(( ootd )) Depuis combien de temps est-ce que tu n’avais pas mis les pieds là-bas ? (Est-ce que le trajet n’aurait pas un amer goût tout comme la dernière fois ?) Ce serait mentir que de dire qu’une certaine appréhension ne te tordait pas l’estomac.
Pourtant, c’était censé te changer les idées. C’était supposé de sortir un peu de ton quotidien dans lequel tu semblais actuellement t’enliser. (Cet état de désespoir profond qui réussissait, ces derniers temps, à te maintenir éveillé.)

Plus d’un an après la fin de FEATHERS, où est-ce que tu en étais ? Toujours dans ta chambre d’enfant, chez tes parents, à essayer de réapprendre à respirer. Pourtant, tu progressais. Petit à petit, tu semblais remonter la pente. Sortir de ta chambre. Recommencer à composer. Chanter à nouveau, recommencer à danser. Publier quelques actualités sur les réseaux sociaux.
Tu avais l’impression de stagner. Tu avais simplement l’impression de difficilement te maintenir à la surface, plutôt que de vraiment progresser.
(Quelque part, sans doute quelque peu impatient, tu peinais surtout à voir la réalité. Ça te prenait des pas d’enfant, mais malgré tout, tu progressais.)

Le métro te ballote encore, alors que ton téléphone vibre entre tes doigts. Tu baisses le regard vers l’écran, pour lire que Samuel venait tout juste d’arriver à l’aéroport. Par message, tu confirmes que tu n’allais pas tarder, pendant qu’à tes oreilles est annoncé l’arrêt que tu attendais. Ton cellulaire est rangé dans la poche de ton pantalon, et voilà que tu élances tes jambes jusqu’au grand bâtiment.
Sur place, c’est un geste de la main qui attire ton attention. Un sourire éclaire doucement ton visage. Tu rejoins le compositeur, tout en retirant tes écouteurs. « Heeeey ! » t’exclames-tu en retour, avant de farfouiller dans ta pochette pour fièrement brandir ton passeport. « J’ai même pas oublié, tu vois ! Mais ça va, et toi ? » Demi-vérité. Tu ne souhaitais pas plomber l’ambiance tout de suite. Pas alors que le brun t’avait invité pour tout un weekend pour, justement, te changer les idées. « En première classe ? Ooh, fallait pas, tu sais. » souffles-tu, embêté. Pourtant, tu comprenais, quelque part. Vous y seriez sans doute plus tranquille, Samuel étant bien moins anonyme que tu ne l’étais redevenu. « Mais merci beaucoup. Tu me diras combien je te dois, hein ? » Ça t’importait, surtout pour ce genre de choses. Tu voulais rester capable, au moins un peu, de subvenir à tes propres besoins, sans avoir à profiter des revenus de tes amis.

« On peut aller s’enregistrer si tu veux. » proposes-tu alors, avant d’avancer un peu vers la file qui commençait doucement à s’allonger. Au moins, ce serait fait. « Quoi de nouveau ? » demandes-tu, sincèrement curieux. Petit à petit. Petit à petit, tu réapprenais. Tu t’entrainais à tisser des liens qui avaient été entachés par les évènements que vous aviez, mutuellement, traversés. « Tu m’entraînes à Séoul pour tout un weekend, c’est ça ? T’es sûr de toi ? Tu n’as pas peur de devoir me supporter aussi longtemps ? » plaisantes-tu doucement.

(( ootd )) Beaucoup de travail. Un sourire léger étire doucement ses lèvres. D’une certaine manière, tu en étais heureux. Heureux qu’il ne soit pas laissé pour compte, rassuré qu’il ne se retrouve pas sans rien, oublié. Pourtant, le ciel ne te semblait pas être d’un bleu immaculé pour autant. Il y avait toujours cette crainte. Il y avait toujours cette peur que le garçon ne s’use trop fort, qu’il ne se perde dans cet univers.

Toutefois, tu étais embêté qu’il t’ait payé le transport. « Je note pour le dîner ! » acceptes-tu tout de même. Tu n’étais pas certain que ça remettrait les comptes à zéro dans leur totalité, mais c’était déjà quelque chose. Tu le remercies encore, avant que vos corps ne s’engagent dans la file d’attente pour l’enregistrement. Tu lui demandes quelques nouveautés. Samuel travailler sur un projet pour un nouveau groupe. De jeunes artistes, avec de bonnes idées. Cependant, le garçon devait arranger pas mal de choses, ce qui le conduisait à monter sur Séoul. Tu hoches la tête, doucement. « Si vous pouvez travailler ensemble, c’est une bonne chose ! » Si le groupe pouvait proposer des choses, c’était sans doute plus motivant pour tout le monde. Si leurs idées étaient bonnes, s’ils pouvaient s’y adonner, tu imaginais que ça aiderait à leur succès. « Moi, mmh … » réfléchis-tu un instant. « J’ai pas mal avancé sur un projet et … je pense que ça commence à ressembler à quelque chose ? » Pourtant, tu n’arrivais à te sentir totalement satisfait. Comme s’il manquait un élément. La pièce qui ferait du puzzle quelque chose de complet. « Mais … » commences-tu, avant de t’interrompre. Peut-être que tu avais tout simplement peur. Peur de ne pas réussir à franchir tous les obstacles. Peur qu’on te ramène sur Terre avec violence, qu’on te souffle quelques monstrueuses vérités à propos des pistes sur lesquelles tu t’acharnais.
Here we go again.

Tu secoues la tête, changes doucement de sujet : est-ce qu’il t’emportait à la capitale en ayant conscience de ce que ça pouvait impliquer ? Est-ce qu’il était prêt à te supporter ? Ta voix adopte le ton de l’humour, mais au fond, sans doute que tu crains d’imploser.
Peut-être que tu ne devrais pas.
Peut-être qu’il est encore temps de tourner les talons, de fuir cette file d’attente, et de retourner t’enfermer dans ta chambre. (Laisser le temps défiler sans que tu ne puisses rien y faire. Le laisser s’écouler, tout en entendant ce tic-tac désagréable. L’oublier, jusqu’à ce que l’intégralité de tes rêves se soient effacés.)
Dans le pire des cas, il te laisserait là-bas. Un rire doux vient étirer tes lèvres, tandis que ton corps tente de donner le change. Est-ce que tu avais envie de faire quelque chose en particulier ? Y avais-tu seulement réfléchi ? « Tu veux rire ? Je crois qu’après toutes ces années passé à Séoul, je n’ai jamais pris le temps de visiter vraiment ? » Tu hausses les épaules, doucement. Au fond, tu avais dédié tes années là-bas à travailler. Tu t’étais acharné encore et encore.
Pour quoi ?
Pour en arriver là.
« Mais honnêtement, tout ce qui te tente me convient également. Je pourrais me promener le reste du temps, je commence à être grand, je devrais réussir à m’occuper. » proposes-tu, avec un léger sourire. Au fond, tu espérais juste te changer les idées : pratiquement n’importe quelle activité devrait te satisfaire.

Devant vous, la file continue de diminuer. Votre tour fini par arriver, et tu t’approches de l’hôtesse d’accueil, pour présenter ton billet ainsi que tes papiers d’identité. Pendant quelques secondes, tu attends Samuel sur le côté, avant que celui-ci ne te rejoigne. « C’est tout bon pour toi ? » demandes-tu, bien qu’il ne semble pas particulièrement inquiet. « On peut prendre un café en attendant, si tu veux ? Sauf si c’est un peu juste d’ici l’embarquement. » réfléchis-tu un instant, tout en jetant un coup d’œil à ta montre. « Mais sinon … on peut aller se poser par là-bas, ça semble .. tranquille ? »

(( ootd )) Est-ce que l’inspiration continuerait de te suivre au cours de ce petit séjour ? Tu n’en avais aucune idée. D’une certaine manière, ça ne te déplairait pas. Ça t’irait de continuer d’avancer sur le sujet. « Si tu en as envie, oui, je pourrais te montrer. » acquiesces-tu doucement, lorsque l’australien te propose de jeter un œil à tes compositions. Par le passé, Samuel avait toujours eu de bonnes idées pour améliorer ce que tu faisais. Talent certain, qui semblait savoir mettre les paillettes là où il fallait.

Est-ce qu’il tenait vraiment à te supporter sur un weekend entier ? Toi et tes insécurités ? Il voulait bien aller là où ça te tentait. Après tout, il t’embarquait bien dans cet avion. Un léger sourire s’accroche à tes lèvres. « Tu iras où j’irai ? » plaisantes-tu, doucement. Après tout, tu le suivais bien, toi aussi. Jusqu’au bout du monde ? Peut-être pas non plus (sauf si la musique vous portait). Après tout, il avait Noeh et tu avais … L’image de Yong Sun s’incruste sur tes prunelles, pourrait presque te faire monter le rouge aux joues, avant que tu ne te ressaisisses. Allons donc. Qu’est-ce que tu t’imaginais là ? Samuel avait Noeh, donc.

Une fois vos documents contrôlés, tu proposes au brun d’aller prendre un café, avant d’embarquer.
Il était content que tu sois venu. Les paroles te surprennent un instant, puis te réconfortent, doucement. Il ne pensait pas que tu accepterais. Il ne pensait pas, parce qu’au fond, les choses avaient changé. Tu ne pouvais que hocher la tête. Tu comprenais. « Je suis content que tu me l’aies proposé, tu sais. » souffles-tu, doucement. « Je te mentirai en disant que je n’ai pas peur de retourner là-bas. Pas que Séoul me fait peur mais … Les souvenirs, j’imagine ? Il y en a des bons, bien sûr, mais les autres … » Les autres pourraient prendre trop de place. Les autres pourraient venir te pourrir l’esprit, sans que tu ne réussisses à revenir. « Mais je peux pas passer le restant de ma vie entre ma chambre d’ado et le boulot. Même si les pâtisseries du Macaron Glacé sont délicieuses, hein ! » te rattrapes-tu, avec un sourire. Yong Sun serait sans doute heureux que tu te remplumes un peu, mais tu ne pouvais pas non plus t’empiffrer des délicieux gâteaux à longueur de journées. Plus que n’importe quoi d’autre, c’était la musique qui te faisait respirer. « Donc … merci de m’avoir invité. Puis qui sait, peut-être que ce sera l’occasion de bien avancer sur … mes morceaux ? » Peut-être que vous trouveriez les pièces manquantes.

Tu commandes ton café, attends que Sam fasse son choix, avant de régler le tout. « Et toi ? » Les choses avaient été agités pour le garçon aussi, au cours des dernières années. Différentes, mais guère plus douces que les tiennes.
« Noeh … ça va aussi ? » t’enquiers-tu, après t’être installé à une table libre. Tu n’avais pas eu de nouvelles du garçon depuis un moment. Perdu dans ton propre monde. Occupé à essayer de te soustraire de tes propres démons pour correctement prêter attention à ceux des autres.

(( ootd )) A défaut de conjurer le sort, vous pouviez au moins tenter de l’adoucir. La formulation, douce, presque innocente, te fait tendrement sourire. « Je pense qu’on peut tenter, oui. » concèdes-tu, finalement. Est-ce que les démons pouvaient s’apaiser ? Est-ce qu’ils pouvaient quitter le dessous de ton lit, pour enfin laisser ton esprit soulagé ?
La douce poésie dont est emplein ton ami pourrait presque te redonner espoir. Elan qui te pousse même à parler des quelques morceaux que tu composes entre les murs de ta chambre, trop craintif – encore – pour vraiment oser les partager au monde entier. Un premier pas consisterait sans doute à les montrer à Samuel. A avoir ses retours pour que tu puisses continuer à progresser. Le garçon se montre enjoué à l’idée d’écouter tes morceaux. Tu hoches la tête, ne serait-ce qu’en guise de promesse. Tu les lui montrerais.

Vous commandez vos cafés, pour ensuite vous installer à une table libre. Tu t’enquiers de l’état son petit ami. L’année passée avait été une drôle d’année. Tu hoches la tête, compréhensif. Au fond, tu manquais sans doute de détails. Trop pris dans tes propres affaires, obnubilé par tes soucis, tu avais omis de t’inquiéter de ceux des autres. Au fond, tu t’en voulais. Tu t’en voulais d’avoir été autant la tête dans le guidon – surtout pour chuter avec une violence dont tu peinais, aujourd’hui encore, à te relever. (Tout chez toi le trahissait : ton corps plus fluet, ton sourire moins lumineux, et une certaine incapacité à être vraiment heureux.)
« Ce n’est pas de ta faute. » Ce n’était sans doute pas celle de Noeh non plus. Peut-être qu’il y avait là un malicieux destin, si on voulait bien y croire, mais rien, à tes yeux, qu’on ne puisse incomber à l’un des deux. Est-ce qu’ils en étaient devenus plus forts ? Sans aucun doute. « Mais j’ose croire que petit à petit … Les choses iront pour le mieux entre vous deux ? » (Tu l’espérais.)

Et toi ? Est-ce que ton cœur s’emballait à la vue de quelqu’un ? « Mmh. » hésites-tu, un instant. Est-ce que tu devais lui parler de Yong Sun ? Est-ce que tu devais mentionner ton frère qui l’avait pris à parti pour lui souffler de ne pas te blesser ? « Non ? Enfin, je ne suis pas en couple ? » souffles-tu finalement, avant de glisser une main dans ta chevelure blonde. Pourquoi est-ce que tu hésitais autant ? Pourquoi est-ce que l’image du back dancer s’imprimait ainsi sur ta rétine ?
L’espace d’un instant, tu réalises que Samuel l’avait peut-être déjà vu. Lorsque tu trainais aux côtés du brun, à attendre votre tour lors des music shows. Lorsque tu restais collé au plus âgé, juste parce qu’il te l’avait demandé.
Un ami. Une compagnie de longue date, un être dont tu semblais être le petit protégé. Yong Sun avait bien soufflé quelques bêtises à ceux qui s’y intéressaient un peu trop.
Tu secoues la tête, pour chasser ces pensées. S’il y avait eu quelque chose entre vous, est-ce que ce n’était pas terminé ? Comment est-ce que tu pouvais expliquer que sa présence soit, alors si réconfortante ? Comment est-ce que tu pouvais expliquer que, sans lui, tu serais probablement encore au fond de ton lit, à broyer du noir parce qu’incapable d’affronter un quotidien qui était désormais le tien ?
Peut-être que tu aurais dû retourner à Séoul avec lui. Lui montrer que, petit à petit, tu t’en sortais.
Ta gorge se serre, tes pensées s’emballent un instant. Essaie donc de revenir dans l’instant présent. « C’est idiot. » te reprends-tu, doucement. « Mais parfois … J’ai juste peur que des fans puissent l’apprendre, si jamais … Si jamais il y avait quelque chose ? » Est-ce que les choses évoluaient ? Si les rumeurs qui courraient autour de Seul Bi, est-ce qu’elles avaient entaché, de la même manière, le destin de Samuel dans l’industrie ? Est-ce que les choses, avec les années, étaient mieux acceptées ? Tu n’en avais aucune réelle idée.

(( ootd )) Tu voulais croire en quelque chose de plus doux, pour vos petits mondes. Quelque chose d’un peu mieux, d’un peu plus accepté que ce que vous aviez pu voir jusqu’à maintenant. Tu voulais croire en eux. Tu voulais croire en Samuel et Noeh, même si tu n’avais encore jamais rencontré ce dernier.

Et toi, alors ? (Est-ce qu’il y avait l’ombre d’un vous qui se dessinait ?) Tu hésites, un peu, n’oses avouer qu’à demi-mots qu’il y avait quelqu’un que tu appréciais. Tu ne peux retenir un léger sourire lorsque Samuel fait mouche, t’évadant un instant dans tes songes. L’image de Yong Sun s’incruste doucement sur ta rétine, tu t’autorises quelques pensées stupides, avant, hélas, de laisser pointer une once de l’inquiétude qui t’habitait à ce sujet. Qu’en penserait-on, si jamais ça arrivait ? Qu’est-ce qu’il pourrait vous arrivez, à lui tout autant qu’à toi, si jamais l’affaire éclatait ?
L’artiste ne savait comment vraiment te rassurer. De leur côté, il te confiait qu’ils n’en avaient pas parlé. Tu hoches la tête doucement, comprenant amplement la décision.
A défaut de le crier au monde, pourtant, peut-être que tu pouvais simplement te laisser porter. Essayer de profiter de l’instant, plutôt que de sans cesse t’inquiéter. « Tu as sans doute raison. » articules-tu, sincèrement reconnaissant des mots du garçon. « Il y a déjà … l’appréhension de se lancer, j’imagine alors … Ce n’est peut-être pas la peine de me soucier de l’avis des autres en plus. » Surtout si ceux-ci étaient négatifs. Surtout s’ils n’amenaient que la terreur dans tes veines. « Merci. » murmures-tu finalement, avant de doucement terminer ton café.

Votre vol est ensuite annoncé, et Sam se lève, pour aller jeter son gobelet dans la plus proche poubelle. Tu l’imites, avant de hocher la tête lorsqu’il te propose d’y aller. Tu jettes un dernier coup d’œil à votre place pour vérifier que vous n’aviez rien oublié, pour le suivre ensuite sans discuter. S’il fallait t’enfuir, c’était sans doute-là le dernier moment. Pourtant, tu n’en avais pas envie : finalement, tu te lançais.
Vous passez les portes d’embarquement sans grande difficulté, avant de finalement vous installer sur les sièges qui vous avaient été attribués. « Wooow. » souffles-tu doucement. « C’est confortable, quand même. » énonces-tu avec un léger sourire. Est-ce que tu avais oublié ce que c’était ? Avec FEATHERS, ces escapades n’étaient pas des plus courantes. Est-ce que vous aviez besoin d’autant pour un si petit trajet ? Sans doute que non, mais tu n’allais pas cracher sur un peu de tranquillité. Une heure vous séparait de votre destination et d’un monde qui semblait t’avoir, ces derniers temps, abandonné. Une once d’angoisse t’imprègne doucement, tandis que ton regard se perd un instant au travers du hublot. (Il fallait que tu tiennes bon, non ? Que tu cesses d’ainsi te laisser avaler par l’anxiété.)