Le truc de bien avec les gueux, c’est qu’on pouvait leur faire confiance.
On pouvait avoir déclanché la musique gênante au Buffalo hier en prétendant son anniversaire, régler des alarmes, cette même soirée, pour toute la nuit en changeant la sonnerie de son réveil par le cri du paon … clairement sous-estimé si vous vouliez son avis, et l’avoir embarqué dans un evjf trop cringe le mois dernier.
On pouvait faire tout ce qui se trouvait sur cette liste non exhaustive, et se pointer aujourd’hui pour faire sa couleur dans son salon. Oui. C’était possible.
Avait-il peur de sortir avec des cheveux roses ?
Non.
Et vous vouliez savoir pourquoi ?
Parce que Jung Su était un gueux et qu’il avait besoin de toucher ce truc qu’on appelait salaire.

C’était donc en toute confiance, à la sortie de son dernier cours de la journée, qu’il avait pris la direction du salon où son ami bossait.
Le petit sourire de merdeux sur les lèvres, on pouvait l’expliquer par le fait qu’il allait voir un camarade de conneries avec lequel ils ne cessaient jamais de se jouer des pranks sans l’ombre d’une maturité…
… mais il pouvait être aussi dû à l’application de rencontres installée sur son téléphone.
Celle-là même où il avait ouvert un profil au séduisant coiffeur. Celle via laquelle il avait discuté avec une demoiselle fort flippante, et pas mal cringe, à qui il avait promis des poèmes d’amour et autres choses dégoûlinantes de miel. Une demoiselle qui lui avait, à maintes reprises, refilé la nausée, c’est vrai. Mais pour la beauté du jeu, il fallait savoir prendre des risques.

Alors, le sourire de démon sur ses lèvres, cette fin d’après-midi là, il s’expliquait plutôt par le fait qu’il savait que son arme fatale s’était rendue dans le salon de Jung Su la veille.

“Je préfère qu’on s’affiche pas à mon boulot. En vrai, çe me plairait assez qu’on la joue première rencontre. Genre t’as le coup de foudre et moi je joue le mec distant et mal à l’aise comme je l’aurais fait avec toi si on s’était rencontrés dans la rue. Parce que t’as un sourire poussin… il me donne envie de te décrocher la lune.”

… et oui, ce genre de trucs passés avec une pauvre demoiselle droguée aux dramas.
Il devrait avoir honte.
Normalement.
En théorie.
Dans son cas, la fonction était cassée dans son cerveau.

Bref. Quoiqu’il en soit, bien trop curieux d’en apprendre plus, il avait envoyé un sms à son ami le matin même avant le début des cours pour savoir s’il n’avait pas un creux pour lui en fin d’après-midi. Il n’en pouvait plus du blond, il voulait changer de couleur.
Quelque chose comme ça pour justifier que, pile le lendemain de sa rencontre avec sa chère et tendre, le mec qui lui jouait des tours de merde se pointe dans son salon de coiffures d’un chaleureux « Messieurs, ‘Dames. » un petit gloussement d’une coiffeuse, trace de son charme opérant, et il se dirigeait directement vers le seul qui touchait ses cheveux ici : Yun Jung Su. Ou le type qui avait le culot, entre autres, de le surnommer Rhino.
…
On passerait sur les détails de cette sombre affaire pour sa part et on viendrait directement à la partie confiance d’un fou qui se rit du danger et s’était dirigé vers son Yun préféré « Comment il va Jean-Louis David ? »

Le traumatisme.
A deux doigts de ne pas venir bosser aujourd’hui.
A un poil de cul de changer de ville et d’identité.
Comme une soudaine envie de se balader chaque jour en cosplay momie à partir d’aujourd’hui.
Et avoir sérieusement réfléchi à une manière de simuler sa mort.
Tout ça, en même temps.

Mais la pauvre Jung Su avait trop besoin de thune pour ne pas venir, n’avait trouvé personne sur le dark net pour ses faux papiers, ne pense pas que les bandes soient flatteuses pour son teint et avait la flemme de foutre en l’air sa bagnole pour simuler un accident.  Alors il était allé travailler, la peur au ventre. Parce que hier avait bien failli être le dernier jour de sa vie.
Vous savez, il le sait Jung Su. Il sait qu’il est incroyable. Il sait parfaitement qu’il est fantastique. Très peu de gens peuvent s’asseoir à sa table et lui dire : J’ai un plus gros égo que toi. Parce que, vous savez quelle est la seule chose plus grande que son égo ? Sa- bref, on s’égare : Il a beaucoup d’égo, full confiance en lui, bref.
Mais hier, il a déchaîné une passion qui le surpassait. Est-ce réellement un problème ? Pas vraiment. La meuf était clairement pas ouf mais soit, il suffisait de ne pas la calculer.
Mais au-delà de pas ouf, elle était ravagée.
Parce que visiblement, ignorer ses clins d’œil discrets dans le miroir n’avaient pas suffi. Prétendre ne pas comprendre ses sous-entendus non plus. Et puis, ses tentatives heureusement vaines pour toucher par accident ce qui est plus grand que son égo et ses mimes de … Un frisson d’effroi l’avait parcouru.
Franchement, il avait souffert. Le type n’a jamais autant disparu dans la salle de pause qu’en s’occupant de cette cliente. Il se revoit se planquer, avoir des hauts de cœur, prier Dieu pour le défigurer. Même sa patronne s’était mise à s’inquiéter … Et si il l’avait expédiée en quatrième vitesse au moment de payer, tout espoir avait été perdu lorsqu’elle avait sous-entendu qu’elle reviendrait.
…
Non.
Alors comme hier soir lorsqu’il s’était retourné toutes les cinq minutes pour s’assurer que personne ne le suivait, il avait paniqué toute la journée en entendant quelqu’un entrer. A chaque fois, il avait imploré les Dieux pour que ce ne soit pas elle. Mais non, toujours pas de groupie. Juste un pote qui a bien trop souvent le nez qui coule et l’art de faire des prank.
….
Attendez.
Il le connait ce sourire-là non ?
Non attend, ne t’emballe pas Jung Su, peut-être que tu te fourvoies.
« Mal. » Il avait tendu sa main pour récupérer ses affaires avant de froncer un peu les sourcils. « Je vis dans la peur Jin. On m’a agressé hier. Je connais désormais le harcèlement de rue. » Il avait rangé les affaires avant de lui désigner un siège où s’installer. « Une folle furieuse. Malade mentale. Au départ je savais pas si elle me faisait des clins d’œil ou si elle louchait. Après elle a essayé d’attraper mon aigle royal géant en plein vol. Heureusement que je l’ai esquivée ? » Dieu sait ce qui serait arrivé ? « J’te jure, j’en ai vu des regards dans ce miroir et je peux te dire qu’il y en a qui ont été touchées par la grâce mais alors elle … même pas par la pensée. » Il s’était mis un soupirer, évacuant ces émotions qui remontaient avec son récit avant de demander. « Bref, tu veux faire quoi ? Une coupe qui bouge pas trop quand t’éternues ? Une couleur qui va avec tes yeux rouges et larmoyants ? Le numéro de ma collègue ? Fait gaffe, elle est un peu susceptible. » En même temps, qui dit à sa collègue qu’elle pue de la gueule tel quel Jung Su …

Peut-être bien que Jung Su avait entendu un son d’angoisse et d’horreur lorsque la porte s’était ouverte sur un prétendu ami.
Peut-être bien qu’il avait vu “la femme de sa vie” débarquer dans ses pensées et que dans ses projets de futur proche, il s’était demandé s’il valait mieux sauter par la fenêtre ou courir à fond dans le miroir.
Le démon chinois l’espérait en tout cas, sa plaisanterie si ingénieuse rimait aujourd’hui avec traumatisme pour le Yun.
Pas très sympa. Aucune compassion. Des défauts, il en possédait un paquet. Inutile d’en faire la liste aujourd’hui quand le génie du mal venait savourer ce qu’il définissait comme l’Art véritable.
Une œuvre. Oui.
Ou plutôt : un chef d'œuvre.

Et pourtant maintenant, tandis qu’il refilait sa veste à JL, il avait eu l’expression intriguée de l’ami qui ne comprend pas ce mal qui habite un regard.
Alors qu’intérieurement, il avait pensé à savourer le résultat de son œuvre.
On le plaignait, sincèrement. Comme il devait être dur pour lui de retenir un rire démoniaque. Pauvre démon brimé dans son talent.
Un démon qui s’était installé en écoutant la suite du récit. Coup dur pour sa meuf de se voir définie comme une folle furieuse. Triste vie de l’avoir punie d’aigle royal. Manque de générosité évident de la part du coiffeur « Je vois. T’as encore brisé un coeur, potentiellement celui de ton âme soeur. Je comprends que t’ailles mal, passer à côté du grand amour, ça fait toujours quelque chose. » être compatissant, voir trop compatissant ? Interdit. Evidemment. Jung Su l’aurait cramé direct et il avait envie de savourer encore un peu le chaos produit avant de s’en présenter comme l’auteur.

« Revenir au noir. Du simple pour aujourd’hui. Pas trop court la coupe. Et, qu’est-ce qui te dit que je ne l’ai pas déjà eu ? » clin d’oeil du confiant plus tard, à l’aise entièrement sur son fauteuil, il avait toutefois préféré en revenir au sujet principal plutôt que de rester sur la vantardise. Surtout quand la collègue en question ne rentrait pas dans ses standards. Un serpentard a quelques attentes. Trop pour se perdre avec une folle comme il l’avait suggéré ensuite ? « Et du coup, elle ressemblait à quoi ton grand amour ? Timbrée ok, mais jolie ? C’est pas incompatible. »
Parle moi de Mal, c’était un peu le concept.
« Genre peut-être qu’elle gagne le droit d’être la fauconnière de ton aigle au moins une fois ou deux. »

Il n’en était pas sorti indemne Jung Su. Grand blessé de guerre, une gueule cassée, un poilu. Retranché dans sa tranchée (salle de pause), il avait connu la panique. Mais plus encore, il avait vu la mort. Il l’avait sentie mais certainement pas goûtée. Alors faute de ne pas avoir pu contacter ses proches par le biais d’une lettre larmoyante, écrite au front, il comptait son récit à son ami. L’étendu des dégâts, l’origine même de son Trouble du Stress Post Traumatique. Combien de temps ces cauchemars vont durer ? Combien de temps son cœur va-t-il s’emballer en entendant la petite cloche sonner ? Combien de temps allait-il pratiquer l’abstinence, beaucoup trop chamboulé par ce qu’il lui était arrivé ? Seul l’avenir nous le dura.
Une semaine. T’en fais trop Jung Su, t’était même pas né pendant les guerres mondiales connard.
Concentre toi sur ton client.
…
Qu’est-ce qu’il raconte ?
« Ame sœur ? » Il n’y avait qu’à voir l’expression de dégoût qu’avait pris son visage pour affirmer le fait qu’il n’était pas d’accord. « Respecte-moi un peu, tu m’as pas écouté ? » Le harcèlement de rue, la peur au ventre … N’avait-il donc aucune compassion ?  « C’était mon âme contraire. Une nympho, j’peux te dire que n’importe quelle teub aurait fait l’affaire. » Un frisson l’avait parcouru en resongeant à ses clins d’œil. « Et je ne suis pas un objet, Jin. J’ai des sentiments. Un petit cœur qui bat. » Ouais … laissez son corps de rêve un peu !

Un corps en bonne santé. Contrairement à celui qui mérite une coupe qui ne bouge pas puisqu’il éternue un peu trop. Attendez, on a des mouchoirs à proximité ? Oui c’est bon. « Ouais bah je sais pas si c’est une fierté. Si en bas ça sent comme au-dessus des fois le matin, j’irai consulter vite fait. La légende du gland de lait, ça n’existe pas pour info. » Et puis il avait soupiré, ignorant parfaitement le regard interrogateur que sa collègue lui lançait. … Ca te plairait pas ce qui se dit Monique.
Et on s’en fout de toi Monique, il y a des gens qui ont des problèmes plus graves que tes problèmes d’hygiène dentaire.
« Non. » Un non ferme tandis qu’il préparait son mélange. « Même pas jolie, en vrai je n’en sais rien tellement elle bougeait son visage. Je ne sais même pas si elle était une progéniture de Jim Carrey ou si elle souffrait. » Puis dans le fond, il était bien trop traumatisé par autant d’insistance pour totalement objectif. « Et c’est carrément incompatible. Toi un jour de toute façon, ton chibre te mènera à ta perte. Il pourrait y avoir une tueuse en série avec pour cible spécifique ses amants que tu iras pour peu qu’elle ressemble à une pornstar. Elle t’aura arraché le zigouigoui mais t’inquiète, j’serai là pour te mettre un zizi sauteur dans ton cercueil. » Tiens, est-ce que ce ne serait pas là, l’ultime prank ?
Et puis il avait commencé à appliquer la couleur.
Et puis il avait à nouveau croisé ce regard.
Alors il s’était arrêté, le pinceau en main.
« … » Non mais tu te trompes Jung Su. « … » Quels sont tes preuves, tes arguments. « T’es vachement de bonne humeur non ? » … Non il n’aurait pas …

Petit con. Sombre abruti. Petit merdeux. Tellement de mots doux que Jung Su pourrait penser à son sujet s’il savait.
Lui révéler maintenant pour se faire cajoler de quelques mots n’est cependant pas une option.
Un repas se discute toujours lentement. Bouchée après bouchée. Eviter l’indigestion il nous faut. Laisser nos papilles savourer nous devons.
Alors l’emmerdeur sourit et prend la perche tendue
« Non. Mais pour parler franchement, je ne t’écoute pas la moitié du temps. » amusant, vraiment très amusant.
Et vile mensonge.
Evidemment qu’il l’écoute. Il boit même ses paroles. Les ingère avec passion. Les mémorise dans sa mémoire d’être diabolique pour y repenser les soirs d’hiver quand l’ennui frappera à sa porte.
« Mais ok, ok. Tu as un coeur qui bat. C’était ton âme “contraire”... enfin peut-être, puisqu’à priori tu n’as pas vraiment appris à la connaître… et je pense que c’est bien dommage. Parce que tu mérites l’amour… mais j’ai l’impression que tu l’évites…. Tu t’en veux pour un truc ? Tu cherches à te punir ? » …
Alors…
D’un autre côté…
Vu qu’il avait Wu Jin pour ami… on était en droit de penser que Yun Jung Su cherchait à se punir pour un truc dans sa vie.

En même temps, le Jung Su est dégueulasse parfois.
Être qui ose à se venger et déclenche une expression de dégoût sur le visage de son ami.
Arrêtons là cette conversation, revenons en plutôt à la timbrée qui a voulu dérober son coeur. Le dialogue lui semble bien plus intéressant.
Il faut cependant d’abord confier sa commande pour ressortir en homme neuf.
Entre les doigts de son coiffeur, il hoche la tête songeur « Ah ouais, à ce point-là… t’es sûr que t’exagère pas un peu ? » oh non. Il n’exagère pas le Jung Su… et il en sait quelque chose.
En fait, il trouve que niveau descriptions, il est même assez cool avec sa dulcinée.
Et pour la description de la sienne ?
« Oh arrête, ne me fais pas rêver. Depuis le temps que je cherche la bonne pour la présenter à ma famille. Mon frère serait si heureux. » de voir son frère assassiné ?
Pas sûr.

Mais la concentration est de mise.
De bonne humeur ? Lui.
Soupçonneux tout ça.
« ça m’arrive des fois. J’ai battu mon score au flipper et j’ai eu le droit de me coucher à minuit hier. » incroyable « Sans compter que j’ai eu la meilleure note en géo. » et sans oublier bien sûr, qu’il avait joué un mauvais tour à un ami… et qu’il en était particulièrement fier. Parce qu’il y avait une vraie préparation, qu’il était un grand génie du mal, et ce genre de trucs « Sinon du coup, tu crois que ta meuf va revenir ? »

Il souffrait. Qu’avait-il en retour ? Des moqueries. Un manque très clair d’empathie. Des coups alors qu’il est encore au sol. Entendre Jin admettre qu’il ne l’écoutait pas la moitié du temps était un coup de pied dans le ventre. Cela lui faisait si mal qu’il aurait pu en cracher du sang. Etait-il étonné ? Pas vraiment. Combien de fois avait-il parlé dans le vent avant de remarquer qu’il était entrain de mater des pêches avec des jambes ? Trop de fois et pourtant, la douleur était toujours vive. « Pfff, je le savais, tu ne me regardes même plus Jin. Tu me considères comme acquis et c’est ça ton problème, là est ton erreur. » Oui, toute cette histoire le rendait un peu sensible. Comme si soudainement, il avait pris conscience de sa fragilité … Tous en cœur : Pauvre Jung Su !
Empathie qu’il mériterait. Bien loin d’une séance chez le psy.
Alors il avait jugé sans se cacher le reflet du thérapeute que lui dégageait le miroir. Qu’est-ce qu’il raconte ? Et pendant qu’il le regarde, s’imagine entre de l’étrangler ou de lui faire une clé de bras pour cet affront, doux gestes d’amour attention ! Il y a pensé sérieusement … Lourd moment de réflexion avant qu’il ne brise le silence. « Bah … non ? » Il avait froncé les sourcils, chassant au passage le vide dans ses yeux. « Mais tu sais quoi, elle a l’air de t’intéresser. J’suis un acte manqué pour elle tandis que toi, tu as l’air d’être près à donner de l’amour. » Tu en es sûr Jung Su ?
Tout aussi sûr que se taper sa collègue, c’était un mauvais plan.
Et sûrement que si il avait su, il ne lui aurait pas épargner de terribles épreuves. Il l’aurait même sûrement inciter à y aller …
Mais non.
T’es trop bon Jung Su. Ou plutôt trop con ?
T’as visiblement pas compris qu’il était immunisé contre tes plaintes aussi. Alors le pauvre diable trop naif avait affiché une mine outrée. « Je te jure que non ! »  Lui ? Exagérer ? Jamais ! « Arrête de minimiser ma souffrance ! »
Et lorsqu’il a entendu Jin lui dire qu’il rêvait d’une telle fiancée, il avait fini par se dire que la souffrance était un sentiment relatif à tout à chacun. Dans le fond, est-ce que ça le choquerait que Jin ait des tendances masochistes ? Pas vraiment. Ils sont potes malgré toutes les conneries qu’ils se font, de quoi est-il capable avec une demoiselle dans son cœur.
Chasser ces images de son esprit, tout de suite.
Regarder Jin et … se douter d’un truc.
De quoi ? Il ne sait pas vraiment mais de quelque chose, c’est certain.
Les yeux plissés, la cible était localisée. Hm, ses explications étaient bancales, discutables. « Hm. » A d’autres. Il avait ce sourire, celui qui dit : Je t’ai bien niqué JS. Ce regard qui pétille étrangement. « T’as la tête d’un type qui a accompli des méfaits. » Qu’est-ce qu’il avait bien pu faire ?
Alors il continuait d’y penser en appliquant la couleur, jetant de bref regard dans le miroir pour le surveiller. Et puis, le Djinn revint à la charge avec la fille de Jim Carrey. Quand va-t-il comprendre que …
Oh.
Les deux fils se connectent, la lumière s’allume.
Jin insiste bien trop sur cette dernière. Beaucoup trop. Comme pour admirer le résultat de son art.
…
Suspect.
Mais il n’avait aucune preuve. Il fallait en trouver.
Alors il avait fini par soupirer. « Pourquoi tu veux qu’elle revienne ? » Pour le tourmenter à nouveau, bien sûr. « Mais quand tu y penses, c’était vraiment étrange. Quelle était la probabilité qu’une folle à lier viennent se mettre à fantasmer sur moi ? » Il avait terminé d’appliquer la couleur sur une mèche avant de lever les yeux. « Comme si, tout ça avait été planifié à l’avance … »

« C’est pas une erreur. J’suis juste réaliste mec. » …
…
Quoi ? Soyons sérieux deux minutes, malgré les conneries prononcées à la minute.
Depuis le temps qu’ils s’emmerdaient tous les deux… n’était-il pas en droit de se dire, de le penser sincèrement, qu’il pouvait sortir ce genre de trucs aujourd’hui et venir se faire masser le cuir chevelu le lendemain ?
Probablement que si…
Débat sans intérêt de toute manière, quand on était un emmerdeur de première et que Jung Su nous tendait des perches trop belles pour ne pas être saisies.
Prendre cette perche au vol… ça reste de toute façon bien moins pire que de lui envoyer une nana cinglée pour son futur mariage.
Vu sous cet angle…
« Désolé, mais j’consomme pas dans l’assiette des autres, j’ai des principes. » lui ? Il avait des principes ?
Oui… ne pas être trop mignon, trop de fois dans le mois, ça tuait sa réputation de démon.
Masquer les bonnes actions pour les mêmes raisons.
Et faire soupirer son frère aîné au moins trois fois par jour.
… des principes de démon qui veut le rester en somme.

« Je ne minimise pas ta souffrance. J’me demande juste si t’as pas un seuil de tolérance exagérément bas façon drama queen. » … non, ce n’est pas le cas de Jung Su. Jung Su, il a connu l’enfer par sa faute, et il le sait très bien.
Son ami n’est pas une drama queen. C’est une personne qui vient de subir un lourd traumatisme. Un peu de compassion !
Il en fait peut-être preuve quand il s’installe pour lui confier sa tête. Après tout, ne dit-on pas qu’il faut garder l’esprit occupé quand ça ne va pas ?
ça marche pour certains.
« Je suis né avec cette gueule-là. » la gueule du ?
… type qui a accompli des méfaits.
Du moins, il aimait à développer la légende autour de sa naissance en ce sens.
Une voix de narrateur un peu psycho, une nuit sombre sans étoiles, une aura machiavélique autour de son berceau, ce genre de conneries.

« Pour vous laisser une deuxième chance. » parfois, ça reste un “type bien” ceci dit. Le genre de mecs qui se soucie du bonheur d’un ami… le genre de mecs qui vous sort de grandes paroles quand vos neurones commencent à se connecter « ça s’appelle le destin. » qu’une folle vienne frapper à votre porte ? « C’est la première dans ta vie ? Parce que tu sais, t’as aussi des gens qui les attirent. » et la possibilité d’une planification à l’avance ?
Restons sérieux deux minutes.
« tu veux que j’demande à mon frère sur quoi est branché son aura, ou ses phéromones… peu importe ? Lui il attire la qualité sans chercher. » … oui, et d’ailleurs, c’est un peu honteux pour tous ces pauvres Jung Su qui voient des psychopathes débarquer au salon.
Le monde était parfois si injuste et cruel.

Brisé.
Milles morceaux.
L’égo au sol.
Son âme malmenée par l’homme aux nez qui coule aussi fréquemment qu’il ne l’écoute pas visiblement.
Et sa mine qui se fane au même titre que son cœur qui brûle lentement mais sûrement par ces mots assassins.
…
« Ta méchanceté est aussi épaisse que tes sourcils. » Le regard qu’il lui lançait dans le miroir se voulait assassin. Et pourtant, il était toujours là. Par conscience professionnelle et par choix. Parce que dans le fond, leur relation lui allait bien. Jin le malmenait aujourd’hui et demain ce sera l’inverse. Ainsi va la vie, ainsi va les amis.

« Pffff. » Il m’aimait tellement qu’il voulait lui refiler une dingo et se plaignait libre face à son refus. Il avait soupiré pour ça et ces soi-disant principes fantomatiques. « Laisse tomber tes principes, j’te donne ma bénédiction. »
Ouais, le pois(s)on n’allait pas mordre. Pire encore, c’est lui qui mordait.
Jung Su. Une dramaqueen ?
L’air outré, les sourcils relevés au maximum et la main qui se porte sur le torse pour demander : « Pardon ? » Que n’avait pas t-il fait là ?
Jung Su est la définition parfaite de DramaKing mais accompagné du facteur nommé : déni. A son sens, il n’en fait jamais des tonnes … il est juste … passionné ? « En plus de ne plus me regarder, ne plus m’écouter, tu ne me connais même plus …  Que suis-je pour toi au juste ? »
Un coiffeur qui ne fait rien avec la touffe qui se trouve juste en face de lui pour l’instant ? Un type qui devrait commencer à faire son taf ?
Oh, il s’apprêtait à le faire lorsqu’il a vu cette lueur dans le reflet du miroir. Un truc malicieux, sournois. Un truc qui pue du cul pour lui, un truc qui murmure : I did it.

Né comme ça mon cul …
Ou peut-être pas.
Ouais maintenant qu’il y repensait, il a toujours cet air là. Mais après tout, n’est-il pas tout le temps entrain de lui faire des coups bas ?
Alors il se méfiait, le bougre, en commençant à appliquer ses racines. Il cherchait à le questionner, il cherchait à provoquer l’erreur qui lui serait fatale.
« Mec, si elle revient, j’suis à peu prêt sûr de finir écartelé, nu, sur le toit de son garage. » Tu sais, personne ne doit avoir de préjugé sur les délires sexuels des … « Et je serai mort. » Oui bon, à partir de là, c’est problématique. « Mais tu sais, vous avez cette lueur de folie en commun. J’pense que c’est la bonne pour toi, tu me prendras comme témoin ? Et si finalement, je n’étais qu’un entremetteur pour vous ? » Il lui lançait un bref regard dans le miroir avant de poursuivre. « Ça tombe c’est ta destinée tu sais. Tu devrais l’appeler, t’as son numéro de toute façon non ? »
Le piège est grotesque, il ne tombera jamais dedans.
« Normalement, j’tombe pas sur des tarées. Mais c’est la première fois et comme par hasard, tu te pointes le lendemain … » Nouveau regard assassin dans le miroir. « Sacré coincidence non ? »
Ou t’es juste parano Jung Su …

Coup dur que la critique des sourcils de démon.
Pure jalousie bien sûr. Son regard étudie le coiffeur, sa tête se secoue, il se contente de désapprouver du geste avant de formuler la réalité à haute voix « Sois pas jaloux, ça ne te va pas au teint. » …
Il sait, ce n’est pas donné à tout le monde de posséder de telles arches de magnificence au-dessus des yeux. Il a de bons gênes, il n’y peut rien.
« Moi ? Laisser tomber mes principes ? Tu me prends pour qui ? » pour un mec avec peu de principes, par exemple.
…
Le genre de mec qui prétend avoir des principes quand ça l’arrange ou simplement pour être chiant.
…
Dans le fond, c’est qu’il commence à bien le connaître le Jung Su.

A sa différence ?
« Mon copain qui aime râler. Le mec dont j’écoute les sessions drama queen parce que ça lui fait du bien. » bah quoi ? Il vient de dire que c’est son ami. C’est mignon non ?
T’as une curieuse façon d’être mignon Jin….
Ne le sois pas trop, parce que ta mignonnerie semble éveiller quelques soupçons chez le commerçant bien qu’il commence à s’occuper de sa chevelure.
Dans le reflet du miroir, il savoure un peu. Intérieurement, il jubile comme l’auteur d’une pièce de théâtre qui voit commencer son acte préféré sur les planches.

« Tu vas pas mourir parce que tu tombes amoureux. » tu le fais exprès ? Tu veux qu’il vomisse ? « J’suis contre le mariage. » clair et radical, même sérieusement parlant, c’est Dan le prince du mariage.
Et Jung Su le mec qui le prend pour un amateur ? Sans rire ? Son numéro ? C’est presque vexant « Non et j’vais pas rentrer le numéro de ta meuf dans mon téléphone, c’est malaisant. »
Déjà qu’il avait le numéro d’un Agent du FBI spécial j’ai eu mon badge dans un oeuf kinder.
Oui, sauf que Jin… le mec ne se trompe pas pour le coup
« Y’a une première fois à tout. Dis voir, t’es pas en train de m’accuser d’un truc par hasard ? Parce que t’as cet air du “i know what you did last summer” alors que j’ai rien did last summer. » même sous la torture, il n’avouerait pas.
…
Du moins pas trop vite, pas tout de suite. Parce que le truc de chiant quand on est un Satan, c’est qu’on veut toujours ramasser les lauriers qui composent notre couronne du diable « Sans rire mec, t’es malaisant. »

Paroles, des paroles et paroles. Cette déclaration aurait pu le toucher. Elle aurait pu si ça ne sonnait pas faux. Cela aurait pu fonctionner si il n’était pas persuadé qu’il n’était pas innocent dans toute cette histoire.

« Jin. » Moment de pause, moment solennnel avant d’évoquer avec un grand sérieux: « J’ai un pinceau entre les mains et je n’hésiterai pas à m’en servir. » WOW MAIS QUELLE MENACE ? « J’sais pas si t’as vu mais le bout est pointu. » Ouais parce que après coup, il s’est dit qu’il fallait peut être mieux préciser. Il l’avait alors pointé du doigt dans le miroir avec un air se voulant effrayant. « Alors fait gaffe à ta gueule. » Ouais, fait gaffe à ta gueule Jin si tu veux pas que tes sourcils deviennent orphelins.
Mais bon, le tuer reviendrait à l’empêcher de lui donner des armes pour se défendre. Parce que quand il a évoqué le mariage, ça a fait tilt dans sa tête. « De toute façon, j’suis déjà marié. » Véridique. Depuis un moment maintenant déjà même si cela doit faire une paire d’années qu’il devrait divorcer. Dans le fond, tellement longtemps que parfois il oublie complètement qu’il est censé avoir une bague au doigt. « J’suis un homme bon Jin, j’peux pas tromper mon épouse. » Essaye-t-il vraiment de lui faire croire qu’il n’a sorti l’anaconda que pour le faire pleurer depuis qu’elle a foutu le camp. Ouais, il essaye. Cela s’appelle une tentative désespérée.

Et pendant qu’il appliquait le produit, il continuait à essayer de lui  arracher des aveux, le détective claqué. Mais ça n’a pas l’air de fonctionner. Visiblement, il fallait le mettre au pied du mur. « Je sais pas ce que t’as did last summer même si j’pense que tu profitais enfin du fait que tes yeux soient plus collés et que ton pif reprenne enfin sa vraie couleur après t’être fait bully par des fleurs. » C’est super gratuit ça non ? Non, c’est de l’amour. « Mais j’pense que l’hystérique c’est un coup comme la fois où tu m’as offert un super rendez-vous de massage et qu’au final, c’était un rendez vous pour m’épiler le sif. » Soupir pendant qu’il repensait à ce moment douloureux à courir autour d’une table, menacé par la cire. « Ou l’autre fois où t’as mis du laxatif dans ma boisson et volé le PQ. » Devait-il continuer à s’étaler ? Il lui faudrait au moins dix rendez-vous pour qu’il puisse toutes les compter … « Donc tu étais où ces dix derniers jours Jin ? » Pause dramatique, regard menaçant, parfaitement dans son rôle du bad cop avant de se rappeler qu’il est coiffeur et qu’il a des coups de pinceaux à donner.

« Oui ? » la docilité d’un “oui” en réponse à l’appelation de son prénom.
Docilité forte en foutage de gueule, c’est ce qu’on soupçonne au ton pour le prononcer. A moins que ce ne soit quelque chose en rapport avec le sourire de merdeux figé un instant sur ses lèvres. « Pourquoi tu me menaces ? T’es genre mon meilleur ami depuis la primaire ! » c’est faux ça non ? Vous vous connaissiez même pas à cet âge là.
« Bah t’as pas l’air romantiquement heureux dans ta vie, et ça m’inquiète. » faut être un peu con pour se marier…
D’un autre côté, Jung Su n’a jamais prétendu posséder un cerveau immensément riche en neurones.
Aaaah l’amour de la bromance, ça a quelque chose d’émouvant.

Les souvenirs de leur histoire tout autant.
Alors quand le coiffeur se met à énumérer ses exploits, il avoue que l’émotion lui pique un peu le coeur. Une grosse pointe de fierté dans le regard, il ne peut s’empêcher de sourire en hochant par moment la tête. L’air de dire “ah oui, j’ai fait ça”.
Du grand génie…
Alors pourquoi ne pas avouer le plus récent en date ?
Parce que Jung Su a ses cheveux entre les doigts et que le moment est très mal choisi ?
Ok, la raison est valable.

« ça fait combien de temps qu’on se connait tous les deux ? » trop, sans doute la réponse que son giga poto veut formuler et sincèrement ça se comprend « J’ai l’impression que ça fait une éternité. Tout ce qu’on a vécu tous les deux, c’est beau. » pas sûr que son anus pense pareil de la fois où il s’est retrouvé coincé aux chiottes mais bon « Tu vois, on m’a toujours dit que j’étais pas assez démonstratif mais quand je t’écoute… je me rends compte que je suis le genre de mec qui na pas peur de dire je t’aime. »
… c’est clair… « Je t’aime Jung Su. Et j’suis désolé de pas être le responsable de cette rencontre qui va porter ta vie amoureuse vers le paradis. » la prochaine fois, pour lui je t’aime, invite le au resto, à peu près sûr qu’il va préférer.

« … »
Que voulez-vous qu’il dise ?
Ce oui de pauvre connard à l’innocence d’un Dewey.
Ses immenses nasaux.
Ses sourcils encore plus grands.
L’ignorance complète de sa menace.
Cette fact complètement sortie de nulle part selon la laquelle ils se connaissent depuis le primaire ?
Jin c’est pas le genre à passer à table, pas le genre à s’avouer vaincu aussi facilement. Lui, c’est le genre à vous mâcher le cerveau. Le genre à commettre des crimes et à vous en rendre complice, pire, auteur principal ? Il a la réplique facile, l’art de faire une bouillie de votre âme, la subtilité nécessaire pour détourner les conversations. Jin, c’est le criminel qu’on ne sait pas coffrer. Insaisissable a été inspiré par lui.
Insaisissable, sans remords et sans regrets. N’importe qui aurait été ému par ces tristes expériences qu’il a vécu. N’importe qui aurait eu la larme à l’œil, n’importe qui se serait levé pour le prendre dans ses bras. Un bro normal, il lui aurait mis une tape dans le dos en lui demandant si ça va aller. N’importe quel bro, après le coup de l’épilation, lui aurait mis de l’arnica autour de l’anu–
Attendez excusez-moi, j’me suis trompée de bromance.

« J’en sais rien. » Le soupir est à peine retenu. Il la sent déjà, elle est palpable au bout de ses doigts. La douille. Cet enfumage. Mais il le laissait poursuivre, continuant d’appliquer le produit sur ses mèches avec un réel professionnalisme là où il prévoyait pourtant déjà de le noyer dans le bac. « Une éternité de torture … » Parole murmurée entre ses dents en l’écoutant dans sa grande déclaration d’amour.
Pourtant, il n’avait pas tort. Souvent, Jung Su a l’impression que Jin a toujours été dans sa vie. Il a l’impression que par exemple, il est cet être invisible qui lui a fait un croche pied cette fois où il courrait faire une déclaration d’amour à cette fille dans la cour de recré, qu’il est cet être invisible qui secoue ses canettes de soda avant qu’il ne les ouvre. Peut-être même qu’il est cet être invisible qui volait ses capotes et que sa gamine n’est qu’une conséquence de ses actes ?
Hm.
Piste à méditer. A tout moment, le type fait sonner les capteurs EMF …
« J’sais pas, j’sais plus, j’suis mal, j’dors plus depuis trois jours. » Mais ça s’est pas passé il y a trois jours ? Il avait soupiré. « J’suis une biche coincé dans une ruelle. J’vais finir en saucisson d’ici peu, j’devrais commencer à ranger mes affaires. » Du saucisson de biche ? « Dieu sait ce qu’elle va faire de ce saucisson en plus. » Je … « Tu seras prêt à respecter mes dernières volontés ? » L’air peiné, l’œil larmoyant et le silence qu’Il veut lourd. Il s’était penché vers son oreille pour lui confesser le début de son testament. « Dans ma chambre, sous le lit, il y a une boîte. La clé est dans le vase à l’entrée. Tu récupères cette clé et tu ouvres la boîte. A l’intérieur, il y a une photo de nous bras dessus, bras dessous. Tu la prends et tu te la mets dans l’cul parce que je sais que c’est toi. » Il s’était redressé avant de reprendre un ton normal. « Tu finiras par me buter, par accident ou pas, mais j’finirais par en crever. Tu respecteras même pas ma sépulture, tu colleras un gode sur mon front avant qu’ils ne ferment le cercueil … Faire ça à la meilleure création de Dieu, t’as pas honte ? » Mais il n’a encore rien fait ? Le produit soigneusement appliqué sur ses cheveux, il lui avait une légère claque derrière la tête, gratuitement mais pour sûr, méritée. « On laisse poser ça maintenant. »

« Ouais donc si on traduit ton drama queen langage, pas tant de temps que ça. » Jung Su n’exagère pas. Jung Su souffre réellement. Il souffre depuis qu’il a laissé la Bête rentrer dans sa vie. Pourquoi personne ne vient le délivrer du mal ? Qu’a t’il donc fait pour mériter autant de souffrances ? Pourquoi aucune âme charitable ne tend la main au coiffeur pour le faire monter sur son arche et sauver l’espèce.
Probablement parce que les enfers y tiennent et ont payé pour le garder.
Oui, Jin aime cet homme.
Non, il ne le dira pas tout haut.
Mais les faits sont là, et pour le grand malheur du coréen… oui, la triste réalité c’est que le chinois n’a jamais rien eu de plus approchant qu’un meilleur ami que la victime qui s’occupe à présent de sa couleur.
Destinés, ils le sont un peu tous les deux.
Alors la connerie le fait plaisanter sur une part de réalité.

Il est marrant Jung Su. ça doit être pour ça qu’il lui a tapé dans l'œil. Il est moins chiant que la majeure partie des humains.
En tout cas, il a le don de le divertir.
Sadique de Wu.
« Mec, si Bambi avait ta gueule, la mère de Bambi se serait pas fait tuer par un chasseur, elle se serait suicidée direct. » t’aurais aussi pu lui dire qu’il ressemble pas vraiment à une biche mais plus à un … hum… « Non toi t’es un gnou » ah… et c’est mieux ?
…
Disons qu’il reste du même côté de la chaîne alimentaire.
« Et elle c’est Mufasa. » quoi ? « Elle est là, elle t’attend dans la gorge, elle attend que ça que tu la piétines. Alors va, survis et galope mon Junjun ! Roule lui dessus ! » le truc le plus étrange là-dedans, c’est que personne t’es jamais buté… mais bref.

Mais l’homme se redresse néanmoins, avec sa super gueule de pose de colo, pour lui ça ne lui fait perdre aucune street cred’ et il continue à papoter avec sa drama queen préférée « Après j’trouve ça manque de classe un gode. Franchement, j’trouverai quelque chose de plus grandiose à mettre dans ton cercueil. Genre une photo de ton date sur le couvercle pour que tu la regardes pour l’éternité. » sadique « Mais ta photo à toi j’la garde dans le portefeuille. J’suis du genre sentimental à garder des souvenirs. En plus ça me donne toujours le sourire de voir ta tronche. » c’est beau l’amour…

Pas tant que ça.
Hm.
C’est ce qu’il avait dit même. Il avait fait ce : « Hm. » en lui lançant un regard assassin par son reflet.
Parce que dans le fond, il n’avait pas tord. Dans le fond, il n’était pas dans le faux non plus. Jin quelque part, c’est sa perpétuité. Probablement celle qu’on lui a infligé dans une vie antérieure parce que dans celle-ci, il n’y a pas à dire, c’est un chouette type. « J’crois que t’es mon karma Jin. J’crois que la vérité, c’est que dans toutes mes vies, tu étais là pour me tourmenter. » Comment expliquer autrement son ressenti ? « Dans la première, tu étais le tonnerre qui m’a frappé. Il y a dix ans, tu étais ce morpion qui m’a refilé une maladie. Il y a cinq ans, une hémorroïde qui a pété et qui s’est infecté. Il y a trois ans et ça, je m’en souviens très bien c’est assez fou, tu étais cette petite diarrhée qui m’a suivie un peu toute ma vie finalement. Dans la précédente, attend je réfléchis. » Il avait pris une petite pause, celle du penseur de Rodin mais en bien plus stylé et incroyable parce que ça, il ne pouvait pas se le retirer. « Je crois que tu étais cet ours que j’ai rencontré par mégarde alors que je chassais. Ca expliquerai la pilosité au niveau du … » Il avait alors désigné le visage avec la main. « Enfin tu sais, les sourcils qui font la taille de ton front. »
C’est beau l’amour pas vrai ?
Morpion.
Diarrhée.
Gnou ?
« T’as des narines, on dirait deux trous d’balle après le passage de Rocco Siffredi. Laisse ma maman biche tranquille. » Il avait envoyé un baiser au ciel, chaleureusement illuminé par la lumière divine (les néons, dans un doux moment de commémoration.
Mais ça ne suffisait pas, visiblement.
Non.
En plus de piétiner la mémoire de cette mère qu’il n’a jamais connu finalement, il se devait visiblement de lui attribuer des piétinements. Mufasa, vraiment ? « Utiliser cette image pour ce genre de chose … t’as pas honte … ? Aucune limite … ? » Il brisait son enfance ? Il ne laissera plus jamais Sun Hee regarder le Roi Lion … Il se verrait en gnou et …

Il ne voulait plus y penser.
C’était trop horrible.
A la place, pourquoi ne pas penser à ses derniers instants ? Pourquoi ne pas laisser place à une ambiance plus gaie ?
« Tu sais, mes paroles seront. » Il s’apprêtait à imiter sa mort avant de s’arrêter brusquement pour dire. « Parce que en plus, tu le verras comme ça. Je sais que tu seras là Jin. » Parce que dans le fond, c’est ton meilleur ami ? Parce que dans le fond, tu l’aimes et tu te ferais chier sans lui ? « Parce que j’suis sûr que c’est toi qui causera ma perte, n’oublie pas. » Il avait ensuite fermé les yeux pour un se lancer dans un acting plus que réaliste. Les yeux fermés, la main sur le cœur. « Bien, je crois que ma fin est proche … Je vois la lumière … Tiens, maintenant je vois deux trous noirs … Mais pousse ta tête Jin, tu m’empêches de voir les anges avec tes gros nasaux. » Il avait fait mine de bouger la tête de son ami avant de reprendre avec un peu plus de sérieux. « Ma dernière volonté, mes amis, la voici … Ne laissez pas Jin sans surveillance avec ma dépouille … Jamais … Jamais … Jam-. » Et au rythme des paroles qui s’affaiblissait, il lui avait levé son majeur avant que sa tête et son bras ne tombent de manière dramatique, désignant la fin. La fin d’une vie. La fin d’un roi. La fin d’un Dieu.
Vous en avez un peu la larme à l’œil ?
Je sais.
C’est l’effet Jung Su, ne vous laissez pas guidé par l’émotion.
« Tu la garderas et la regardera pour te dire : vivement l’enfer que je lui ferai vivre dans notre prochaine vie ? »