OOTD ☽☽ Son petit frère d’une autre mère a peut-être tenté de lui briser le coeur, niant d’avoir une quelconque affection pour elle, par simple fierté enfantine, mais cela ne l’a pas empêché d’accepter de venir la rejoindre. Pas peu fière d’elle, la demoiselle a souri à son téléphone en lui envoyant l’adresse du dit café à chats. Toutes les raisons sont bonnes de se voir, surtout lorsqu’on a autant conscience de l’éphémérité de la vie qu’elle. Sourires et commentaires pervers sont peut-être ce à quoi on associe le plus sa jolie bouche, pourtant, Ku Fei n’est pas aussi écervelée qu’elle aime le faire croire. C’est juste plus simple de prendre la vie avec légèreté, la majorité du temps. Ça rend les situations plus agréables, les décisions moins lourdes. Tout ce qu’elle désire est : savourer l’instant présent et éviter les regrets et remords. C’est pourquoi l’énergumène ne se remet jamais trop en questions. Inutile de se retourner le cerveau pendant 15 ans, de se faire du mal avec des riens sur lesquels elle n’a plus de pouvoir. Vaut mieux assumer ses actes, mais surtout, ne poser que des gestes avec lesquels elle saura continuer à vivre, le temps que ça dure. Si la vie veut bien se mettre de son côté, son petit frère aura une greffe et ils vivront une vie bien trop longue et encore plus folle. Si le destin (s’il existe) en décide toutefois autrement, la rosée est prête à l’accepter, se disant qu’au moins, elle aura vécu tellement de choses, malgré ses contraintes ! Enfermée dans son monde, elle a tout de même su y trouver des libertés et a pu s’en extasier.

Beaucoup ne comprennent pas son choix. Encore plus se permettent de la critiquer. Cependant, que feraient-ils si les rôles étaient inversés ? Accepteraient-ils vraiment la fatalité ? Embrasseraient-ils sereinement leur impuissance ? Ou ne tenteraient-ils pas de faire comme elle, finalement, même si l’idée est complètement folle ? Même si l’idée est absolument terrifiante ? Même si l’idée n’est pas la plus raisonnable, encore moins la plus logique, c’est la seule qu’elle ait jamais eu. La seule qu’on ne lui ait jamais donnée… si on ne trouve pas de donneurs pour ce petit coeur. De toutes façons, lorsqu’il s’agit de son cadet, son cerveau ne répond plus. Seuls son âme et son battant ont leurs mots à dire. Ku Fei a conscience d’être l’aînée. De ce fait, elle a connu un monde sans lui. Elle sait qu’elle peut exister indépendamment de ce petit être. Lui, il n’a jamais connu la vie sans elle. Il a toujours été sous ses sourires bienveillants… Comment continuera-t-il sans elle pour lui tendre la main et le guider ? La manhwaga ne le sait pas vraiment. L’idée la déchire plus qu’elle ne l’admet. C’est bien pour ça qu’elle continue, sur une cadence hebdomadaire, à tourner des petites vidéos pour lui. Elle lui raconte tantôt ses journées, lui balance tantôt des conseils à la noix ou d’autres qui sont plus profonds. Tout dépend de ses humeurs du moment, mais dans toutes - sans exception - elle sourit et termine en disant qu’elle l’aime. Si jamais ils en arrivent au jour où elle ne sera plus physiquement à ses côtés, elle restera toujours là pour lui. Que ce soit en faisant battre ce coeur qui continuerait de le faire vivre et/ou en l’accompagnant dans ces messages virtuels.

Parce que même si elle a connu un monde sans lui, elle refuse d’envisager que son futur pourrait être ainsi.

Sun la comprend peut-être, tout comme il est possible que ce ne soit pas le cas. Après tout, ce n’est pas lui l’aîné. Il ne connaît pas cette responsabilité qui pèse sur les épaules des plus vieux : toujours prendre soin des plus jeunes, s’assurer que rien de mauvais ne leur arrive et que leurs sourires ne s’effacent jamais. Ku Fei a toujours tiré une grande fierté de son rôle de grande soeur. Même qu’elle est plutôt sûre d’être née pour faire ça (et faire découvrir les plaisirs de la chair aux gens, leur montrer qu’il n’y a aucun tabou à avoir, si tout est fait dans le respect et le consentement, bien sûr). C’est pourquoi même si Sun râle et la repousse en mots, elle continue de le traiter comme son petit adopté. Elle ne lui a pas demandé son avis, mais les adultes ne demandent pas l’accord aux gamins non plus avant de les envoyer dans leurs familles adoptives ! L’originale a l’impression que l’autobus met un temps fou avant d’arriver à son arrêt, pourtant, elle ne met pas plus de temps qu’à l’habitude. C’est rien que la folle qui s’impatiente. C’est presque en bondissant gaiement qu’elle sort d’ailleurs du bus, s’étant faufilé à travers les corps plus ou moins détendus des autres passagers. Son pas se fait sautillant, alors qu’elle regarde encore son téléphone pour voir si Sun lui a écrit quelque chose. Si ses yeux avaient regardé où elle allait, plutôt que d’être scotchés à son écran, elle aurait vu sa silhouette familière… plutôt que de rentrer dedans. La tête rose a le réflexe de reculer d’un pas, relevant finalement les yeux vers le monde qui l’entoure.

-« Oh Sun-ie ! Désolée, je regardais si tu m’avais écrit que tu étais arrivé ! » admit-elle en riant, lui montrant son téléphone bel et bien ouvert sur leur conversation. « Tu es arrivé depuis longtemps ? » demanda-t-elle, venant tout naturellement passer son bras sous le sien.

Envahissante comme toujours. Tactile comme une sangsue perverse (bien qu’elle ne mette pas en application le qualificatif avec Sun, respectant les limites du plus jeune). Un sourire rayonnait sur les traits de son visage joliment maquillé.

-« Viens, c’est par là. Ce n’est pas très loin ~ » commenta-t-elle en l’invitant déjà à aller dans la bonne direction. « T’as vu de belles personnes en chemin ? » demanda-t-elle avec son sourire coquin, son regard restant accroché au visage aimé de son petit soleil.

OOTD ☽☽ Sa situation la rongeait, contrairement à ce qu’elle montrait. Façade souriante et joyeuse, son esprit était pourtant bien tourmenté. Un retard sur le calendrier qui ne présageait rien de bon pour elle qui avait pourtant toujours été réglée comme une horloge. Ku Fei n’en avait parlé à personne et ne le ferait probablement pas, du moins, pas en s’exposant elle-même. Mieux valait ne pas mêler les autres à cette histoire épineuse, iels avaient déjà bien assez d’avis sur ses choix, sa vie, sa personnalité, en gros : tout. Nul besoin d’ajouter leur grain de sel à ce dilemme qui la déchirait en silence. Ayant grandement besoin de se changer les idées et de se détendre, l’originale avait pensé à l’une de ses victimes préférées : son petit frère Sun. Elle savait qu’un simple « bonjour » pourrait susciter une réaction, mais elle avait préféré y aller plus fort. C’est dire combien elle avait besoin qu’on chasse les pensées sombres de son esprit pourtant normalement si coloré. Le plan avait effectivement marché, le plus jeune tombant, comme toujours, dans le panneau de l’aînée perverse. Pour ça, Ku Fei lui était tout de même reconnaissante. Il semblait avoir accepté que c’était toute sa personnalité, ne se doutant pas de ce qui pouvait se cacher derrière. De ce fait, la rosée ne s’inquiétait pas trop de comment il se rappelerait d’elle, après sa mort. À jamais, elle serait cette folie colorée, excentrique, exubérante et personnification du péché de la luxure. Image qui lui convenait très bien. Au moins, en se rappelant d’elle, il pourrait rire, sourire, soupirer en hochant la tête et se dirait combien elle était folle. Nul doute que son absence laisserait un trou bien ennuyeux dans sa vie. Personne ne pourrait jamais être aussi timbrée qu’elle ! Un sourire se dessina sur ses lèvres, à cette pensée, tandis que son regard se perdait dans le paysage citadin qui défilait derrière la fenêtre du bus. Autobus qui n’allait clairement pas assez vite à son goût… Parce que oui, de tous les bus de la ville, il avait fallu qu’elle tombe sur le seul qui respectait les limites de vitesse et le code de la route ! Son arrêt fut ENFIN annoncé et c’est avec un peu trop d’avance qu’elle avait sautillé hors de son banc, se rapprochant de la porte la plus près.

La rue est plus achalandée que ce à quoi elle s’attendait. Consciente de son léger retard, son réflexe est donc de regarder si Sun ne lui a pas envoyé un message impatient. C’est qu’elle n’a pas envie que le grognon ne soit d’encore plus mauvaise humeur parce qu’elle ne l’aurait pas retrouvé immédiatement ! Son plan se retourne toutefois contre elle, puisqu’elle le retrouve… tout de suite… et de plein corps.

-« Fais attention ! »

La jeune femme ne se formalise pas de son humeur toujours aussi douce, mais s’excuse tout de même, tout en prenant le temps de lui expliquer (preuves à l’appui) la raison de ce petit accident.

-« Au lieu de regarder ton portable, t’aurais tout simplement pu ouvrir grand tes yeux et tu m’aurais vu. »

Elle cligne des yeux, semblant surprise par son commentaire. Un grand sourire heureux illumine ensuite son visage, montrant qu’elle a clairement choisi de se concentrer sur le positif qu’elle y a trouvé.

-« Aaaawn merci ! C’est une nouvelle technique de maquillage que j’avais envie d’essayer ! » répondit-elle, toute fière d’avoir réussi à agrandir ses yeux sans avoir l’air d’un clown.

L’affection toujours aussi débordante, la sangsue ne tarde à passer son bras sous le sien. Elle ne pense même pas à comment les autres pourraient les juger ou se méprendre sur leur relation. C’est son petit frère, rien de plus, il n’y a pas de malentendu à trouver ici.

-« Ça fait une heure que j’attends ! »

-« Eh ?! Je suis vraiment désolée ! Je pensais que j’avais 5 minutes de retard ! » s’exclama-t-elle, sincèrement surprise. « Je suis vraiment tête en l’air, dernièrement… » marmonna-t-elle, contrite à l’idée de lui avoir ainsi fait perdre du temps.

Ku Fei avait tenté de passer par la pharmacie avant de venir le rejoindre, pensant qu’elle aurait le temps de prendre le test qui la terrifiait et d’arriver à l’heure tout de même. Elle s’était dit qu’elle pourrait prétexter devoir aller aux toilettes et aller le faire, en douce. Ainsi, même si elle n’en parlerait pas et ne partagerait pas le résultat avec Sun, elle ne serait pas complètement seule en traversant cette terrible épreuve. Hélas, la file d’attente pour la caisse l’avait découragé et elle avait reposé le test sur la tablette, se dépêchant d’aller attraper le prochain bus. L’excentrique préféra chasser ce souvenir trop frais et lui demanda plutôt une de ses traditionnelles questions.

-« Tu penses vraiment qu’à ça. »

-« Aux beautés de la vie ? » demanda-t-elle, désarmante d’innocence et d'ingéniosité. « Bien sûr ! C’est ça qui inspire les grands artistes et qui donne de jolies couleurs au quotidien. » ajouta-t-elle avec un grand sourire, en hochant la tête, conquise par sa propre sagesse.

Évidemment que ses pensées devaient être différentes des siennes, lorsqu’elle posait les yeux sur une belle personne. Mais Ku Fei n’enlevait pas de crédibilité aux différentes manières d’apprécier pour autant.

-« Je suppose que j’ai dû en croiser, mais j’ai pas fait gaffe. »

La folle se contenta de légèrement hocher la tête pour montrer qu’elle l’avait écouté. Elle n’allait pas pousser sa chance non plus, n’ayant pas envie de l’énerver davantage. La demoiselle poussa plutôt la porte du café à chats, saluant joyeusement les employés qu’elle reconnaissait. C’est que Ku Fei était une habituée des lieux, connaissant peut-être trop les petits résidents poilus aussi.

-« Au moins, les chats sont mignons. J’aurai pas totalement perdu mon temps. »

-« Hmm. Je viens souvent avec Beom Soo. Miss Tigry est sa préférée. » partagea-t-elle en lui indiquant la chatte calico qui jouait avec un autre chat noir.

Son ton était plus doux et plus affectueux, lorsqu’elle parlait de son cher petit frère. Son regard attendri resta sur les chats, quelques secondes de plus, puis elle sortit son téléphone pour scanner le code du menu, collé sur la table. Le sourire tendre qu’elle avait jusqu’ici se tendit, en lisant que la petite annonce joyeuse qui s’affichait en haut du menu. Parce que les employé.e.s mettaient toujours quelques notes concernant les chats, pour le plaisir des clients.

-« C’est Beom Soo qui sera ravi… » commenta-t-elle avec un petit rire forcé, en reportant son attention sur la chatte calico.

Il était écrit que cette dernière était enceinte. Heureuse nouvelle ! Ouais… tellement heureuse… pour la chatte. Sa vie n’en serait sûrement pas plus chamboulée que ça. La dessinatrice entra sa commande et conseilla Sun quant à ce qu’il y avait de meilleur sur le menu, puis reposa son téléphone sur la table.

-« Tu penserais quoi… si ta soeur t’annonçait qu’elle était enceinte ? » demanda-t-elle distraitement, alors que Miss Tigry s’était approchée pour réclamer des caresses.

OOTD ☽☽ Aujourd’hui, Ku Fei aurait pu croiser sa vette porno préférée qu’elle ne l’aurait même pas remarquée. En termes plus communs, la Terre aurait pu arrêter de tourner que Ku Fei ne s’en serait même pas rendu compte. Son esprit était ailleurs. Tiraillée à outrances par cette peur qu’elle n’avait jamais connue. Jamais elle n’avait pensé à la situation dans laquelle elle se trouvait. Ce n’était pas supposé lui arriver. Bien que la plupart de ses plans ne soient pas précis, le calendrier ne se faisant jamais trop remplir par craintes de décevoir en ne pouvant pas répondre présente, celui-ci n’a jamais été évoqué. Inutile de se demander si on aimerait avoir des enfants, quand on vit avec le fantôme de la mort qui nous tient la main. Elle n’a jamais été en couple pour ne pas se compliquer les choix, alors comment aurait-elle pu penser à avoir un bambin ? Les gens répètent encore et encore que même si leur époux est l’amour de leur vie, l’enfant est encore plus important. Or, Beom Soo est sa priorité et elle a toujours tout fait pour qu’il le reste. La vie se serait-elle vraiment décidé à cesser de coopérer ? Lui balançant un petit miracle, en plein corps ? La vie ne voulait-elle pas aider son petit frère à la place ? Lui envoyer un coeur fonctionnel, en santé, qui le ferait vivre trop longtemps ? Un coeur qui irait dans son corps à lui ? Pas un nouveau petit coeur qui battrait à ses côtés, la forçant à le voir s’éteindre parce qu’elle ne pourrait plus faire l’ultime sacrifice ? Ne serait-ce pas trop cruel quand-même ?

Un peu comme cette connerie de file d’attente trop longue à la pharmacie. Elle qui espérait pouvoir s’alléger un peu la conscience avec un test express, entre deux gorgées de mokaccino. Ce serait bien raté. La caféine ne pourrait que lancer l’huile sur le feu de sa nervosité. Comme si ça ne suffisait pas, ce sale bus qui prit mille ans avant de la déposer à bon port. Le pauvre Sun allait être grave énervé d’attendre la retardataire…

-« N’importe quoi ! C’était pas un compliment ! »

Exactement. La jeune rosée se contente de sourire, balayant d’un petit geste la mauvaise humeur qu’il essaie de balancer dans sa direction. Non merci. Elle ne veut que des ondes positives ! (Ouais, bah elle aurait peut-être mieux fait de voir quelqu’un d’autre, non ?)

-« T’es sérieuse ? Tu sais que je plaisante, hein ? J’ai pas réellement attendu une heure… »

-« Ah ? Tu plaisantes ? Bien sûr que je sais… » répondit-elle d’une voix lointaine, montrant bien qu’elle n’était pas sincère. « C’est juste… avec la file interminable à la pharm… » commença-t-elle pour s’expliquer, mais se tut, réalisant qu’elle allait trop parler.

Enfin, Sun allait sûrement penser qu’elle avait voulu aller acheter des condoms avant de venir le rejoindre. Qu’il pense cette option (très plausible) ou autre chose (il ne devinerait pas la vérité quand-même ?), Ku Fei pensa qu’il lui aurait dit de ne pas lui en parler, que c’était trop d’informations.

-« Enfin, bref, j’ai laissé tomber… mais le bus a pris mille ans quand-même… Alors, j’ai perdu le fil de combien de retard j’avais… » admit-elle très sincèrement avec un rire embarrassé.

Ce n’était pas son genre d’être ainsi mal à l’aise et de donner des excuses si… normale. Où était la personne sexy qui avait retenu son attention dans cette histoire ? Où était la folie créatrice qui s’était emparé d’elle sous la forme d’un nouveau fantasme qu’elle devait à tout pris noter ou au moins dessiner en croquis ? Où était cette petite culotte de rêve qu’elle avait vu dans une vitrine et qu’elle avait absolument dû acheter ? Son excuse était absolument commune, ça aurait pu arriver à n’importe qui. Ça manquait de Ku Fei. Elle tente toutefois de se rattraper, lui demandant s’il a croisé de belles personnes en chemin. Question qui suscite de vives réactions chez le jeune homme, mais que la manhwaga ne prolonge pas comme elle le ferait habituellement.

Plutôt que de pousser tous les boutons réactions de son petit frère, c’est la porte qu’elle pousse. L’ambiance la calme presque un peu. Ici, au moins, elle se sent en sécurité et espère pouvoir se détendre un peu. Les employé.e.s sont toujours gentils. Les boules de poils sont adorables, quelques-unes venant d’ailleurs l’accueillir en reconnaissant la cliente habituée qu’elle est.

-« Elle est adorable, c’est vrai. »

Évidemment qu’elle l’est ! Ce n’est pas la préférée de Beom Soo pour rien ! La réponse fait toutefois sourire Ku Fei plus qu’elle ne la brusque. C’est un changement agréable un Sun plus doux. Ils s’installent à une table tranquille, la rosée prend son rôle de grande soeur à coeur, montrant le menu à Sun et lui conseillant les meilleurs items. La nouvelle sur la chatte que Beom Soo aime tant vient piquer en plein là où elle est tourmentée. Sans parler de sa situation à Sun, peut-être pourrait-elle essayer de calmer un peu cette tornade qui a lieu dans sa tête ?

-« Hein ?? C’est quoi, cette question ? »

À voir son expression et entendre le timbre de sa voix, c’est raté. L’excentrique grimace et s’enfonce dans son banc, regrettant instantanément sa tentative.

-« Et me raconte pas de conneries ! Tu demandes pas ça juste comme ça. »

-« C’était juste une question, Sun… Tu sais bien que j’ai des bulles de temps en temps… » tenta-t-elle nerveusement, en passant sa main sur sa nuque.

Allait-il la croire ? Ku Fei ne savait pas trop, mais elle se devait tout de même de tenter.

-« Honnêtement, je sais pas du tout comment je réagirais. J’imagine que je serais surpris, comme maintenant. Pour le reste, ça dépendrait de la situation. »

Devait-elle se noter mentalement d’avertir sa soeur ? Si tu tombes enceinte, prépare 10 litres de camomille pour l’annoncer à ton frère. Beom Soo réagirait-il ainsi, lui aussi ? Mais pourquoi pensait-elle à ça ! Ce n’était pas possible, ça n’arriverait pas ! Ça ne pouvait pas lui arriver. Bordel que c’était stressant…

-« Sérieusement. Crache le morceau. »

-« Arrête de me regarder comme ça, tu me stresses ! » finit-elle par admettre dans un souffle embarrassé.

Elle n’osait pas le regarder dans les yeux, profitant de la chatte qui était venue lui réclamer des caresses comme excuse. Ses doigts se glissaient dans la fourrure, sans y trouver l’habituel réconfort.

-« Ta soeur n’est pas enceinte, ne t’en fais pas. » ajouta-t-elle, en soupirant, presque déçue que ce ne soit pas le cas.

Alors que Ku Fei se plaisait (tout le temps) à le baratiner en disant qu’elle était sa grande soeur aussi, cette fois, elle ne se nomma pas. Elle n’avait pas envie qu’il lui réplique froidement qu’elle n’était pas sa soeur. Pas alors que son esprit était déjà en proie à des catastrophes mentales.

-« Qu’est-ce qui te calme le plus normalement ? » demanda-t-elle, essayant plus ou moins de changer le sujet.

Aucune allusion obscène n’avait été fait depuis trop longtemps, en normes Ku Fei-enne. Ne devrait-elle pas s’efforcer à reprendre un peu son rôle de folle ? Sun n’allait-il pas voir un peu trop son côté plus vulnérable ?

OOTD ☽☽ Ku Fei n’avait pas réfléchi en posant sa question. La curiosité avait été sincère, mais c’était à Beom Soo qu’elle avait pensé en la posant. L’aînée de Sun n’avait absolument pas ce genre de situation à gérer (ou si c’était le cas, elle n’en avait pas encore parlé à la rosée, la coquine !) et elle avait eu la naïveté de croire que le jeune homme n’y réagirait pas plus que ça. Elle avait lancé sa question comme une simple réflexion perdue dans l’air. Avoir l’esprit ailleurs (ou justement trop dans ses soucis) lui avait-il fait oublier à qui elle parlait ? Comment avait-elle pu penser que Sun ne réagirait pas autant ? Il s’excitait rien qu’à savoir qu’elle respirait !

-« Juste une question ? Te fous pas de moi. C’est pas une question anodine. Et tu l’as sûrement posée pour une raison. Me prends pas pour un débile. »

-« Je ne te prends pas pour un débile… » soupira-t-elle en hochant la tête de droite à gauche. « J’ai posé la question après avoir vu la nouvelle pour la chatte. » tenta-t-elle en lui indiquant l’affichette l’annonçant, en la pointant du doigt.

Elle n’était donc pas complètement sortie de nul part, bien qu’elle avait pris une certaine distance du sujet initial. Quelqu’un de normal posait-il vraiment ce genre de questions après avoir vu ça ? Sun n’avait-il pas un peu raison ? Bien sûr qu’il avait raison ! Mais la manhwaga pouvait-elle vraiment se confier à lui, à ce sujet ? N’allait-il pas prendre le couteau, le tournoyer longuement et le plonger plus profondément ? Il ne faut pas se méprendre, Ku Fei aime beaucoup son petit frère de coeur… mais il n’est pas la personne qui la fait se sentir le plus aimée ou… en fait, pourquoi a-t-elle pensé que c’était une bonne idée de le voir maintenant ? La rosée l’aime beaucoup, mais, n’est-ce pas à sens unique ? Elle le sait et le vit très bien, généralement. Cependant, elle n’est pas du tout dans son état habituel. La jeune femme devrait penser à investir dans un cerveau d’urgence, le sien faisant défaut. Sun semble toujours accroché sur cette folle idée que sa soeur soit enceinte, plutôt que de le laisser se faire des films, l’excentrique met rapidement fin à tout cela. Elle remercie silencieusement la chatte qui lui donne une excuse de ne plus supporter ce regard qui lui donne l’impression d’être fusillée.

-« Tu me dis la vérité, hein ? »

-« Mais oui je te dis la vérité. Pourquoi ce serait moi qui te l’annoncerais ? Je ne serais ni la mère, ni le père ! » répliqua-t-elle en haussant les épaules.

Son ton avait peut-être été plus sur la défensive qu’elle ne l’avait voulu, l’attitude de Sun appuyant sur ses boutons à elle, pour une fois. Les rôles avaient-ils été échangés ? Était-ce vraiment ainsi que Sun se sentait avec elle, normalement ? Parce que c’était une position très inconfortable qui la pousserait à repenser leur relation (considérant les sentiments du pauvre Sun), si c’était le cas. La rosée tenta de changer de sujet, pensant que l’ambiance se détendrait si elle arrivait à dire les bonnes choses.

-« Sérieux, qu’est-ce que t’as, aujourd’hui ? T’es encore plus bizarre qu’en temps normal ! »

N’était-ce pas le contraire ? N’était-elle pas plus normale qu’à l’habitude ? Dans le sens qu’elle collait plus à la personnalité typique des filles réservées. Depuis qu’ils s’étaient réunis, elle n’avait pas fait un seul commentaire obscène, n’avait pas été très affectueuse non plus (respectant son espace personnel, ne le complimentant pas…), n’avait raconté aucune anecdote coquine… rien ! Ku Fei avait été… une autre personne ? Mais n’était-ce pas ainsi que Sun avait toujours rêvé qu’elle soit ? Bien que son changement d’attitude ne soit en rien pour lui faire plaisir, elle aurait pensé qu’il aurait apprécié. La rosée retint un soupir et préféra attendre de voir s’il répondait à sa question.

-« Patiner me calme. Tu veux aller patiner avec moi ? »

-« Je ne me rappelle pas la dernière fois que j’ai patiné… J’aurais sûrement dit oui quand-même, mais j’ai peur que tu essaies de me trancher la gorge avec un patin, aujourd’hui. » admit-elle pouvant facilement s’imaginer la scène.

Elle pourrait même la dessiner en détails, mais ce n’était pas son genre d’histoire préférée. L’excentrique ne pourrait toutefois pas gribouiller ce qu’elle aimait, n’ayant aucune inspiration… ni l’envie d’aller en trouver. Ce ne pouvait être que l’inspiration qui l’avait mené dans son épineux dilemme !

-« Sinon courir. Ou frapper dans quelque chose. »

Courir ? Elle grimaça, ne voyant pas comment cela pourrait l’aider. Frapper dans quelque chose ? Elle ferma ses poings, sous la table, en faisant attention à sa manucure. Meh. Ku Fei doutait de l’efficacité de cette proposition aussi et préféra recommencer à caresser la boule de poils sur ses cuisses.

-« Pour une fois, sois honnête avec moi. Qu’est-ce qui se passe ? Tu vas vraiment m’obliger à te tirer les vers du nez ? Non, parce que c’est dégueu, un peu. »

Son sourcil s’arqua sur son joli visage éteint. Pouvait-elle vraiment lui en parler ? N’allait-il pas lui faire la morale ? Lui faire des reproches ? Lui dire que finalement, il préférait qu’elle ne dise rien ?

-« Sérieux, parle ! Tu me rends dingue, là ! »

Ku Fei allait dire quelque chose, mais la serveuse arriva avec leur commande. La rosée força un sourire pour la demoiselle et la remercia poliment. Pas d’esquisse coquine, pas de regard qui cherche à la détailler pour s’en inspirer pour un futur croquis…

-« Je suis toujours honnête avec toi… mais tu me dis généralement que je parle trop… tu n’aimes pas mes sujets non plus… alors qu’est-ce qu’il y a de mal, aujourd’hui ? Tu devrais être content, non ? » demanda-t-elle sur un ton détaché, en rapprochant sa tasse de thé latté d’elle.

Son but n’avait pas été de l’attaquer, bien qu’elle l’avait peut-être fait. Admettre qu’elle savait qu’il ne l’aimait pas avait été… plus difficile que ce à quoi elle s’attendait. Le garder à l’intérieur était toujours plus facile que de finalement le mettre dans l’univers. Allait-il lui faire dire qu'elle reconnaissait enfin qu'elle n'était pas sa grande soeur aussi ? Ils avaient dessiné une petite tête de chat sur le dessus, c’était mignon. Elle avait aussi pris une part de gâteau, joliment décoré aussi, pourtant, Ku Fei n’était même pas sûre d’avoir envie d’y toucher.

-« C’est toujours beau les décos, ici. » commenta-t-elle, essayant de forcer un peu de bonne humeur sur son visage.