier la douleur dont je ressens actuellement. Mon cou, je ne peux pas le bouger. Je sens des pansements par-ci et par-là, mais une douleur vive me prend les entrailles. Je la ressens vers mon bas-ventre où une césarienne est supposée se faire. Toutefois, ce n’était pas ça le plus important. Le plus important est de savoir si je ressens encore mon fils, si mon ventre est encore bien présent. Lorsque ma main glisse vers ce ventre dorénavant vide, je retiens mes larmes. Je ne dois pas imaginer le pire. Où est mon mari ? En l’appelant, je n’entends personne. Est-ce qu’il se porte bien ? Comment va-t-il ? Est-il gravement blessé ? Où sont mes hommes de ma vie ? Mon bébé, où il est ? Est-ce qu’il est né prématurément ? Où est mon bébé !? C’est tout ce que je voulais savoir. Je tente de me redresser arrachant tant bien que mal mes intraveineuses et suces sur le corps. Tout ça pour me garder hydrater, mais aussi analysant mon rythme cardiaque. Je n’ai plus besoin de ça ! Je me suis réveillée et j’ai mal. La morphine ne fait plus effet, mais la douleur n’est pas uniquement physiquement. Ma poitrine fait très mal. J’ai les larmes aux yeux. En fait, non. Je ne peux pas retenir mes larmes bien plus longtemps. Elles roulent malgré moi.

Les infirmières sont entrées afin de m’empêcher de tout arracher. M’empêcher de me lever, mais je n’ai pas la tête à ça. « Je veux voir mon bébé ! Où il est !? » Criais-je en les repoussant. Je veux voir mon bébé même s’il est prématuré et entubé. Je m’en fiche si plusieurs appareils le maintiennent en vie tant qu’il se porte bien. Tant que ses petits poumons et son cœur fonctionnent bien. Toutefois, j’entends la voix de Dae à l’extérieur de ma chambre qui me fait figer. Qui ment ? « Dae ? » L’appelais-je la voix qui commence à s’enrouer. Qui ment ? Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tout le monde a une expression si sombre ? On m’aide à me rallonger et à remettre le tout en place. Qu’est-ce qui arrive ? J’essaie de ne pas penser au pire, mais tout le monde semble faire le contraire. À moins que... Est-ce mon pire cauchemar qui se réalise en ce moment ? Je vois Dae entrer dans ma chambre, les infirmières nous laissent seuls. Je constate les larmes de mon mari sur ses joues. « Il... il est en vie, n’est-ce pas... ? » Soufflais-je incertaine de ce qui se passe. Toutefois, une main se glisse sur mon ventre. La voiture, l’impact, ce mal qui me transperce le ventre, les expressions sombres, dae qui pleure. Tout ça peut signifier quelque chose ; on a enlevé mon fils, car il ne vivait pas. On confirme mes pensées lorsque mon cutie m’enlace pour pleurer. Je ne veux pas le croire. Je tente de retenir de pleurer. Me mordant l’intérieur des joues, les lèvres tout en répondant au câlin de mon mari. C’est malheureusement impossible. J’éclate en enfouissant mon visage dans son cou. J’éclate tout simplement. La douleur me fait terriblement mal. « Tu n’as pas d’affaire à t’excuser Yoo Dae sung ! » Fis-je entre deux souffles. Je tente de me retenir pour lui parler, mais je me mets à pleurer de plus belle avant de l’éloigner et d'essuyer mes larmes. « Ce n’est pas de ta faute, tu m’entends !? » Je contemple son visage et je vois quelques pansements également. « Tu es l’homme le plus attentionné que je connaisse et tu serais un père merveilleux... Mais ce n’est pas de ta faute ! » Les larmes continuent de couler, je renifle un peu avant d’essuyer les larmes de mon homme. « C’est la seconde voiture qui en est responsable... J’ignore qui ça peut bien être, mais je m’en moque. Je veux qu’il soit puni pour son crime ! Si personne ne le fait, je vais m’en charger moi-même ! » Je suis en colère oui. Cette personne stupide a tué mon fils et il doit en prendre ses responsabilités. Je ne veux pas la croiser, car je risque de perdre mon sang-froid, comme maintenant. Je tente de me retenir pour lui parler, mais je me mets à pleurer de plus belle avant de l’éloigner et d'essuyer mes larmes. C’est dangereux, car j’ai encore les hormones qui jouent aux montagnes russes. Par exemple, oui, je suis furieuse, mais mes larmes ne cessent de couler.

C’était un cauchemar. Ce devait en être un. Il allait bientôt se réveiller et tout irait bien. Oui, tout irait bien. Hélas, non. Tout n’irait pas bien. Plus rien ne serait plus comme avant. Comment une chose pareille avait-elle pu arriver ? Ils avaient été si heureux il n’y a pas si longtemps, si heureux d’accueillir leur bébé. Ils avaient commencé à préparer son arrivée, à imaginer leur vie à trois. Et maintenant ? Tout était brisé. Pour l’instant, Dae Sung était juste anéanti, en proie à un profond désarroi et il n’avait pas encore commencé à émettre d’hypothèses quant à cet accident. Il avait déjà bien du mal à réaliser…à accepter cette douloureuse réalité. Il devait voir Hana. Il devait la serrer contre lui, être à ses côtés. Alors, c’est ce qu’il fit. Mais en la voyant dans ce lit, il ne put contenir ses émotions et éclata en sanglots, tout en la gardant contre lui. Il n’avait pas besoin de mots pour qu’elle comprenne ce qui se passait, même si elle avait demandé s’il était en vie. Il. Leur bébé. Leur précieux bébé qui n’avait même pas pu pousser son premier cri. Dae Sung ne dit rien, c’était inutile. Et il avait bien du mal à se calmer, à calmer ses sanglots.

Puis, il finit par s’excuser, par répéter à quel point il était désolé. Parce que oui, la réalité le frappa encore de plein fouet. Il était au volant de la voiture, il avait conduit. La vie de sa famille était entre ses mains et il l’avait détruite. Hana intervint tout de suite en affirmant qu’il n’y était pour rien, mais comment le jeune homme pouvait-il le croire, alors qu’il conduisait ? Alors qu’il aurait dû voir cette autre voiture arriver ? Evidemment, il était toujours plus simple de se dire ça une fois que c’était terminé, de se dire qu’on aurait pu faire ci ou ça, alors qu’au fond, on n’aurait rien pu faire de plus. L’autre véhicule était arrivé trop vite, sorti de nulle part. Quand bien même. Il se sentait soudain envahi par une horrible culpabilité. Il ressentit un énorme pincement au cœur quand Hana affirma qu’il aurait été un père merveilleux. Non. Non. C’était foutu, maintenant.
Hana se mit soudain à s’énerver, à dire que ce chauffard devait payer, qu’elle s’en chargerait elle-même s’il le fallait. Cela ramena un peu Dae Sung à la réalité et ses larmes avaient cessé de couler, même si elles étaient toujours bien logées sur ses joues. Il renifla, puis posa doucement ses mains sur les épaules de sa femme. « Ecoute-moi bien. Tu ne feras rien. Tu vas te concentrer sur ton rétablissement. Laisse-moi me charger de cette ordure. Je lui ferai payer. » Et si la justice ne s’en chargeait pas – car, hélas, elle n’était pas aussi parfaite que certains voulaient le faire croire – il prendrait les choses en main lui-même, quitte à employer des moyens pas très légaux. Oui, il était prêt à entrer dans l’illégalité s’il le fallait.

« Il va payer le prix fort. Il va regretter d’être venu au monde ! » Il venait de hausser le ton, de laisser la colère l’envahir. Mais au moins, cette colère n’était plus dirigée vers lui-même. Pour l’instant, du moins. Il serra les poings et tenta de se calmer. Il ne voulait pas accabler davantage Hana en pétant les plombs. Ses yeux recommençaient à piquer. Les larmes menaçaient à nouveau de couler, alors qu’il approcha son visage de celui de la jeune femme et qu’il mit doucement son front contre le sien. « On va s’en sortir. Je te le promets. » Et comment ? Comment s’en sortir après ça ? Chaque chose en son temps. Déjà… guérir physiquement. Puis mentalement. Et ce serait la partie la plus difficile.

C’est juste un mauvais rêve. Je vais me réveiller et tout va être là. Je vais être enceinte à nouveau, mon fils va continuer à se développer dans mon ventre. Nous continuons à vivre de bons jours et à préparer son arrivé avec une certaine nervosité. Nous allons être parents, on va perdre patience, mais on va l’aimer de tout notre cœur. Notre fils. Lui qui était agité en ce beau matin. Lui, qui ne me laissait pas tranquille une seule seconde voulant se dégourdir de plus belle. Sans oublier mes fringales parfois farfelues qui sortaient de nulle part. Imaginer la naissance et de voir mon merveilleux mari avec son fils dans ses bras. Oui, ça, c’est la réalité, mon futur. Ce n’est pas ce que je suis en train d’imaginer actuellement. Ce mauvais rêve, qui me brise le cœur, me fait atrocement mal et qui me fait passer à un sentiment à l’autre. Ce mauvais rêve où mon ventre est vide, je suis blessée et à l’hôpital. Ce mauvais rêve où l’amour de ma vie pleure toutes ses larmes de son corps en se maudissant de ne pas faire attention. C’est un mauvais rêve n’est-ce pas ? Je vais me réveiller et tout va être oublié par la suite. Dites-moi que c’est ça. Je ne peux pas croire que la réalité soit ça.

Hélas, je pleure. Je pleure toutes mes larmes de mon corps. Mon cœur, mon corps, tout mon être me fait mal. En plus la perte d’un être cher, je suis victime d’un post-partum. Là où les mères sont très instables émotionnellement. Déjà que je le suis à cause d’une perte, je n’imagine pas mon état actuel. Je tomberai sans doute dans un état second. Toutefois, malgré les larmes qui coulent en tandem Dae et moi, une chose me vient à l’esprit : je veux voir mon bébé. Je veux absolument le voir même si c’est la pire idée que je puisse avoir. Je veux voir mon bébé. Le rencontrer une bonne fois pour toutes, le contempler, prendre son corps sans vie. L’embrasser de plus belle et de m’excuser. Lui dire que je suis désolée qu’il n'ait pas pu voir notre monde. Désolée de ne pas avoir eu la chance de rencontrer son père séduisant et sa mère souriante. Désolée d’avoir un monde de merde comme celui-ci. La violence, les crapules et tout ce qui est illégal. Pourquoi ? Pourquoi on a pu en être victime ? Pourquoi viser un enfant ? Pourquoi ?

Si je suis incapable de me remonter mentalement, je serai incapable de remonter l’homme de ma vie. Même moi, je suis en grande détresse. Même moi, je m’en veux. Il s’en veut, car il n’a pas pu nous protéger. Je m’en veux, car je n’ai pas pu être prête à l’avance comme il souhaitait. Cependant, ce qui me met hors de moi ce n’est pas nous, mais cette personne qui n’a pas fait attention. On pourrait se maudire pour l’éternité, mais sans ce con qui nous a foncés directement sur nous, on serait actuellement en train de regarder notre fils sur le moniteur de l’échographie. Ça ne semble pas à être le cas, car un pauvre type a voulu aller trop vite et nous sommes impliqués d’une certaine façon. Je m’en moque de la prison. Je m’en moque de ma vie. Je veux qu’il paie ce qu’il a commis. Je veux me venger. « Tu le ferais payer comment ? Je refuse de te voir derrière les barreaux. Mon monde va s’écrouler définitivement si c’est le cas ! » C’est en partie le cas. Mon monde est fragile, instable. Un rien pourrait le faire s'écrouler. Comme des pensées noires qui pourraient pencher la balance, par exemple. C’est dur de perdre un enfant.

Je vois mon chéri lever le ton, je sais qu’il est en colère tout comme moi. Je lève ma main et lui caresse la joue pour le calmer. Normalement, je l’appelle pour apaiser sa colère ou bien, je fais comme ceci. Mon sourire n’est pas là, mon visage est rempli de tristesse et mes larmes recommencent de plus belle avant de pencher ma tête. Je me mets à éclater. Je veux me recroqueviller sur moi-même et hurler. Je veux m’époumoner au point de tomber de sommeil. « Je ne sais pas comment tu veux de moi encore... » Sanglotais-je en fermant les yeux, son front contre le mien me fait du bien malgré ma douleur. « Je n’ai pas pu te donner notre fils et je ne pourrais plus te donner d’enfants... » Oui, j’ai entendu ses atroces nouvelles lorsque je me réveillais tranquillement. Comment puis-je être sa femme si je ne peux pas lui donner une famille ?

Son monde s’était écroulé en quelques instants à peine. Ce futur dont il avait tant rêvé, qu’il avait tant imaginé, n’existait plus. Il n’y avait plus que le désarroi. Tout était noir, le monde n’avait plus aucune saveur. Probablement qu’il finirait par aller mieux. Après tout, ne disait-on pas que le temps guérissait toutes les blessures ? Mais d’ici là, combien de mois, combien d’années se seraient écoulées ? Il savait déjà qu’il ne serait probablement plus jamais le même, que Hana ne serait plus la même, que leur couple ne serait plus le même. Il était en colère. En colère contre tout et tout le monde, mais évidemment surtout contre l’ordure responsable de l’accident, l’ordure qui n’avait sans doute pas été identifiée et encore moins arrêtée. Il ferait jouer ses relations, il ferait tout en son pouvoir pour tenter de retrouver cette personne et pour lui faire payer, par tous les moyens. C’était à lui de le faire, pas à Hana. Même si la jeune femme ne semblait pas du tout d’accord avec ça. Ses paroles faisaient mal. Elles étaient comme des coups de poignard en plein cœur. « Parce que tu crois que mon monde ne s’écroulerait pas définitivement aussi si tu finissais en taule ? » Ils devaient rester unis, se soutenir dans cette épreuve atroce, une épreuve qu’il ne souhaitait à personne.

Il n’avait pas été loin de totalement péter les plombs, mais Hana avait réussi à le calmer, comme elle le faisait toujours. Sauf que, cette fois, aucun doux sourire ornait son visage. Il n’y vit que la tristesse et ça lui brisait le cœur. Toutefois, il savait qu’ils devaient être forts. Qu’il devait l’être. Pour elle, pour eux. Pour leur enfant qu’ils ne verront jamais grandir. « Qu’est-ce que tu racontes ? » Pourquoi disait-elle ça ? Pourquoi pensait-elle qu’il ne voudrait plus d’elle ? Il se redressa et se figea un instant quand elle déclara qu’elle ne pourrait plus lui donner d’enfants. Le choc. Même si le choc précédent n’était même pas encore totalement parti. « Quoi… ?Tu en es sûre ? » Elle ne disait certainement pas ça sans en être sûre, mais Dae Sung avait du mal à le croire. Les mauvaises nouvelles, les tragédies s’accumulaient. Comment pourraient-ils s’en remettre ? Il sentit à nouveau les larmes couler le long de ses joues. Jamais il n’aurait autant pleuré de sa vie. Jamais. Il approcha à nouveau de Hana et la prit doucement dans ses bras avant de lui caresser les cheveux. « Je t’interdis de dire des choses pareilles. Je t’aime. Et ça ne changera pas. Jamais. La vie a été cruelle avec nous, on ne mérite certainement pas ça…Mais je…comment tu peux seulement envisager que je ne veuille plus de toi ? Tu es la femme de ma vie. Et ce qui s’est passé n’est pas ta faute. » De toute façon, parler de potentiels autres enfants maintenant était bien trop tôt. Ils devaient d’abord faire leur deuil et ça, ça prendrait du temps, beaucoup de temps.

Il avait toujours l’impression d’être dans un horrible cauchemar. Il avait toujours du mal à croire que c’était bien réel. Une partie de lui espérait toujours qu’il allait se réveiller dans le lit conjugal, avec Hana à ses côtés. Et Hana aurait encore son ventre rond. Il éclata en sanglots dans ses bras. C’était si douloureux, ça faisait tellement mal.

La vie est si cruelle. La vie est sans scrupule surtout cette personne qui nous a foncés dessus. Cette personne n’était sans doute pas au courant de la future famille. J’allais pour un rendez-vous concernant notre bébé, mais cet individu préférait brûler son feu rouge afin d’arriver plus vite à sa destination. J’ignore ses raisons de cet empressement. J’ignore la raison de quiconque face à cet accident. Pour ma part, je suis détruite. Mon ventre bien rond et bien vivant, n’est plus. Il est moue, vide, avec une cicatrice. On m’a fait une césarienne d’urgence. Retirant le corps sans vie de mon fils, mais enlevant sans doute mon utérus, si j’ai bien compris ce qu’ils se disaient entre eux. Je dois regarder mon dossier pour y voir plus clair. Je dois marcher afin de comprendre ce qui m’arrive. C’est bête, mais je veux voir mon fils même s’il est à la morgue. Je veux le tenir dans mes bras une seule fois. Le regarder et le contempler bien qu’il soit sans vie. J’aimerais voir sa ressemblance avec son père, mais allait-on me permettre d’y jeter un œil ? C’est une bonne question. Je suis dans un état émotionnel très dangereux. Un mélange de chocs, de deuil, mais aussi un post-partum. Je peux clairement tomber dans une dépression grave rapidement.

J’aimerais que cet inconnu soit puni pour ce qu’il a fait. Que son geste soit punissable ! Après tout, il a tué un être vivant. Toutefois, je ne veux pas que mon chéri finisse en prison parce qu’il s’est vengé pour nous. Je ne veux pas, car je sais ce qu’il est capable de faire. Il va péter un plomb au point de n’être plus capable de se contrôler. Cependant, il ne souhaite pas que je finisse en taule non plus. Je pourrais rigoler, mais je n’ai pas la force. La tristesse est si grande, je suis incapable de ressentir de l’amusement ou de la joie présentement. Bon sang, j’ignore comment je vais passer à travers cette épreuve. Je me demande comment on va faire tous les deux. Je me demande aussi comment il va continuer à m’accepter à ses côtés et dans sa vie. L’incapacité d’avoir d’autres enfants en plus d’avoir perdu le nôtre Deux terribles nouvelles en même ttemps, cest dur à encaisser.

« Je ne suis pas certaine… c’est ce que j’ai entendu. Il faut que je voie mon dossier… » Mon dossier qui est sûrement à côté de la porte. Je dois me lever pour y déterminer. En revanche, ça leur a tout pris afin que je reste encore dans mon lit d’hôpital. Il va falloir que je demande à mon chéri de se lever. Il ne semble pas aussi mal en point, c’est un soulagement. Cela dit, sur ses mots qui me touchent beaucoup, je lui vole un baiser tout en continuant de pleurer. Un baiser d’amour avant de le serrer fort dans mes bras. L’amour de ma vie. Mon homme à moi. Je suis si contente de l’avoir dans ma vie, c’est un homme fort et sensible à la fois. « Je t’aime tellement mon cutie… » Soufflais-je avant de prendre une bonne inspiration. Je ne l’ai jamais vu autant pleurer, mais la situation est totalement compréhensible. Caressant ses cheveux même si je sens mes larmes roulées sur mes joues. « Tu penses qu’ils vont nous permettre de le voir au moins une fois ? » Demandais-je sérieusement. Je veux serrer mon bébé dans les bras. « Lui dire adieu et lui dire que sa maman l’aime énormément. » Je tente de contrôler mes sanglots, ma gorge est serrée de plus belle. Je ne dois pas craquer, même si j’ai une vie ; hurler ma détresse. Nous sommes malheureusement une mamange et un papange. Des parents d’un petit ange quoi que je voudrais que ce cauchemar soit irréel.

Depuis tout à l’heure, Dae Sung était en proie à un désespoir sans nom, un désespoir qu’il n’avait jamais vécu avant. Et en même temps, il espérait toujours un peu naïvement qu’il allait bientôt se réveiller de ce cauchemar. Si seulement…Hélas, la douleur ressentie prouvait que c’était la réalité et cette réalité serait difficile à accepter, il serait difficile d’aller de l’avant, très difficile. Mais il le faudrait bien. Et, évidemment, il ne comptait pas abandonner Hana, contrairement à ses craintes totalement infondées. Ils devaient se soutenir plus que jamais pour ne pas sombrer tous les deux. Les mauvaises nouvelles s’enchaînaient, était-il seulement humainement possible de supporter tout ça ? Entre colère et désespoir, Dae Sung ne savait plus quoi faire. Mais une chose était sûre, il ferait tout pour avoir le fin mot de l’histoire et pour retrouver le ou les responsables de cet accident. Quelqu’un devait et allait payer. Il s’en fit la parole. Et il se foutait des conséquences, à ce stade. Qu’avait-il encore à perdre ? Evidemment, il devait aussi penser à Hana et il était hors de question de la laisser.  Ça aussi, il s’en fit la promesse. « Ne pense pas à ça pour le moment… repose-toi… » Facile à dire, alors qu’ils étaient en larmes tous les deux. Non, le jeune homme n’avait jamais pleuré comme ça et il se détestait pour ça. Il ne voulait pas se montrer faible devant Hana. Cependant, c’était plus fort que lui, il fallait que ça sorte.

« On surmontera tout ça… je te le promets. » Il caressa doucement la joue humide de larmes de son épouse. Oui, ils surmonteraient cette épreuve. Il le fallait. Cependant, il ne s’était pas attendu à la question qu’elle venait de poser. Il se figea un instant, alors qu’il sentait un gros pincement au niveau du cœur. « Tu… Quoi ? » Voir leur fils mort-né ? Vraiment ? Dae Sung ne savait clairement pas quoi en penser, il ne savait même pas comment réagir. Il comprenait la demande de Hana, mais ne serait-ce pas encore plus douloureux ? Sans l’avoir réalisé, les larmes avaient recommencé à couler le long de ses joues aux mots de Hana. Si touchants. Si déchirants. « Tu es sûre que c’est une bonne idée ? » Mais peut-être avait-elle besoin de ça pour ensuite commencer à faire son deuil. Et lui ? Il n’en savait rien. Il avait peur de totalement craquer s’il voyait ce petit corps sans vie, ce petit être auquel on n’avait laissé aucune chance. Ce petit être qui ne connaîtrait jamais l’amour de ses parents. « Je ne sais pas si je pourrai… » Il avait beau jouer les durs, parfois, il était loin d’être aussi fort qu’il aimait le prétendre. « Tu…veux que j’aille demander ? » Son cœur était en miettes, en mille morceaux. Les recoller prendrait beaucoup de temps, mais avec Hana à ses côtés, ils y arriveraient. Ils arriveraient à réparer leurs cœurs meurtris. Il le fallait. Alors, Dae Sung quitta momentanément la chambre pour tenter de trouver une réponse à la requête de Hana. Il se sentait soudain si vide et vidé… Et puis, quelques instants à peine plus tard, il revint au chevet de son épouse. « On peut le voir, si on veut…Tu en es vraiment sûre ? »