Lit. Canapé. A nouveau lit. Son balcon à fumer quelques clopes.
Dans son appartement, la Choi tourne en rond comme une Bonnie Tyler qui le chante en boucle.
Et à chaque fois, son regard se pose sur l’heure qu’affiche son téléphone portable.
De 22 heures à 2 heures du mat’.
La routine de l’enfer s’installe sous les effets d’un décalage horaire qu’elle n’a pas l’impression d’avoir subi autant que ça jusqu’à maintenant.
Les voyages à répétition auront fini par avoir raison d’elle.
ça ou les angoisses de son quotidien.
Devant son armoire à pharmacie, elle hésite.
Prendre la petite pilule magique ou ne pas la prendre.
Rejoindre Morphée de manière forcée ou essayer une dernière fois.

Elle vient de se remater une bonne partie de la première saison de “the witcher”. Aussi plaisante qu’est la façon de jurer de Henri (et son physique hottie x3000), elle n’est pas certaine qu’un nouvel épisode solutionne ses problèmes.
Alors, dans sa salle de bain, elle regarde son heure à nouveau.
Demain, elle se lève aux aurores pour un shooting. Ses jolies cernes ne plairont pas mais il est déjà trop tard pour la pilule bleue Neo. Alors cette fois « Fuck. » c’est elle qui jure devant son miroir. Un coup de maquillage, une tenue enfilée et des cheveux relevés et elle choisit de faire le choix des braves… ou des gens stupides.
Soit terminer sa soirée dans un bar à boire quelques verres.
Au mieux, l’alcool la fait sombrer et tant pis pour les cernes + la gueule de bois demain.
Au pire, elle termine sa soirée avec un inconnu peut-être plus pathétique qu’elle.
Ou alors le “au mieux” et le  “au pire” sont inversés, elle ne sait plus trop.

Dans tous les cas, le shot de tequila trouve rapidement le chemin de son gosier. Pas d’inquiétude, aucune aubergine ne sera envoyée à son fiancé. Elle se l’est juré : ne plus l’appeler ou lui envoyer de sms quand elle sort. En tout cas quand elle boit trop.
Sage dépravée qui apprend de ses erreurs, elle commande un second verre et porte son choix pour un cocktail. Le barman est en train de lui préparer quand elle remarque l’homme aux tatouages. Celui de ce séjour à la neige. Celui du centre commercial. Le hottie musclé aux airs un peu beauf qui se cache derrière un gros masque d’hétéro.
???
Elle sait. Elle le suspecte du moins. Faut dire que la dernière fois qu’elle a croisé sa route, elle l’a vu rentrer dans une cabine d’essayage avec un mec dont il semblait un peu trop proche. Le frère pas vraiment frère de Yerin… les histoires du nord, elle n’y comprend pas grand chose. Enfin bref, il y a un bon 80% de chance que le pauvre homme joue les hétéros beauf parce qu’il n’assume pas. Elle trouve ça triste, parce qu’avec son pote, en vrai… elle les a trouvé assez mignons. Très bien assortis.

Alors, quand leurs regards se croisent. Elle lui sourit. Et les mots sortent seuls « Je t’offre un verre ? »
Quoi ? ça lui évitera de terminer dans le lit d’un potentiel psychopathe qui envisage de la faire empailler pour la faire poser dans son musée des horreurs.

Jour de grève.
Ouais.
Peut-être que s’il avait été français, Jaki aurait enfilé son petit gilet rose fluo pour affirmer sa protestation. Mais Jaki n’est pas français et il n’a pas de gilet fluo non plus. Jaki c’est juste un charo en puissance qui vit pas dans le bon siècle. L’air du féminisme, ça lui va pas trop ou du moins, ça arrange pas ses affaires. Les meufs d’aujourd’hui, elles veulent plus de compliments. Elles veulent plus de fleurs non plus, ni qu’on leur tienne la porte. Elles remettent les codes de dragues à zéro, sont exigeantes et … ça fait mal ?
Ouais, il souffre Jaki.
Il est persuadé d’avoir entendu des tintements métalliques en se levant ce matin. C’est plus des testicules, c’est du titane mon pote.
Peut-être que c’est un bruit qui aurait dû lui mettre à l’oreille. Peut-être qu’il aurait dû le prendre comme le clocher du changement. Celui d’appeler Madee ? Ouais, peut-être, mais c’est pas à ça que je pensais …
Il était peut-être temps de devenir un gars bien ?
Non. Le plaisant Jak a autre chose à foutre que de se remettre en question. Parce que cérébralement, c’est compliqué de réfléchir et puis mais surtout, parce qu’il est parfait ? Ouais, c’est ce que ses copains lui ont dit quand il les a questionnés ce matin. Ils lui mentiraient pas, eux, jamais.
Alors l’air de la révolte était monté.
Il n’avait prêté attention à aucune femme de journée.
Pas de pectoraux qui bougent l’un après l’autre à la salle de muscu pour le petit groupe de meuf qui le matent toujours. Pas de sourire charmeur à la caissière. Pas de tête retournée dans la rue et aucun regard baissé vers un cul quand il s’était retrouvé tout seul au bar.
Quelles aillent se faire foutre, la bande de moche.
Il n’a besoin de personne, à part de ses copains. Il l’a vu ce putain de film Barbie et il refuse de crever pour l’attention d’une pouffe, blonde, à gros …
« Avec plaisir. »
Hm.
C’est ce qu’il avait répondu avec un énorme sourire, en plein milieu de son discours mental et sans même hésiter une seule seconde, quand cette jeune femme qu’il avait l’impression de connaître lui avait proposé un verre.
…
Pour sa défense, elle n’est pas blonde et elle n’a pas non plus foule au balcon. Oui, car c’est pour des besoins purement narratifs qu’il avait discrètement relooké son décolleté. Rien de plus ? Jaki est un ken woke, n’oubliez pas.
Il s’était alors levé pour s’asseoir à côté d’elle, scrutant un peu son visage pour essayer de la remettre. Ouais, vu son âge, elle n’était pas maman. Et puis vu sa popularité ces derniers temps, il ne l’a pas vu nue non plus. Habillée par contre, oui. « Oh mais on se connait non ? » Il avait pris quelques secondes pour commander un whisky avant d’ajouter. « T’es Mi Ran c’est ça ? »

Un sourire passe sur ses lèvres avant qu’elle n’interpelle l’homme qui tient le bar.
Elle laisse au dénommé Jaki le soin de commander la boisson de son choix et elle dirige le sien vers l’un de ses cocktails favoris.
Voilà. C’est le début d’une comédie romantique grotesque dans sa version la plus classique.
La mannequin avec un bestie gay et ils s’apprêtent à jouer la scène du bar.
Scène au cours de laquelle elle lui racontera que son fiancé ne la regarde même pas. Si le film vire vers la vraie comédie, elle demandera sûrement au nouveau bestie de chauffer celui qui est engagé. Si on est vers la romance, il lui dira un truc du genre “beau brun ténébreux à 3 heures” et elle fera la rencontre du vrai héros du film.
Des fois, elle songe à anesthésier son cerveau pour cesser de divaguer à ce point.
D’autres fois, comme maintenant, elle le laisse à la dérive et elle préfère profiter du moment « C’est ça. On s’est rencontrés à ce truc au chalet. T’étais avec tes copains. » “ton copain” et un ami peut-être. Mais est-ce que ça la regarde ? Non.
« Jaki. Tu vois, moi aussi j’ai révisé mes leçons. » en fait, elle aurait mieux fait d’éviter les suppositions.

Mais passons. Les verres sont servis et elle lève le sien pour trinquer dans la plus pure des traditions ou presque
« De base, je commençais à me dire que boire seule et passer pour la nana mystérieuse, ou alcoolique, au bar, c’était pas un si mauvais plan de soirée… » ah oui… normal qu’il soit pas dans le coin le fiancé. D’un autre côté Yu Dan, qu’est-ce qu’il faisait quand il broyait du noir ?
Elle n’en savait rien.
ça faisait partie de la liste des thèmes ignorés. Mais puisqu’on en est aux suppositions foireuses, elle peut se risquer à l’imaginer avec un verre de lait coco, à fixer l’horizon pluvieux depuis la fenêtre de sa maison… aucune prise de risque, elle avoue. L’homme a l’air si solide qu’il est presque difficile de l’imaginer autrement que serein « Mais puisque tu es là Jaki..., ça va sans doute te paraître un peu brusque, mais si tu n’avais pas d’autre projet ce soir, est-ce que tu acceptes d’être mon copain de bar ? » rien à voir avec la team chaotique qu'elle est en train de fonder en somme.

Se rappeler du prénom d’une de ses conquêtes d’un soir plutôt que savoir se remémorer celui d’une nana qu’il n’a vu que habillé aurait pu lui épargner bien des gifles. De tête, au moins bien trois pour les deux derniers mois. La troisième qu’il s’est prise, à son sens, n’était pas justifié. Il n’avait jamais dit qu’il l’a rappellera ?
Les femmes n’entendent que ce qu’elles veulent de toute façon.
« C'est ça, mais tu peux m'appeler le Plaisant Jak si tu veux. »
Et les femmes retiennent mieux les prénoms, visiblement, mais cela ne l'avait pas empêché de sortir une de ses répliques les plus mythiques (claquée) avec un clin d'oeil en prime.
« Ouais et toi tu étais avec ton … » À vrai dire il n’en sait trop rien ? Au premier abord, il aurait dit son mec mais il n’avait jamais vu la moindre tendresse entre eux. Peut-être sont ils pudique ? Ou lié par le sang, voire par ce délire un peu sombre de l’amitié homme/femme. « Un type. » Beau résumé que de le désigner par son genre supposé. Tu y as pensé si il se considérait autrement ?
Peut-être que son mec, son frère ou que sais-je se considérait comme une femme mais ce qui était sur, c’est qu’il était le hero de la belle pour ce soir. Du moins, c’est ce qu’il en déduisait ?  Certes, elle aurait été un très joli pilier de bar mais l’image est peu flatteuse … Quel mythe gâché si elle venait à se brosser les dents au whisky ?
…
Non, il avait besoin d’effacer cette image de sa tete.
Alors il avait agité la tête négativement, comme pour aider l’oubli et répondre à la négative à sa question sur ses plans.
Dans ces plans, il devait éviter la gente féminine … mais ne serait-il pas un goujat à la laisser seule à son triste sort ? Il pouvait prendre sur lui, le cœur aussi lourd que ses … « Mes projets n’étaient pas plus passionnant. » Il avait bu une gorgée avant d’ajouter. « Buvons ensemble pour oublier, tels les rejetés de la société que nous sommes. » Un clin d’œil plus tard et le voilà parti s’accompagner de violon pour son numéro du mal aimé. Il se confie sur des problèmes fictifs ou minimes, elle compatit, elle n’en est pas insensible et puis elle le console à l’horizontal.
Un génie.
Ouais, enfin ça, c’était quand le monde était encore parfait.
Acceptera-t-elle de le réconforter? Elle n’a pas d’airbag indécents, mais il irait bien y nicher sa tête. « Pourquoi t’es toute seule ? Qu’est-ce que tu as a noyer ? » Il n’était pas psychologue mais il était prêt à le devenir. Paiement en nature uniquement ! « Tu sais, la vie, elle m'a tellement tabassé et pourtant je suis toujours debout ... » Pardon ? Tabassé de quoi ? « Alors il parait que je suis de bon conseil.»

Avec son type.
Oui c’est ça, elle était avec son type.
Curieuse manière de définir Wu Yu Dan mais dans le fond… le point de vue n’est pas si mauvais.
Qu’est-ce qu’ils sont au juste ?
Deux amis, peut-être, sans bagues de fiançailles officielles mais tout de même fiancés, qui ne pratiqueront jamais la chose comment on le dit à une heure de grande écoute, et qui se retrouvent ensemble - en quelque sorte - parce que leurs parents en avaient décidé ainsi.
Oui son type ça marchait plutôt pas mal. Avec une petite notion d’amicale à l’intérieur juste… Yu Dan avait l’air sérieux sur ce point « Wu Yu Dan. » qu’est-ce que ça va lui apporter de connaître le nom du type.
Rien.
Mais c’est un fait qu’elle peut annoncer sans se tromper.
.
« Génial. ça fait longtemps que je m’étais pas faite une petite soirée aux accents dépressifs. » quoi ? Les rejetés de la société, tout ça…
Est-ce qu’elle en est une ?
Pas vraiment. Mais parce qu’elle fait semblant de rentrer dans un moule préconçu pour elle. En ça, Jaki est sans doute beaucoup plus honnête qu’elle. Il en a l’air… même si elle le soupçonne de ne pas tout afficher aussi clairement que sa carte intrus de la société
« Ma vie. Mais j’suis pas très titanic, la glace sans rien avec tu comprends… » génial votre ambiance… « J’ai du mal à dormir en fait. J’crois que je subis ce truc qu’on appelle décalage horaire. Et il est l’heure où Morpheus pense qu’il est trop tard pour la petite pilule bleue. J’ai rien trouvé de sympa sur netflix. Du coup, j’me suis dit que ce serait sympa de m’offrir une soirée spéciale beuverie pour regretter mes choix de vie demain. Repousser les regrets à demain, j’adore le concept. Et toi ? » il y avait sans doute une version plus courte  « Je pourrais essayer de deviner mais j’crois que j’suis pas très douée à ce jeu-là sur toi. » oui parce qu’aux premiers abords, elle l’avait pris pour son total imposé. Quelle importance ce soir ? En sirotant le premier verre, elle se dit qu’ils pourraient se donner l’image la moins glorieuse possible en guise de première impression, ce serait pardonné par les lois qui gouvernent les soirées des buveurs blasés et sans amis

Wu Yu Dan.
Hm.
Probablement qu’il allait oublier son nom dans une heure. Un truc avec la mémoire sélective et des neurones en moins. Il n’est pas capable de retenir le nom de ses conquêtes alors celui d’un type avec qui il n’a presque jamais d’interaction ? Peine perdue. « Ouais peut-être. » Il avait haussé les épaules. Elle aurait pu lui sortir n’importe quel prénom qu’il n’aurait pas été sûre qu’elle dise vrai. Il aurait pu gober n’importe quoi, sauf si elle le nommait casserole. Parce qu’il aime se faire tenir par le manche … ouais, pour celle-ci, il a la référence.

Mais rappelons nous que personne ne lui tient le manche et tel est la cause de sa dépression du jour. Ou plutôt, le fait qu’il ait l’impression d’avoir perdu de sa superbe ?
La présence du mannequin pourrait lui paraître comme un défi. Un trophée à soulever comme la champion’s league, une manière de se faire pat pat par le tout puissant mais il était déterminé à esquiver la main. Celle-ci l’a trop souvent giflé pour qu’il soit confiant.  
Si sa banderole de grève n’était pas là c’est parce qu’il l’avait oubliée mais la volonté était là … ou du moins, un peu. Rome ne s’est pas fait en un jour et Jaki ne peut pas changer en une heure. Et puis, il est sensible ? Pourrait-il la rejeter si elle a besoin d’être réconforté ? Quel homme horrible serait-il si il faisait une chose pareille …

Pour la réconforter, il faut au moins savoir pourquoi elle boit seule comme une âme en peine. Alors il l’écoutait Jaki, pour de vrai. C’est un truc que les femmes aiment. il a remarqué … être écouté. Alors il hochait la tête ici et là avant de rendre sa conclusion. « Hm, je vois.» L’air solennel, regard attentif et empathique. « Et je comprends, c’est chiant de ne pas trouver le sommeil. » Sans déconner mister obvious ? « Mais c’est une habitude de faire de mauvais choix chez toi ? Ceux que tu regrettes le lendemain ? » Ça tombe bien, les femmes à qui ils brisent le cœur ont l’habitude de dire qu’il est une erreur. « Pour l’instant, j’vois pas ce que tu aurais à regretter à part probablement une gueule de bois demain. » La question est retournée et un orchestre pourrait presque débarquer pour accompagner son grand numéro. « Moi ? » Il s’était lui même pointé du doigt. « Personne ne m’aime. » Le violon s’emballe, Vivaldi perd la raison. « Je donne beaucoup, à tout le monde. Je suis généreux, sensible et sentimental et on me crache au visage. » Sentimental … « Alors j’ai parfois besoin de rester seul. Pour prendre du recul tu vois ?  » … Il ne pouvait pas lui dire qu’il boudait parce que cela faisait trop longtemps que son fusil n’avait pas tiré …

Alors Miran, qu’est-ce que t’as à répondre à la question à un million de dollars ?
Y’a bien une ou deux soeurs d’ailleurs qui auraient trouvé de bon ton de répondre, sans se laisser le temps de la réflexion, que c’était même une tradition, un talent rare… avant de se taper un long monologue sur pourquoi le seigneur ne demandait qu’à l’accueillir bien qu’elle fasse tout pour le fuir.
Question de principe, l’engagement c’était pas son truc… assez ironique quand on se retrouve fiancée à son âge mais hey, elle n’avait toujours pas d’alliance officielle. Rien qu’une fausse, achetée elle-même, et portée quand elle voyait ses parents pour éviter les questions… et d’autres longs monologues..
« Jaki, c’est même ma religion. » pour une fois qu’elle était croyante ! Mais le plaisant Jak’ n’a pas tort… difficile de voir ce qu’elle risquait maintenant.
…
Forcément, on se sent toujours rassurée avec quelqu’un qui regarde dans la même direction « Ce n’est pas faux. Tant pis, je serai mauvaise pratiquante ce soir. » et mauvaise pour juger les autres ?

C’est vrai qu’aux premiers abords, elle ne l’aurait pas décrit comme le type généreux, sensible et sentimental. D’un autre côté, si on regarde les premiers traits de pinceau, son portrait de l’homme pourrait presque s’appeler le beauf... ou un genre de bad boy... quelque chose du style.
Pas d’offense, elle en a déjà eu dans sa vie. En fait, si on doit la jouer franc-jeu, ça lui arrive souvent de faire figurer ce type d’écarts à son menu. Question de confiance en soi, elle est sûre qu’un psy aurait beaucoup à y redire.

Heureusement, ce soir Jaki c’est son grand copain à priori « Je comprends… le besoin de solitude. » en même temps, quand on se retrouve à boire seule au bar du coin… « Mais si tu fais exception pour moi, je paie les tournées. ça compensera le manque de générosité dans ta vie. » bourrons-nous la gueule et recommandons d’ailleurs une tournée « Alors Jaki…. » jambe croisée, regard de début d’enquête et elle commence l’étude du sujet « Etant donné qu’on ne se connait pas du tout toi et moi… qu’est-ce que tu fais dans la vie ? »

Tu es une religion Jaki ?
Hm. Ça ne lui aurait pas déplu d’être un gourou. S’imaginer entouré de femmes plus belles les unes que les autres qui ne chérissent que lui et lui sont entièrement dévoué, c’est quelque part le rêve de toute une vie.
Mais vous savez, le plaisant Jak n’est pas aussi con que cela. Et plus important encore, il a suivi la conversation. Oui, cela lui arrive aussi quelque fois, à l’occasion.
Il ne l’est pas assez pour ne pas comprendre qu’elle parl ait de ses mauvais choix. Il l’est par contre suffisamment pour croire que c’est une aubaine ? Combien de fois ces femmes aux cœurs en miette l’avait qualifié de mauvais choix ? Trop, tellement ? Et soudainement, le terme péjoratif devenait un compliment. Et subitement, il la voyait dans ses bras, le qualifiant du meilleur mauvais choix de sa vie …
…
Comment ça une mauvaise pratiquante ce soir ?
« C’est pas du tout ce que je voulais dire ! » Il se défendait subitement avec trop d’entrain. La voix avait été haussée soudainement dans l’élan de vouloir réparer sa bêtise. La réaction était complètement hors sujet quand on n’a pas suivi ses pensées. Alors, il se calmait un peu, raclant un peu sa gorge pour tenter de ne pas paraître pour un demeuré. « Enfin j’veux dire, c’est pas une mauvaise chose de faire des mauvais choix … Enfin si ! Mais genre, j’te juge pas ? » Il avait bu une gorgée de sa boisson comme si cela allait faire monter l’air dans son cerveau. « Ça arrive à tout le monde d’en faire. »
Jaki, tu as conscience que ça ne veut rien dire ?
Visiblement, lorsqu’on le regarde boire à nouveau. Visiblement, il n’y a pas encore assez de bulle pour enfin d’oxygéner le cerveau ? Si vous voulez mon avis, quinze litres d’eau gazeuse ne ferait pas la différence non plus … mais soit ?
Hm, c’est pas grave mon champion. Tu as trébuché mais tu n’es pas encore au sol. Fait lui donc ton grand numéro d’homme à fleur de peau, sort les violons du type meurtri !
Alors c’est ce qu’il a fait … La mine du type torturé, dont les sentiments sont malmenés … Le dark sasuke sensible qui ne demande qu’à être réconforté. Et il le joue bien ? Le visage mi fermé, mi attristé … Le martyr des temps modernes, le martyr de l’amour ? Celui qui semble porter le poids du monde sur son dos quand il répondait : « Ouais … » avec un grain de mystère dans la voix, encore plus quand il enchainait avec : « Mais bizarrement, ça me fait un peu de bien de te parler … » Et ça lui ferait encore plus de bien de – « J’vais pas te laisser tout payer ? » Quel gentle- « On fait chacun notre tour ? » Je retire à moitié ce que j’ai dit …
Le verre est terminé, le « Hm ? » accompagné d’un regard interrogateur prononcé alors qu’il était entrain d’avaler. Cette question, c’était une nouvelle carte à jouer. « J’suis instituteur de maternelle. » Le verre est reposé. Soit bon, champion !  « J’adore les enfants, légalement parlant, je veux dire. » Tu fais bien de préciser oui … « J’ai jamais vraiment aimé l’école jusqu’à ce que je tombe sur un prof super qui m’a pris sous son aile. Je le voyais comme un père un peu tu vois ? Il est mort quand j’suis arrivée dans ce fameux tournant de la vie où il faut choisir son orientation … Alors j’ai voulu être ce quelqu’un pour ces gosses qu’ils sont comme moi. »
…
C’est dégueulasse de mentir sur ce genre de chose Jaki. La vérité c’est que t’as choisi un truc au pif et que dans le fond, ça te faisait marrer qu’un type comme toi puisse enseigner … « C’est un métier cool … On a pas vraiment de quoi s’ennuyer. » Et les maman Jaki, tu veux aussi lui en parler ? « Et toi ? Laisse-moi deviner. » Est-ce qu’il prend vraiment prétexte de cette devinette pour la mater ? « T’es mannequin ? Ou du moins, tu aurais pu l’être. » La réponse est oui, pour le matage. Il n’a rien deviné du tout, il avait vaguement entendu sa profession lors du séjour …

« De toute façon, si tu voulais me juger, va falloir faire la queue, comme tout le monde. Et le prochain créneau n’est pas avant l’année prochaine. » une pile de jugements sur son existence. Rien à faire comme on dit. Ainsi va sa vie, vers le moule qu’on essaie de l’obliger à intégrer… sauf qu’elle a trop de mal à y loger.
Elle se débrouille pourtant plus si mal avec ça maintenant non ?
C’est pas faux… et du coup, c’est à présent elle qui se juge.
Mais passons, le sujet est déprimant, elle préfère glisser quelques gorgées de plus dans son gosier, boire avec un presque inconnu. Et se confier sur la dichotomie du bien et du mal, quelque chose comme ça.
« Alors parlons, et buvons assez pour sortir d’ici comme si on était des meilleurs amis depuis toujours. » qu’importe pour la carte, la sienne était chargée mais si son nouveau grand copain veut participer, elle acquiesce avant de le cuisiner.

« Vraiment ? » la révélation de son métier la surprend. Elle se dit qu’elle l’a vraiment catégorisé du début à la fin, c’est déjà condamnable en soi, mais elle l’a, en plus de ça, fait si mal qu’il faudrait sans doute se demander si elle ne possède pas la plus mauvaise intuition du pays « C’est marrant, j’te voyais pas du tout instit’ » encore moins avec une histoire à sortir un petit violon, option émotion ou personnage attachant du film « T’aurais voulu faire quoi si t’avais pu faire ton choix sans que ton coeur décide ? » pas de jugement, ni de critique, son choix imposé est pire que le sien. Pour lui, au moins, c’est une belle action.
Si on oublie qu’il lui ment, naïve enfant.

« Coupable. » métier génial de potiche oui, ça mérite bien de finir son verre « J’ai une vie de rêves parsemée de voyages, et de décalages horaires. Mais en contrepartie du sommeil pourri, j’ai rencontré quelques têtes connues. Comme cet acteur qui meurt dans Harry Potter, dont l’amour répond au nom de Bella, mais qui se sent actuellement Bruce. » devinette improvisée. Ceci dit, les rencontres à paillettes, on les a aussi avec ses parents si fabuleux. Sa vie brille tellement qu’il faut sans doute des lunettes de soleil pour se protéger des paillettes.

C’était bien rattrapé.
T’es un bon Jaki !
Enfin, oui ?
Au moins, il l’avait laissé entendre qu’il ne portait aucun jugement sur ses choix de vies. Les bons comme lui. Et les mauvais … comme lui aussi ? Jaki était un homme tout terrain dans ce monde où finalement, son existence et ses actions ne sont qu’une question de perception. En somme, c’est un bon type quand il envoie des bouquets à ses conquêtes mais il devient mauvais bougre quand il confond les prénoms … Pourtant, ça ne change rien à sa première action ? Le monde n’est pas entièrement blanc, ni entièrement noir. Jaki non plus.

Cependant dans toute cette affaire, sa réaction l’avait surpris. Il y avait tant de gens prêt à la juger que cela ? Le monde est bien plus cruel pour les femmes ou du moins, elles le sont beaucoup plus entre elle ? N’allez pas vous imaginer que Jaki est woke. Jaki est Jaki, on ne va pas se mentir … Cependant, il avait levé les mains comme le font ceux pour démontrer qu’ils ne sont pas armés. « C’est pas mon genre. »
Seigneur, il y aurait bien plus à juger sur sa vie ?
Dit moi Jaki, pourquoi tu es en froid avec ta famille déjà ?

Il préférait encore trinquer à cette nouvelle amitié. A cette nouvelle meilleure amie pour toujours ?
…
C’était pas dans les projets de base ça. Dans meilleurs amis, il y a amis. Est-ce que les amis font grincer des lits autrement qu’en sautant dessus ? Hm, oui. Madee est son amie et pourtant, il n’y avait pas que des batailles d’oreillers entre eux. Et puis, dans le fond, ça lui faisait déjà un pied dedans. La friendzone ? Laissez-moi rire. Une barrière dessinée à la craie qu’il allait se faire un plaisir de passer sans même la regarder.
Mais attend, le projet de base c’était pas de faire une révolution anti-meuf du coup ?
Trop tard, les verres s’étaient entrechoqués. « Et que nos vies deviennent meilleures grâce à l’autre. » Si elle manquait d’idée pour améliorer la sienne, il en avait pleins.

Comme pleins de mensonges pour l’attendrir ?
N’aurait-il pas pu faire là un super producteur de film dramatique ?
Lui en tout cas, il en était convaincu. Il n’avait pas la moindre once de culpabilité. Non, lui, il était fier de sa connerie. « Je sais, on me le dit souvent. » Physiquement surtout par rapport aux tatouages et lorsqu’on le connait réellement … tout finalement … Surtout quand il a ce sourire de con quand elle lui avait demandé ce qu’il aurait aimé faire. Ce qu’il aurait aimé faire ? Acteur porno. Pourtant, il ne pouvait pas se permettre de lui dire. Il ne pouvait pas se confier sur des points aussi intimes. Elle ne pouvait pas débarquer et raser complètement son jardin secret ?
Alors il avait fait mine de réfléchir avant d’annoncer après quelques instants. « Manager ? Pour accompagner les autres dans leur carrière. » Dans le fond, manager c’était un bon filon. Le manager, il rencontrait les stars. En somme, le manager, il avait l’opportunité de rencontrer des canons.
Par exemple, il aurait pu manager Choi Mi Ran la mannequin et se taper ses copines.

C’était bien mieux que ces qualités de médium qu’il avait emprunté ou plutôt soit disant. Il n’avait rien inventé, pas vraiment recherché. Essentiellement maté avant de sortir une information qu’il avait entendu quand ses oreilles trainaient.
Sa tête avait acquiescé le passage sur l’acteur.
Sa tête avait cherché.
Il n’avait pas trouvé.
« Hm, ça a l’air plutôt discutable niveau hygiène de vie mais si ça apporte autant d’opportunité de découvrir mille et une beauté de son monde en utilisant le privilège d’en être une, j’imagine que c’est un échange équivalent. » Il avait haussé les épaules. « Après, vous êtes mieux placée que moi pour en parler. » T’es pas une des beautés de ce monde toi Jaki ? Oh, ne le flattez pas. « Et qu’est-ce que tu aurais fait si tu aurais dû faire autre chose ? »