Sans se soucier d’articles compromettants - comme d’autres en d’autres occasions - Mi Ran ouvre en grand sa valise sur le lit pour en ouvrir un compartiment et sortir sa pile de vêtements froissables avant d’entreprendre de les ranger sur des cintres, dans l’armoire ouverte en grand derrière elle « Il y a assez de cintres si t’as des choses à mettre aussi. »
Wu Yu Dan, accompagnateur de sa virée, et éventuel possesseur de chemises en ses lieux ?
Elle n’irait pas le juger pour rester à 4 épingles, même si la plupart de ses affaires sont beaucoup plus détente de son côté, mais s’il y avait un endroit où porter du casual, c’était bien ici.
Car, aussi surprenant que celà puisse paraître, Mi Ran ne lui avait pas proposé une virée dans une grande ville à l’étranger pour sa semaine de vacances chèrement gagnée, soit au prix d’une mort intérieure trop prononcée.
Pas plus que de petit tour dans leur famille à Séoul.
Non, quand il avait été question de se voir cette semaine-là, c’est à la campagne, à la ferme, qu’elle lui avait proposé de l’accompagner.
Un peu surprenant venant du New-Yorkaise dans l’âme ?

Elle n’avait pas vraiment hésité quand son temps libre lui avait été accordé.
Elle aurait passé une semaine à hiberner dans son appartement sur Gwangju. Elle aurait pu ne pas mettre un nez dehors et marier netflix sans bouger ses fesses du canapé.
Mais ça ne lui ressemblait pas vraiment….
Alors, elle aurait pu se réserver une petite semaine de folies/beuveries dans une de ses villes favorites de l’étranger. Oublier jusqu’à son prénom chaque soir, vivre une vie dangereuse et remplie de débauches. Devenir quelqu’un d’autre et vider sa tête au prix de son foie.
Mais non….
Elle avait composé le numéro de cette ferme, et elle avait réservé le jour même.
Quelques jours plus tard, elle avait rappelé pour signaler qu’au final, elle viendrait accompagnée.

Elle adorait cet endroit. Perdu au milieu de nul part.
Elle adorait aussi, d’une certaine façon, la petite famille qui y vivait.
Du moins, elle se disait qu’il n’y avait pas de meilleur endroit pour son cheval, Suzuki.
Et c’est pour cette raison, qu’en emménageant à Gwangju, elle n’avait pas cherché à le rapprocher d’elle par pur égoïsme.
Et pourtant… ça lui manquait.
ça lui manquait tellement que maintenant, au lieu de porter une petite robe, des chaussures hors de prix et un maquillage de soirée, elle avait ce jean, une chemisette nouée au-dessus de son nombril, des baskets et des cheveux qu’elle avait relevés en un chignon peu travaillé avant de sortir une autre pile de vêtements de sa valise.
Maquillée, elle l’était même à peine. Pas de véritable effort de séduction, elle s’était même promise d’être sage avec celui qu’elle avait mis de trop nombreuses fois mal à l’aise.

Raison pour laquelle, à bien y réfléchir « Si tu préfères, je peux voir s’ils ont une autre chambre. Je crois qu’ils se sont dit… » qu’ils étaient réellement ensemble tous les deux ?
Un truc comme ça.
Pourtant dormir ensemble, ils l’avaient déjà fait « … qu’on venait en couple. » ridicule, ouais. Ils étaient amis tous les deux maintenant. Quelque chose comme ça. Ou elle se trompait. « J’ai envie de mettre toutes les chances de mon côté pour que tu laisses un commentaire 5 étoiles sur l’endroit. » Choi Mi Ran, sponsor de la ferme des Nam ?
Pourquoi pas.

Cette fois, il a vérifié sa valise. Au moins quatre fois. Deux avant de partir. Une fois encore en la mettant dans la voiture. Et une dernière fois, en arrivant, tandis que la belle Choi Miran défait la sienne sans la moindre frayeur. Wu Yu Dan dézippe prudemment son bagage, dans un coin de la chambre. Elle est plus petite que celle du chalet mais plus charmante. Aucune pluie de capote ou tout autre objet gênant ne vient l’encombrer. R.A.S. Tout va bien. Dan soupire de soulagement.

Il faut que ce séjour se passe bien. Ce n’est plus une seconde chance à ce stade, c’est une tentative désespérée. De quoi ? le Chinois lui-même n’en est pas sûr. Ou peut-être que si. Il faut dire que depuis des mois, il se bat avec ses sentiments. Et depuis presque deux ans, il ne cesse d’enchainer les faux pas dans cette relation aussi claire que floue. Ils ne cessent de se rapprocher pour mieux reculer. C’est du moins l’impression qu’il donne par moment. Mais son objectif, sa promesse, Dan ne la perd pas de vue. Veiller sur Mi Ran. Être là pour elle. C’est peut-être aussi ce qui lui fait freiner les battements de son coeur.
Il a un peu parlé avec Do Hyun. Il est toujours aussi nul et mort de trouille… mais peut-être a-t-il décidé, un peu, éventuellement, de mieux écouter ces palpitations.

Passer du temps avec Mi Ran, c’est la première étape. Tous les deux. Pour les vacances. L’été a été mouvementé. La belle mannequin ne cesse de prendre des avions pour défiler aux quatre coins du monde. Lui vient de rentrer de Chine avec son frère. Le reste de son temps libre, il veut le consacrer à celle qui chamboule toutes ses certitudes.
A la ferme. La destination est étonnante mais pas tellement venant de sa fiancée. Elle continue de le surprendre mais, il lui connaît ce côté aventure et nature. Elle n’est pas la poupée que ses parents ont façonné.
Alors Dan entame de sortir ses vêtements, soigneusement pliés. « Oui, merci. » Il sort quatre chemises et se rapproche de la penderie pour les accrocher. Mi Ran passe dans son champ de vision et elle est définitivement trop jolie pour que son coeur ne se trouble pas. Il ose même laisser traîner son regard, quelques toutes petites secondes, sur cette nuque dégagée par un chignon négligé. Dugum. Il sursaute quand leurs regards se croisent.
Mince.
Il se détourne mais s’en veut immédiatement. Il doit se détendre. Sinon, Mi Ran va encore se méprendre…
… Comme pour cette histoire de lit. Il les revoit au chalet. Il se remémore cette nuit sans elle. Il s’en bouffe la lèvre. Quel idiot. Pas deux fois. Ou trois. Bref. Il secoue la tête… « Oh, non, ce n’est pas… » La peine. Mais Mi Ran parle de couple. Il rougit. Il sent que ça la gêne aussi. Il rougit plus fort. Voilà où ils en sont.
Dan se force à reprendre contenance. Il ne doit pas se montrer si confus. Ils sont fiancés. C’est normal de dormir dans le même lit. Même s’ils ne sont pas vraiment… en couple. Hum. « Sauf si toi tu préfères. Mais sinon, ce n’est pas la peine. » Il s’efforce de prendre un ton plus assuré et fait même l’effort de lui faire face pour un sourire. Mi Ran est mignonne parce que cet endroit semble lui tenir à coeur : « Ne t’en fais pas pour ça. C’est très joli ici, je comprends que tu aimes beaucoup cette ferme. » Dan aime aussi la nature. Il n’est pas un garçon de ferme, loin de là, mais il est très réceptif au charme de la campagne. « Les propriétaires ont été très accueillants, ils ont l’air d’être des gens biens. » Il accroche la dernière chemise dans le placard et retourne à sa valise. « Tu as dis… Que c’était ici que tu avais ton cheval, c’est ça ? » Ce séjour, c’est l’occasion de découvrir une nouvelle facette de Choi Mi Ran.

Yu Dan semble toujours avoir du mal à se détendre avec elle.
Et si elle s’est déjà demandée certaines fois si ça lui a pris autant de temps avec d’autres, elle préfère lui sourire ici avant de lui laisser le champ libre pour ranger ses affaires.
L’avocat a besoin de son espace. Il est un fervent admirateur de la distance sociale. Elle pourrait dire qu’elle l’a bien compris, mais en réalité elle l’a toujours su. Créature cruelle qu’elle peut être parfois.
« Ok. Du coup je ne vais pas les embêter avec ça. »
Un autre sourire plus tard, elle tire de ses affaires ses trousses de toilette et de maquillage qu’elle dépose dans la salle de bain.
Dans le second cas, elle n’a pas pris grand chose. C’est sympa aussi de pouvoir se dire qu’on va vivre simplement pour quelques jours. Elle a même hâte d’enfiler un sweat ce soir et de se caler sur le perron avec un café et une clope pour simplement fixer les environs et se vider la tête.
Est-ce que ce genre de vie lui plairait au quotidien ?
Elle ne sait pas. Sans doute que non. Mais maintenant, elle soupire de contentement après un simple regard par la fenêtre de la chambre.

Et Yu Dan ? Est-ce qu’il se plaira ici ?
« Ils le sont. C’est une grande famille. J’ai pas la prétention d’en faire partie, mais l’ambiance est sympa ici. » déjantée surtout… préviens le tout de suite non ?
« Oui c’est ça » il y a des surprises qu’il vaut mieux lui épargner non ? Yu Dan n’a pas l’air de tant les aimer que ça… les surprises « C’est rassurant de le savoir ici. J’ai même pas cherché à regarder vers Gwangju… j’crois que je n’arriverai pas à trouver mieux… » alors il valait mieux faire quelques kilomètres.
« Si tu veux, quand on aura terminé de déballer tout ça, je peux faire les présentations officielles. Attention, c’est du sérieux, ne prends pas ça à la légère. » d’un index, elle l’avertit faussement avant qu’un léger rire ne vienne démentir toute forme de menace.

Puis elle sort un livre de sa valise.
ça fait un moment qu’elle n’a pas vraiment pris le temps de se perdre dans la lecture. ça aussi, elle a hâte.
Pourtant, elle pourrait bien s’amenager un peu de temps. Même pendant les vols longs courriers.
Mais elle manque de motivation, ou d’énergie… son cerveau n’arrive pas vraiment à laisser ses pensées se perdre dans la lecture. Alors pour ici, elle a choisi un tout nouveau livre dans une longue liste soigneusement étudiée.
« Mais si ça peut te rassurer, je pense que tu pars assez bien. A mon avis t’es son style. » … tant qu’il n’angoisse pas trop et qu’il reste le Yu Dan apaisant… s’il a le même effet sur les chevaux, il peut même devenir le champion du coin.

C’est presque comme un mirage. Choi Mi Ran dans ce tableau champêtre. Ce n’est pas qu’elle détonne, mais ces derniers mois, son fiancé l’a davantage vu dans les pages de magazines, habillée de parures que les simples mortels n’envisageraient même pas de porter. Maquillage travaillé, coiffure impeccable.
Et la voilà ici, dans cette chambre qui ne rime pas avec luxe, ce chignon peu soigné retenant ses cheveux, et ses traits presque sans fioriture. Elle est si belle qu’il en a le souffle coupé. Les pensées qui s’interrompent et les joues qui s’embrasent. Il sait qu’il doit faire des efforts, qu’il ne doit pas lui donner le sentiment qu’elle le gêne… mais Mi Ran n’imagine pas le cataclysme qu’elle provoque dans la poitrine du pauvre avocat.
Son sourire le ravage. « Ça a l’air. Comment as-tu connu cet endroit ? » Il respire. Il essaie de se détendre. C’est l’occasion de mieux connaitre celle qui doit partager sa vie au delà des gravures de mode. Il a déjà dit qu’elle faisait un parfait mannequin… mais c’est une autre Mi Ran qu’il a rencontré, un an et demi en arrière. L’aventure pétillait dans ses yeux. La rencontre s’est écourtée… mais c’est comme si, ici, Dan avait une chance de la retrouver.
Il se souvient vaguement d’une photo où elle désignait son cheval. Cela ressemble au cadeau cliché d’une enfant gâtée… pourtant, Dan est presque sûre que ses parents détesteraient la voir ici. Mais c’est comme s’ils détestaient simplement son sourire.
Son coeur loupe un battement tandis qu’elle pointe un doigt moins menaçant que délicat dans sa direction. Ca palpite dans ses tempes, dans sa gorge et dans sa poitrine. Sérieux, Wu Yu Dan sait l’être. Trop même. Toutefois, c’est un sourire qui s’esquisse sur ses lèvres. Attendri, amusé… désespérément sous le charme. « Bien sûr, j’ai très envie de le rencontrer. » Il passe une main dans ses cheveux comme pour les recoiffer. « J’espère que je lui ferai bonne impression. » Pour tout dire, Dan n’est pas un grand cavalier. Il est peut-être monté une fois à cheval mais rien de grandiose. Il trouve même ces grandes bêtes très impressionnante, quoique majestueuses… Il en a vu de loin, en arrivant dans la ferme. Il espère qu’il ne fera pas de gaffe.

Comme Mi Ran s’affaire de nouveau à ranger, Dan retourne à sa valise pour sortir le reste de ses affaires. Une semaine ici, avec elle… Quand il y pense, il en a presque le vertige. Mais il se concentre sur son bagage quand il tombe sur un jeu de cartes neuf. C’est vrai qu’il a pris ça. Ce n’est pas vraiment pour jouer aux cartes mais parce que depuis quelque temps il a repris les tours de magie. Rien d’extraordinaire, un vieux loisir sur lequel sont frère l’a bien distancé… mais Mi Ran avait l’air d’aimer ça. Alors, il s’est de nouveau exercé. Hier, il a montré son dernier tour à Maeum. Sa réaction l’a convaincu d’emporter ce paquet. Il rougit déjà, nerveux à l’idée de se jeter à l’eau avec Mi Ran…
La voix de cette dernière le tire de sa réflexion et il pose le jeu de carte sur la table de chevet. « Oh… Vraiment ? » Son style ? Il rit, un peu gêné. Franchement, Dan se demande de qui il peut bien être le style… mais si un cheval le trouve au moins à son goût alors… « J’ai hâte de le rencontrer. » Il ferme sa valise et on toque à la porte. Depuis la chambre, on entend à peine mais assez pour Dan lance un regard à Mi Ran puis s’en aille voir. A travers les carreaux vitrée de la porte d’entrée, une silhouette masculine patiente. Dan ouvre et un visage étonné lui fait face : « Bonjour, vous devait être le copain de Mi Ran ! Enchanté, je suis Nam Shin Ji, mais appelez-moi Shin. Je venais saluer Miss Choi et lui dire que Suzuki était dans le petit près si elle voulait le voir. » ….. le copain de Mi Ran…………. Dan ouvre la bouche, c’est beaucoup d’informations d’un coup …… trop……….. Je ne suis pas son copain…………. « …. enchanté… je suis… Yu Dan…. » ……….. Ne pas rougir devant un inconnu. Ne pas rougir devant un inconnu.

« Ils tiennent une petite épicerie sur Séoul. Enfin leur famille. Ils vendent des produits d’ici, quelques pâtisseries aussi. Tu serais encore là-bas je t’aurais donné l’adresse mais… » ça ne répond pas vraiment à la question et c’est la raison pour laquelle elle décide de ne jamais achever cette phrase pour en débuter une nouvelle « Du coup, on m’a parlé de l’endroit là-bas et de fil en aiguille, je me suis retrouvée à squatter ici de temps en temps. » puis de moins en moins, bien plus rarement depuis son changement de vie.
C’était dommage oui. Mais aujourd’hui, elle a envie de passer un bon séjour plutôt que de s’attarder sur les choses qui ne vont pas dans sa vie.

Alors elle range le reste de ses affaires, et préfère parler de cette future rencontre entre Suzuki et son aîné.
Les présentations officielles programmées, aucune raison de stresser pour l’avocat.
Du moins, elle le pense.
C’est ce truc qu’il fait sur les gens. Elle a du mal à voir comment les choses pourraient mal se passer entre Suzuki et lui.
Soigneusement, alors qu’on toque à la porte, elle referme sa valise pour la glisser en dessous du lit. Depuis sa position, elle reconnaît la voix de celui qui parle à son fiancé et un sourire se glisse sur ses lèvres.
Elle aime beaucoup Shin. Tout comme elle apprécie beaucoup les Nam. C’est vraiment une gentille petite famille… ce truc qu’il dégage, elle pourrait presque le jalouser si elle n’avait pas la sensation que c’est une ambiance inimitable aux Nam.

« Salut. » alors elle abandonne la chambre et passe une tête pour saluer celui à qui elle n’a plus besoin de présenter son invité de dernière minute.
Elle ne lui fait pas répéter, elle a compris depuis son point alors elle se contente de répondre « Merci c’est gentil, je vais aller le voir tout de suite ! » évidemment, l’excitation d’une enfant la veille d’un matin de Noël n’attend pas. Alors ce n’est qu’après qu’elle jette un coup d’oeil à Yu Dan pour voir s’il se sent prêt.

Au moins, elle attend sa confirmation pour sortir de leur petit logement
« On ne va sûrement pas partir en vadrouille tout de suite. Mais si jamais et surtout si c’est possible j’avais pensé à Pillow pour Yu Dan. » et parce qu’elle ne veut pas être rude et le mettre de côté, elle ajoute un instant à l’intention de son fiancé « C’est un amour et il est très calme. Je crois que pour monter il serait très bien pour toi. Sauf si Shin a une autre proposition. » c’est son fief, ses chevaux, il sait mieux « Je te fais confiance pour ça de toute façon. » sans se montrer non plus trop familière, il est difficile de ne pas parler avec une certaine chaleur à un Nam tant ils ont le don de vous mettre à l’aise.

Ce Nam là a beau remporter quelques suffrages, elle pourrait bien en oublier entièrement la présence en se rapprochant du près et de celui qui vole son coeur d’un simple hennissement. Evidemment, sa mère serait scandalisée de la voir passer clôture pour rejoindre une bête vers laquelle tend ses mains pour flatter son encolure, reposant même son front contre la dite créature une fois celle-ci calmée « Salut toi. » son coeur se serre sans tristesse, mais avec cette sensation de manque qui lui souffle de profiter des jours à venir à 300 pourcent. Alors elle oublie un soupir, un souffle « Tu m’as manqué. » et lui accorde l’exclusivité de son attention pour encore de longues secondes avant de tourner les yeux vers Yu Dan « Viens, ne sois pas timide sinon il va se vexer. »

Si la nervosité peine à le quitter, Dan s’efforce de ne pas avoir l’air mal à l’aise devant leur hôte. Ce serait impoli et surtout… il ne veut pas que sa fiancée le croit forcé d’être ici. Passer du temps avec elle, apprendre à mieux la connaitre et… se détendre. Tels sont ses objectifs en venant ici. Aussi, si son coeur sursaute alors que la belle fait une apparition, il lui laisse la place de saluer le garçon, et s’incline même une seconde fois, comme un réflexe idiot.
Shin Ji ne semble pas lui en tenir compte, plutôt concentré sur la nouvelle arrivée. Un large sourire illumine sa face alors qu’il lance un joyeux « Salut Miran ! Ca fait plaisir de te revoir par ici. » Est-ce de la jalousie que le Chinois ressent alors que l’échange se fait tout de suite chaleureux et familier ? Un peu. Mais pas dans le sens que l’on pourrait croire. Bien que la beauté de Miran soit indiscutable et qu’il songe qu’il serait naturel que ce fermier soit aussi sous le charme de la belle, il jalouse plutôt sa facilité à échanger avec elle quand il se sent encore si bête et insignifiant à ses côtés.
Ce qu’il ne voit pas, c’est le regard curieux de Shin Ji qui glisse entre Miran et Yu Dan. Il les jauge en silence et se demande si la belle Choi s’est vraiment choisi un fiancé et s’il vaut tant la peine qu’elle l’emmène dans son jardin secret. Il a la gueule d’un citadin, pas à l’aise avec grand chose. Mais c’est peut-être ce truc qui a plu à Miran. Il n’en sait rien. Juste qu’il ne lui inspire rien de mauvais. Alors il sourit à la suggestion de la jeune cavalière : « Ouai, carrément. Va pour Pillow, je vous l’emmène dans le petit près avec Suzuki. Vous aurez qu’à me faire signe quand vous souhaitez partir en balade. » Cette fois, son regard croise celui du Chinois. Ce dernier hoche la tête d’un air entendu. L’idée de partir en balade à cheval avec Mi Ran le rend un peu nerveux mais il veut faire l’effort et, sur le papier, le tableau est assez plaisant. « D’accord, merci. » - « Première fois à cheval ? » demande le fermier pour confirmer ce que Miran lui a laissé deviner. « C’est tout comme… » répond Dan avec un sourire pincé, le timbre un peu rouillé comme s’il ne voulait avouer ce dont tout le monde se doutait. « Ca ira. Mi Ran a raison, Pillow est le compagnon idéal pour les débutants. » Sur ce, le Nam les salue une dernière fois, leur demande s’ils ont besoin de quoique ce soit et qu’au cas où, il se trouve juste à côté.

Quelques minutes plus tard, Dan et Miran sont dehors. L’air de la campagne est bien différent de Gwangju. Même la montagne ne lui donne pas un tel sentiment d’éloignement. Tout un tas d'odeurs champêtres lui montent au nez et si certaines narines délicates n’apprécieront pas les quelques effluves de fumiers qui parsèment l'atmosphère, l’avocat ne s’en révolte pas. Son regard est fixé sur le dos d’une Miran déterminée à retrouver son compagnon à quatre jambes. Ce tableau là lui va à merveille.
Un hennissement lui indique qu’ils ont gagné le petit près. Et soudain sa fiancée lui échappe. Elle disparaît derrière une clôture et Dan attend, sans oser émettre la moindre réflexion. Elle sait ce qu’elle fait, non ? Il la regarde partir à la rencontre d’un cheval à la belle robe brune et c’est une autre Miran qui éclot devant lui. Sa connexion avec l’animal est évidente. Dan admire de loin l’échange. La bête ronfle de contentement et Dan pourrait presque deviner une expression de joie dans ses oreilles toutes droites pointées. Un petit sourire se dessine au coin des lèvres chinoises. Pour la première fois depuis longtemps, il a l’impression de voir Miran heureuse. Son coeur se gonfle et sa bulle spectatrice éclate quand sa fiancée l’appelle.
C’est presque comme s’il avait oublié qu’il était là.
Il se désigne de l’index, l’air béta. Lui ? … il doit venir ?
Timide, il l’est déjà. Un peu effrayé aussi, tandis qu’il considère les clôtures de bois qui le sépare des deux autres protagonistes. Il hésite. Miran s’est faufilé si facilement mais elle est une cavalière accomplie… ne risque-t-il pas de faire une bêtise en pénérant dans l’enclos ?
Il jette un oeil autour d’eux. Aucun Nam à l’horizon pour désaprouver l’action. Une part de lui aimerait qu’on lui suggère de rester à l’écart… une autre lui crie de se bouger le cul et donner à Miran tout ce qu’elle souhaite. Tu es là avec elle, pour elle. C’est ce qu’il se répète alors qu’il finit par se décider. Maladroitement, il se glisse entre les rondins usés et le voilà de l’autre côté. Un étrange sentiment enserre son ventre. A quelques pas de lui, Miran caresse l’encolure de son cheval. Il n’y a plus rien entre eux. Il est à la fois vulnérable et libre.

Il tente quelques pas, hésitant, prudent. « … tu es sûr que je peux m’approcher ? » demande-t-il à mi-chemin, peinant à cacher sa nervosité. « … je veux dire, il ne me connait pas… je ne risque pas de lui faire peur ? » Et il entend Jin rire, à gorge déployée. A qui Wu Yu Dan pourrait-il faire peur…? C’est très bête. Il s’approche encore sous l’accord de Miran. Doucement, pas à pas. Toutes ces années enfermées dans son bureau l’ont éloignées d’une si belle réalité. Il hésite à s’incliner comme Harry Potter devant l’hypogriffe. Il le fait peut-être un peu…. et s’avance vers Miran, le bras à demi-tendu. « B-bonjour, Suzuki…. enchanté… je suis Yu Dan… » Il jette un coup d’oeil à Miran. Peut-il le caresser..?

Voilà.
Le moment est venu.
Le grand.
Celui de la rencontre de Wu Yu Dan avec sa seigneurie Suzuki.
Autrement dit l’une des créatures sur cette Terre qui se classe dans le sommet du classement de son coeur… avec une autre ? C’est vrai que Yu Dan fait partie des personnes qui comptent énormément pour elle. Bizarrement sans doute, mais puisque c’est le cas autant ne pas s’attarder sur l’étrangeté du lien qui les unie.
Disons que parfois le destin forcé ne fait pas si mal les choses que ça.
Quoiqu’il en soit, la rencontre est importante et son regard se détourne un instant de Suzuki pour jauger l’attitude de son fiancé.
« Oui je suis sûre… » un sourire rassurant sur les lèvres vient accompagner son hochement de tête « On a les mêmes goûts lui et moi, il est obligé de t’aimer ! » et si la nervosité de son aîné rend nerveux son plus fidèle ami ? Ce ne sera pas le cas.

Il est trop tard pour faire demi-tour. Suzuki jauge le nouveau venu qui s’approche, il se vexerait de le voir rebrousser chemin.
C’est du moins l’argument qu’elle a en tête avant d’aider l’avocat à parcourir le dernier mètre.
La main qu’il tend vers l’animal, elle lui vole doucement pour l’aider à rencontrer l’encolure de Suzuki. Doucement ses doigts piègent les siens comme pour accompagner la caresse
« Ne fais pas attention, il est un peu nerveux de te rencontrer mais il est très gentil » Suzuki soupire, non pas d’agacement fort heureusement. Sa main libre continue à le flatter doucement, lui étudie encore de longues secondes le nouveau venu avant de sembler accepter sa présence dans leur petit cercle « Je crois que tu as sa bénédiction » pour ? Leur mariage ? « Mais n’en profite pas non plus pour me le voler. » rien d’étonnant ceci dit. Yu Dan était une personne calme, réconfortante. Elle ne doutait pas que Suzuki avait su sentir ça en lui malgré la nervosité de l’avocat
« Désolée, je ne partage pas. » même pas pour une petite promenade ?
Pillow était le choix parfait pour son aîné « On peut traîner un peu ici si tu veux et partir en balade un peu plus tard. Tu pourrais faire une beauté à Pillow pour marquer des points avant même. »

Il hésite. C’est sûrement idiot parce que ce n’est qu’un cheval… pourtant, Dan a le sentiment que cette rencontre est bien plus que ça. Plus importante encore que s’il rencontrait ses parents. Carrément plus importante même, vu le contexte… Là où plaire au père a presque été facile, se faire bien voir du précieux Suzuki lui semble aussi indispensable que insurmontable. Mais il veut le faire. Pour elle. Il veut le faire bien. Aussi, il hésite. Ne pas lui faire peur, ne pas le froisser…
Et puis, le sourire de Miran. Et le coeur du Chinois loupe un battement. Pourquoi ce cadre lui va-t-il si bien…? Elle rayonne. Elle l'affole. Les mêmes goûts… obligé de l’aimer… Dans sa poitrine, c’est une fanfare. Sur les joues, on se revêt en rouge. Est-ce si surprenant que ça…? Que Miran l’apprécie…?
Aimer. C’est le terme choisi.

Dan s’approche. Prudemment. Il n’a jamais vécu de telles présentations. Il tente de remballer sa nervosité et s’approche, la main à demi-tendue. C’est sans compter celle de sa fiancée qui vient doucement rejoindre la sienne. Douce chaleur qui ravage le coeur. Un vif frisson lui parcourt l’entièreté du corps. Il ne lui retire pas sa main. Il la laisse faire et bientôt, ses doigts trouvent le contact chaud et rêche du poil de la bête. Ses yeux, pourtant, se sont perdus sur celle qui le guide. La sensation de chaleur englobe sa main. Timide mais docile, il suit le mouvement mais il en oublie presque le but. Il ne regarde qu’elle. C’est comme si l’instant flottait… Jusqu’à ce que le ronflement de l’animal le tire de ses pensées pour lui rappeler l’importance de la rencontre. Dan prend alors conscience que le nez de Suzuki n'est qu'à quelques centimètres de lui, qu’il est si proche du cheval… et de Miran. Le visage de Dan s’enflamme mais il ne recule pas. La voix de la Belle vient lui chatouiller l’âme. Nerveux, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais ce n’est probablement pas que la faute du cheval. Leur main sont toujours liées. Son regard passe tantôt de l’encolure à sa fiancée. Il se rend compte qu’il n’a toujours pas dit un mot. Il tente alors de se reprendre, de se reconcentrer sur l’essentiel - elle, elle est son essentiel - et contemple Suzuki de plus proche. Il n’a pas l’air importuné mais il est vrai que sa stature en impose. « … Salut, Suzuki… » Il l’a déjà dit mais… c’est comme si, à présent, la connexion était établie. Une bonne connexion? C’est ce que Miran semble dire. Il lui jette un coup d’oeil, timoré : « … Vraiment…? … j’en suis ravi… » Comment ne pas l’être ? Un léger sourire se dessine sur ses lèvres et sa main ose bouger sans le lead de la cavalière. C’est une belle créature et sa robe est encore plus belle de près, baignée dans les rayons du soleil. Dan hoche la tête avant de la secouer maladroitement : « Oh non, ça … pas de risque ! Je n’oserais pas et je crois que tu es aussi sa cavalière adorée… » C’est que, pour un cheval, il a le regard perçant. Il dissuade toute tentative intruse de grimper sur son dos. Ses doigts remontent lentement jusqu’à sa crinière pour la caresser doucement.  « Tu es vraiment joli, Suzuki… même très beau, ça oui. » Dan sourit. Il se sent encore un peu nerveux mais se satisfait de ce premier contact. Pas de coup de sabot ou de coup de crocs.  « Je suis content s’il m’aime bien… Merci de me l’avoir présenté, Mi Ran. » De sa main libre, Dan ose même la poser sur bout de son nez. Le souffle de l’animal et chaud mais il ne le repousse pas. C’est fascinant ces grandes bêtes…  « Oui, on ira après. Profite de lui, ça fait longtemps que vous vous êtes pas vus, non ? » Il fait l’effort de se reculer pour laisser Miran retrouver toute l’attention de son cheval. Il les admire tous les deux. Ils font un beau duo, dans un beau tableau. Il peine à faire s’évanouir son sourire.  « Et bien sûr, je m’occuperais de Pillow ! Je n’ai jamais pansé un cheval mais j’ai lu que c’était très important de le faire avant chaque promenade alors… je ferais de mon mieux et j’écouterais tes conseils. Aujourd’hui, c’est toi la sunbaenim. »

Sa tête se tourne, son regard cherche celui de Yu Dan pour voir si tout va bien. Ils ne sont pas obligés de partir s’il n’en n’a pas envie et c’est ce que ses yeux semblent lui demander.
Pourtant, quelques secondes plus tard, elle met le pied à l’étrier.
Pillow est un amour, Yu Dan n’est pas si peu dégourdi que ça… et s’il lui a dit que ça lui faisait envie… c’est que ça lui fait envie.
Elle ne se pose pas plus de questions, et quitte la ferme au pas sur Suzuki.
A ce qu’on dit, les béliers sont d’un égoïsme sans fond. Ici, elle se défendrait. Si la promenade sur celui qui lui a tant manqué lui tenait particulièrement à coeur, elle aurait pu la faire plus tard et sans son fiancé.
Elle aurait pu aussi venir toute seule mais elle l’a invité… pour lui faire découvrir un bout de son univers oui….

Le courant passe avec Suzuki.
Il le fera aussi avec Pillow.
Alors elle chasse l’inquiétude sans pour autant forcer l’allure.
C’est une promenade tranquille. Yu Dan et elle. Suzuki et Pillow.
…
Un duo aussi opposé que l’autre, c’est vrai.
« Je crois qu’il t’aime vraiment beaucoup. Faut dire que tu lui as donné un traitement royal. » comme quoi, ce qu’on lit dans les livres peut réellement nous aider.
Pourquoi ça ne l’a pas vraiment étonné qu'il se documente ?
Peut-être parce qu’elle le connaît bien maintenant, ou pas trop mal.
Elle sait que si elle se retourne maintenant pour lui faire un compliment, son teint va se colorer, ou peut être va t’il se gratter l’arête du nez parce que la gêne le démange.
Elle sait qu’il manque à tort de confiance en lui. Et que tous les gens qui sont proches de lui savent qu’ils peuvent compter sur lui. Certains doivent même avoir tendance à se reposer sur lui. Yu Dan c’est comme un pilier solide pour les autres, mais fragile quand sa bulle se vide. Yu Dan c’est le genre à vivre pour les autres.
Pourtant, il doit être aussi du genre solitaire.
Il aurait pu être absolument insupportable.
Elle lui trouve peu de défauts de son côté.

« Il est vraiment très calme avec toi. » Pillow ne l’est pas avec tout le monde ?
Peut-être. Mais on ne le dira pas trop à Yu Dan « Tu te débrouilles bien. » parce qu’autrement les compliments ont moins de poids « Je connais un chemin tranquille, la promenade n’est pas trop longue. Pour une première sortie c’est mieux non ? »